Chapitre 4- Gabriel

22 3 0
                                    



Je n'ai pas réussi à m'endormir. J'ai fait de nouveau une nuit blanche. Je suis épuisé et sur les nerfs. Je ne comprends pas comment ces choses peuvent m'arriver et pourquoi ça m'arrive... Je tire une latte sur ma cigarette, et souffle doucement pour me calmer.

J'ai peut-être tué un mec, je ne voulais pas pourtant. Je n'ai jamais été autant terrifié de toute ma vie.

Je venais de terminer de bosser dans le garage de mon oncle. J'adore passer mon temps là-bas, je me sens à ma place, dans mon élément. Je retape une Ford mustang de 1967 depuis un certain temps maintenant. Je pourrais donner ma vie pour cette bagnole.

Quand mon oncle fut partit et qu'il rentrait chez lui, je suis resté pour avancer encore un peu et fermer le garage. J'aime être seul, avec pour unique présence la musique dans mes oreilles.

C'est en partant qu'un mec bourré m'a fait chier. Encore un ivrogne qui préfère se détruire au lieu de remettre sa vie de merde sur pied. J'ai juste voulu le pousser pour qu'il arrête de me souler à me déballer sa vie et de me dire que je serai, un jour, comme lui. Jamais je ne serai une telle loque. J'avais juste voulu qu'il me foute la paix, qu'il s'écarte de moi. Je n'ai pas voulu qu'il se prenne le mur derrière lui. Qu'il tombe. Qu'il ne se relève pas.

J'ai pris peur, comme un lâche. Il n'aurait pas du être poussé aussi violemment, je n'avais pas mis beaucoup de force. Pourtant, il a fait un bond de trois mètres en arrière et s'est pris le mur. Paniqué, je suis parti le plus vite possible de cette scène. Je me faisais peur. J'étais terrifié par ce que j'avais fait, et par ce que je devenais.

Plusieurs mètres plus loin, j'appela une ambulance d'une cabine téléphonique pour prévenir de l'incident, puis je partis le plus vite possible chez moi. Ma mère dormait déjà quand je suis rentré. Que ferait-elle si elle apprenait ce que j'étais? Un monstre et, probablement, un meurtrier.

Ma nuit se traduisit à prier tous les dieux, qu'importe la religion et à rechercher sur Internet de possibles nouvelles de l'homme que j'ai laissé derrière moi. Résultat, j'ai parlé à des personnes probablement inventées qui n'entendront jamais mes prières, j'ai perdu mon temps à lire toutes les news de la région, et je suis épuisé. Comment pourrai-je regarder ma mère dans les yeux aujourd'hui et lui dire que je vais bien ?

Sur le chemin du lycée, mon cœur n'arrêtait pas de faire des bonds aux bruits des gyrophares. J'avais tout le temps l'impression qu'ils venaient pour moi et qu'ils allaient m'arrêter. Je tire de nouveau une latte, et expire la fumée. Les élèves autour de moi commencent à s'activer. Ils dérivent dans le lycée inconscients et insoucieux à ce qui les entourent. Moi, je ne peux pas. La vie a changé. Le vie n'est plus la même. J'ai peut-être tué quelqu'un.

La sonnerie sonne. J'écrase ma cigarette sous mon pied et me dirige vers mon cours de français. La prof, madame Amber, est déjà au tableau lorsque j'entre dans la classe. Il reste une place à côté d'un gars à lunette, je m'y installe.

Je ne pourrai pas dire de quoi le cours parle. Je n'arrive pas à me concentrer. J'entends vaguement des murmures derrières moi, le bruit des stylos qui se déplacent sur des feuilles, la voix lointaine de la prof, mais j'entends surtout mon cœur qui bat dans ma poitrine. Je n'arrive plus à supporter l'attente de la moindre nouvelle qui m'avertira que je ne suis pas un criminel. Je griffonne rageusement sur la table des mots, de simples dessins... C'est un tic que j'ai depuis tout petit qui réapparait lorsque je suis nerveux. Il faut vraiment que je me calme. Putain, j'espère que je ne l'ai pas tué...

- Monsieur Gabriel Adams, votre casquette s'il vous plait !

Je lève la tête vers la prof surpris d'entendre mon prénom. Après quelques minutes, pour comprendre ce qu'elle a voulu me demander, je retire ma casquette et murmure un faible pardon. Je n'ai pas envie de me faire remarquer et qu'elle décide de ne plus me lâcher de toute l'heure. Cette femme ne lâche jamais l'affaire quand elle a une idée dans la tête. Je passe ma main dans les cheveux pour que mes cheveux ne soient pas plaqués sur ma tête du au chapeau.

Des gloussements débiles sont produits dans mon dos. Encore des pucelles qui fantasment sur le premier mec potable qu'elles croisent...

Je sens un regard pénétrant sur ma droite, je me retourne et voit le mec à lunette me détailler. Dès qu'il s'aperçu que je l'avais grillé, il se retourna précipitamment vers la prof et devient rouge tomate.

Je continuais de l'observer. Ce n'est pas la première fois qu'il a un cours commun avec moi, mais je n'avais jamais vraiment fait attention à lui. Je me demande à quoi il pensait en me regardant... J'aurai beaucoup aimé être dans sa tête en ce moment. Savoir s'il avait réussi à lire en moi, savoir s'il avait pu voir le secret que je cachais...

Qu'est ce que je raconte ?! En plus d'être un assassin, je deviens cinglé. Il faudrait que je me fasse interner, ce serait peut-être mieux pour les gens autour de moi.

La sonnerie annonce la fin du cours. Le geek part à toute vitesse de la salle, comme si il avait le diable aux trousses.

Je range mes affaires vite fait. En sortant, je surprends les reproches que m'accuse du regard madame Adams.

Je déçois tout le monde en ne faisant rien de particulier pour cela. Quelle réaction auront-ils quand ils sauront ce que j'ai fait ?

Dans le couloir, les élèves continuent leur petite vie tranquille. Accrochée sur un mur, une grande affiche indique :

"Un dépistage sanitaire aura lieu demain. Le lycée de California offre à tous les élèves de terminal, la possibilité de le passer gratuitement. Vous serez donc priés de vous y rendre.

Cordialement, Mlle Hills"

Génial, j'aurai dû plus écouter en cours. Elle en a probablement parlé. J'espère que je pourrai le sécher. Si je passe ce contrôle de santé, ils vont probablement m'interner et me faire suivre par un psy. Non, je ne suis pas fou, je ne suis pas fou... Ce n'est pas possible que je l'ai tué. 

μαγεία UniversityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant