Chapitre 2- Will

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Le bus tourna au rond point plaquant mon corps frêle contre la vitre salle. J'avais compté les mouches mortes ce matin, elles étaient cinq. Vous vous demandez sans doute pourquoi je suis là, dans un bus piteux et plein de collégiens. La réponse est toute simple : un, mes parents sont de gros radins, deux, je suis ridiculement petit derrière un volant et trois, je n'ai aucun ami qui possède une voiture et qui pourrait m'emmener au lycée.

Je pourrais faire comme eux, demander à mes parents de m'y déposer, mais on se moque déjà assez de moi là bas pour leur donner une raison supplémentaire.

Diane, la conductrice en surpoids me salut et me souhaite une agréable journée. Je lui réponds d'un vague sourire. C'est pas pitoyable ça ? La seule fille que je réussis à faire sourire est âgée, et conductrice de bus...

Le lycée est à peine ouvert quand je passe les portes. J'aime venir en avance pour discuter avec les autres et mettre à jour mon blog. Comme je n'ai pas de connexion internet chez moi (le comble pour un geek) la salle d'audio-visuel est mon refuge. En y entrant je salut Alice, Gordon et Manuel, tous recroquevillés devant un écran.

"-J'adore sa chemise, les carreaux lui vont plutôt bien."

J'entends la voix d'Alice, et je me tourne automatiquement vers elle. La petite rousse à lunette parait surprise et détourne le regard. J'entends des voix ou quoi ?

Sans y porter de l'importance je m'assois à mon bureau et remarque une petite enveloppe contenant un tract et un mot de la directrice, du moins de sa secrétaire. Mlle Hills ne se déplace jamais pour me demander de faire le sale boulot, non, elle le donne à Jeanne, sa secrétaire, qui me le confit à moi. Salle garce.

"Cette affiche est à photocopier pour tous les terminales et à distribuer à chacun,

Cordialement, Mlle Hills" 

Pas de merci, ni de s'il vous plait. Arg...

Je me lève un peu trop rapidement et ma chaise tombe sur le sol. Personne ne me regarde pour autant. Normal, même ici je suis un fantôme, je n'existe pas.

La photocopieuse est bruyante et il me faut une bonne demi heure pour photocopier ce tract en plus de trois cents exemplaires. Je m'apprête à rejoindre ma chaise quand je vois la jolie Ella me saluer depuis le couloir. Je trébuche presque en courant la rejoindre.

— Attends Ella !

Elle se tourne, ses cheveux bruns légèrement bouclés volent au vent avant de retomber en cascade autour de son doux visage, comme dans les scènes au ralenti dans ces films romantique à l'eau de rose. Qu'on ne se méprenne pas, je ne suis pas fan ou amoureux d'Ella. C'est une amie. Je suis juste sincère, cette fille est canon!

— Will, salut, dit-elle en rangeant une mèche derrière son oreille.

J'ai rencontré Ella grâce à mes parents. Heureusement qu'ils sont là ces deux là pour me créer une vie sociale...

Je me suis retrouvé chez elle, autour d'une table à la fixer, elle et ses yeux noisette. Si j'étais du style à avoir une meilleure amie, ce serait peut être elle. Je lui ai proposé plusieurs fois mon aide pour ses devoirs et depuis quand elle me croise, elle s'arrête pour parler au petit peuple : moi et ma bande.

— Madame Hills m'a donné des tracts à faire photocopier à croire que je suis sa bonne à tout faire... C'est possible que tu en distribues à ta classe ?

Je sais qu'elle est déléguée, j'ai voté pour elle même si Andy avait deux beaux gros atouts... Ella n'est pas la plus populaire et j'avais un peu peur qu'elle ne soit pas prise mais heureusement la voix du peuple est un minimum intelligent !

— Oui, bien sûr !

— Merci ! Je réponds avant de rejoindre ma salle.

"-Ce garçon n'est pas un être humain comme les autres..."

Quoi? Je me tourne vers mon amie qui me dévisage, surprise.

— Tu as dis quelque chose ?

— Heu...non... Dit-elle gênée avant de tourner les talons vers le bout du couloir.

Mais qu'est ce qui cloche chez moi ? Depuis quelques jours j'entends des voix ! Jeanne D'Arc sort de ce corps !

Les cours sont assez ennuyeux. J'ai déjà fait mon devoir de français. Madame Amber le sait et me laisse un peu tranquille durant l'heure. Comme à chaque fois quand je m'ennuie j'analyse ce qui m'entour. La plupart des élèves prennent des notes parce qu'ils voient les autres le faire, ce que je trouve un peu bête sachant que ce cours est dans notre manuel de Français...

Des filles dans le fond gloussent en fixant certain mec. Bizarrement on ne me regarde pas, moi. Je ne me considère pas comme repoussant mais je sais que mes lunettes à monture noire ne plaisent pas à tout le monde. Je ne me tartine pas les cheveux d'un kilo de gel, je ne porte pas de maillot de foot (je serais complètement ridicule dans ce genre de tee-shirt). Je porte encore des converses et je suis minuscule. Tout l'inverse de ce que les filles de ce lycée recherchent.

Tant mieux, je suis bien dans mon coin.

Une odeur de tabac me parvient et je renifle comme un chien pour en connaitre la cause. À ma gauche, un mec bizarre à casquette gratte le bois de sa table avec un stylo. Je crois qu'il s'appelle Daniel ou quelque chose comme ça.

"-J'espère que je l'ai pas tué putain."

Voilà que ça recommence. J'entends la voix de ce type, mais rien ne sort de ses lèvres. Je suis fou... Peut être que je devrais aller voir l'infirmière ? Je lui poserais la question demain durant le dépistage.

— Monsieur Gabriel Adams, votre casquette s'il vous plait !

Ah, le fumeur mystérieux se prénomme Gabriel en fait...
Je l'observe retirer sa casquette. Il passe sa main dans ses cheveux bruns en désordre et se cale contre le dossier de sa chaise. Il parait massif. Sa peau est bronzée, d'où vient-il déjà ?
Quand il remarque que je le détaille, je change subitement de position rouge de honte.

Quand la cloche sonne, je m'enfuis presque de la salle pour rejoindre mon prochain cours. Heureusement Gabriel ne suit pas celui-là.

Je m'assieds près de Manuel qui m'a rejoint et nous échangeâmes quelques messages écrits dans les coins de nos cahiers.

"Tu penses que Britney aura un test positif demain au dépistage ?"

Je pouffe à la remarque de mon ami. Britney, capitaine des pom-pom girl, aussi connue pour être la plus grosse salope de la ville. Cette fille et toute sa clique sont à toutes les soirées les plus arrosées qui se font. Leur vie sexuelle n'est un secret pour personne.

"Celui qui à le plus de chance d'avoir un test positif c'est Jared McKein ! Il se fait une fille différente chaque semaine."

Sa réponse ne tarde pas à arriver.

"Je crois qu'il s'est fait cette fille, Ella Clarke. En venant, je les ai vu tout seul dans une salle de classe."

Vous voyez, je ne suis pas amoureux de cette fille. Parce que si j'étais fou d'elle, j'aurais plaqué mon meilleur ami au sol un point en l'air en lui demandant de répéter ce qu'il avait oser dire. Au lieu de ça, je fus déçu et inquiet pour mon ami. Quelque chose chez lui ne disait rien de bon. Comme je venais de le dire, il couche autant qu'il frappe dans un ballon. Pour lui c'était du pareil au même. Mais Ella n'est pas un ballon !

"C'est pas le style d'Ella, en plus il ne lui plait pas."

Dès que je lui poussais mon cahier pour qu'il puisse lire ce que j'avais répondu, le phénomène se reproduisait. J'entendais à nouveau des voix, mais pour la première fois j'entendais Manuel. Il parlait dans ma tête, et ce qu'il me dit m'alla droit au cœur :

"-Ouais mec, mais il a plus de chance que toi de la sauter. Sérieux, t'as aucune chance avec Ella, avec n'importe quelle fille d'ailleurs."

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