Les deux jeunes femmes se regardèrent alors dans les yeux et soupirèrent de désappointement. Elles avaient profité de ce début de soirée de vendredi et du fait que tout le monde était encore en train de dîner pour sortir dehors, dans les alentours des bâtiments. De toute cette semaine, Rebecca n'avait pas eu le temps de discuter avec Morgane des choses vraiment importantes dont elle avait, tout de suite, voulu lui parler.
Dès le lundi, elle avait attrapé une maladie qui l'avait clouée au lit pendant près de trois jours avec une forte fièvre et des quintes de toux à déterrer les morts. L'infirmière avait dit que c'était une angine coriace et qu'il fallait qu'elle ait le moins d'efforts possible, ce qui excluait évidemment de parler.
D'ailleurs, elle ne s'était pas sentie capable de le faire pendant le long de ces trois jours. Elle s'était contentée d'écouter son amie lui raconter les derniers événements du lycée, notamment le fait que Lolita avait été exclue pendant une semaine pour ce qu'elle avait fait à Rebecca. Elle avait aussi écouté Ana, Abigaïl et Sarah qui s'étaient bousculées dans sa chambre pour lui tenir compagnie. Si bien que, pendant trois jours, elle n'avait pas vraiment eu le temps de se sentir seule. La jeune femme était soulagée de savoir que ses amis veillaient sur elle sans cesse. Elle avait du s'avouer qu'elle était maintenant terrorisée à l'idée de devoir encore faire face à cette espèce d'ombre noire qui essayait de la blesser, voire de la tuer. Maintenant, tout ce qu'elle voulait, c'était recouvrer un sentiment de sécurité.
Les deux jours suivant de la semaine n'avaient pas été plus propices aux discussions, étant donné le nombre de cours que la jeune femme devait rattrapé à cause de sa maladie. Toutes ses heures libres entre la fin des cours et le dîner avaient été consacrés à des heures d'études spéciales avec les professeurs qui avaient bien voulu lui faire un rapide cours de rattrapage sur ce qu'elle avait manqué, notamment en mathématiques et en physique-chimie. Ces cours étaient si intenses et si compliqués que la jeune femme utilisait une grande partie de son énergie pour ne pas perdre le fil de ce qu'elle devait apprendre.
Alors, après le dîner, elle allait directement se reposer dans son lit, sans pouvoir discuter avec Morgane qui la laissait faire sans rien dire. Elles avaient déjà attendu trois jours pour pouvoir discuter.
Les deux femmes pensaient donc qu'elles pouvaient attendre deux jours de plus, que l'ombre n'avait sûrement pas l'intention de l'attaquer de nouveau, dans les jours qui suivaient. En tout cas, c'était ce que Rebecca se répétait sans cesse afin de ne pas succomber à la panique et à la terreur. Elle avait de plus en plus de mal à contrôler sa peur. Elle avait l'impression que seuls Zacharias et Rafael semblaient capables de la faire taire de part leur présence. Mais, elle ne les avait pas vraiment vu, cette semaine.
Les deux hommes semblaient avoir pris leurs distances avec la jeune femme. C'était comme s'ils avaient décidé, d'un commun accord, qu'elle n'était plus digne de leur attention. Zacharias se contentait d'être poli et de saluer la jeune femme quand il le fallait. Mais, elle avait bien vu qu'il cherchait systématiquement à se placer le plus loin possible d'elle dans le groupe, maintenant, exactement le contraire de tout ce qu'il avait fait jusque là. Elle ne savait pas ce qu'elle avait fait pour mériter une telle attitude de sa part, mais elle en était vraiment blessée. Elle avait l'impression qu'il savait tout des sentiments qu'elle avait pour Rafael et qu'il était en colère... Non! Qu'il était déçu des sentiments de Rebecca. Elle ne pouvait lui en vouloir d'être déçu de la réalité, mais elle l'avait toujours pensé plus intelligent et moins blessant que cela. Maintenant, elle commençait à se rendre compte qu'il était capable de se comporter exactement comme les autres hommes de son âge. Ça la décevait aussi...
Rafael aussi, s'était éloignée d'elle, encore un peu plus. Depuis qu'il lui était venu en aide, il ne lui adressait plus la parole, n'avait même pas cherché à prendre des nouvelles de son état et ne la regardait même plus. C'était comme s'il avait complètement oublié sa présence. Cette attitude la blessait plus que toutes les autres. Elle n'aurait jamais cru que l'homme puisse s'abaisser à faire semblant qu'elle n'existait pas. Pourquoi agissait-il de la sorte? Parce qu'il savait qu'elle tenait énormément à lui? Elle était désolée de ce qu'elle ressentait. Quand elle voyait la manière dont il n'hésitait pas à la blesser, elle s'en voulait de l'aimer de cette manière. Elle aurait préféré tomber amoureuse d'un homme qui comprenait vraiment ce qu'elle ressentait et qu'il l'acceptait, pas d'un égoïste comme Rafael. Ces absences et la manière dont il l'ignorait lui brisaient le coeur. Mais, il ne semblait pas vraiment s'occuper du mal qu'il faisait autour de lui, comme toujours. Au fond, il était exactement comme Zacharias: c'était comme si la portée de leurs actes ne les intéressaient plus vraiment.
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Déchus
FantasySuite à une agression, la mère de Rebecca décide de la mettre dans un lycée privé autour de Rouen, où elle rencontre des gens vraiment différents d'elle, dont Rafael aussi inquiétant qu'attirant. Ce dernier semble garder un secret, tout comme les am...