Déchus

La dernière attaque

La jeune femme s'arrêta brusquement et regarda autour d'elle. Cet endroit lui rappelait vaguement quelque chose, même si elle savait qu'elle n'y était jamais venu. Elle avait l'impression que ce décor était tout droit sorti de l'un de ses rêves, d'un rêve qu'elle avait fait quelques temps auparavant déjà. Elle arpentait un petit sentier particulièrement bien tracé au milieu du petit bois du parc de l'établissement qui semblaient mener aux appartements des professeurs, cette bâtisse qu'elle n'avait encore jamais vu. Autour d'elle, les arbres avaient perdu toutes leurs feuilles et étaient recouverts de neige.

Le ciel était toujours aussi laiteux et la neige ne cessait de tomber, de plus en plus fort. Il fallait absolument qu'elle trouve un abri avant d'être incapable de faire quelques pas de plus. Elle sentait déjà l'humidité pénétrer ses vêtements, malgré les nombreuses couches qu'elle avait mis. Et, comme elle l'avait craint, la neige infiltrait ses chaussures. Si elle continuait à tourner dans la neige de la sorte, elle allait finir par tomber malade... Ou pire! Il fallait donc qu'elle trouve un abri rapidement. Et, quelque chose en elle lui disait qu'elle allait bientôt y parvenir si elle continuait à avancer tout droit.

Sans hésiter, la jeune femme se remit rapidement en route, marchant le plus rapidement possible tout en prenant soin de ne pas tomber dans la neige. Elle commença alors à longer le sentier, en espérant que l'endroit qu'elle espérait trouver n'était plus très loin. Elle commençait à se sentir fatiguée.

Elle n'avait qu'une envie: s'asseoir à l'intérieur d'une pièce bien chauffée et profiter d'un bon chocolat au lait chaud tout en regardant un vieux film à la télévision. Son programme préféré par ce type de temps!

Enfin... En temps normal! En ce jour, les choses étaient différentes. Elle ne le savait que trop bien. Elle ne pouvait plus faire comme elle avait toujours fait, maintenant qu'elle avait tant de chemins pour se découvrir et découvrir tant de choses sur tellement de gens. C'était quelque chose qui la rendait étonnement mélancolique, d'ailleurs, elle qui avait passé tellement de temps, dans son passé, à se plaindre de sa vie. Elle ne s'était simplement pas rendue compte à quel point une vie calme était un luxe.

La jeune femme ne put s'empêcher de penser à Rafael et à tout ce qui s'était passé entre eux, depuis quelques semaines. Elle se demandait si elle n'avait pas été trop dure avec lui, si elle n'aurait pas mieux fait de lui donner une autre chance de se justifier auprès d'elle, de donner sa propre version des faits. Maintenant qu'elle était seule, elle se disait qu'elle l'aimait tellement qu'elle aurait été capable de tout supporter pour être avec lui, si seulement il avait fait un vrai geste dans sa direction, s'il avait fait l'effort de lui dire la vérité, de ne pas chercher à l'évincer des choses qui faisaient sa vie.

Malheureusement, il ne semblait pas capable de le faire. C'était comme s'il attendait qu'elle fasse ce choix en tout état de cause, sans qu'il ne l'influence de quelque manière que ce soit, alors qu'il le faisait déjà de part son existence même auprès d'elle. Des fois, elle se demandait ce qu'il voulait vraiment faire avec elle. S'il voulait être avec elle, pourquoi ne se battait-il pas? S'il l'aimait, pourquoi ne lui disait-il pas clairement? Pourquoi devaient-ils jouer à ce jeu qui les blessait, tous les deux, sans arrêt?

Elle n'arrivait plus à faire comme si cela était normal. Elle n'arrivait pas à comprendre qu'il accepte les règles du jeu sans essayer de rien faire pour les changer. Pourquoi ne se révoltait-il pas? Pourquoi, elle, ne le faisait-elle pas? Ce jeu-là, ils le jouaient à deux, malheureusement. Elle faisait aussi partie de ces personnes qui acceptaient de se laisser berner. Elle, elle était peut-être encore pire que Rafael dans ce jeu: elle était incapable de faire un choix. Elle avait toujours été indécise. Elle le savait.