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De ma chambre je n'entends que les autres résidents qui montent et descendent les escaliers, pourtant je sais qu'en bas la fête est déjà bien entamée. Evie tambourine à ma porte. Je me décide à lui ouvrir, grave erreur, en entrant elle se plaint de l'heure et de ma lenteur.

- Avery, par pitié, arrête de te regarder dans le miroir ! Tu es à tomber, maintenant descendons profiter avant que les autres aient fini la vodka.

Depuis le lycée mon amie est une ivrogne invétérée, elle ne rate jamais l'occasion de se saouler. Durant nos beuveries nous devenons les reines de la confession et des psychologues en herbe. Cela fait bien longtemps que nous n'avons pas partagé un tel moment. Aujourd'hui je compte bien m'amuser sans aller dans l'excès car malgré tout ce nouvel environnement est une source de stress pour moi.

Nous descendons les cinq étages qui nous séparent de la horde d'étudiants, mais avant de franchir la dernière porte je percute une fille dont le visage est déformé par les larmes. Elle s'excuse et fuit la chambre dont sort à peine un garçon brun plus que séduisant. Ses cheveux bouclés en bataille et son allure débraillée ne laissent aucun doute sur sa dernière activité.

Lorsqu'il relève la tête afin de me faire un léger signe du menton, je suis hypnotisée par ses yeux d'un vert perçant. Malgré tout je repense à cette fille qui s'est laissée amadouer et je ne peux pas garder mes lèvres scellées :

- Tu sais, même les pauvres cons peuvent avoir un minimum de tact, je lâche.

Un instant j'aperçois une lueur de surprise dans son regard mais elle disparaît rapidement laissant place à un masque d'amertume.

- Va te faire foutre.

- C'est de ça dont je parle monsieur « je t'ai baisé donc tire-toi ». Tu aurais pu faire mieux. Pauvre type.

- Tu ne sais pas ce que tu dis ma belle, elles savent toutes dans quoi elles s'embarquent.

- Et tu penses que ça excuse ton comportement ? Tu es encore plus débile que je ne le pensais.

Sur cette belle parole je tourne les talons et m'enfonce dans la foule. J'ai cette maladie de remettre tout le monde à sa place et cela me joue souvent des tours. Ce connard a bien mérité un petit remontage de bretelle. Son visage aux contours parfaits ne lui apportera pas tout dans la vie, sauf peut-être des bimbos sans cervelle. Je ne sais même pas pourquoi je pense encore à lui, je devrai être en train de me déhancher parmi mes camarades un verre à la main.

Quand j'arrive près du bar Evie est déjà en train de sortir le grand jeu à un sportif. Les seins presque à l'air, elle débat sur le dernier match qu'elle a vu la semaine dernière. Je m'approche, espérant récupérer mon amie.

- Evie, range tes griffes c'est un première année, tu vas l'effrayer, je l'avertis.

Pourtant son nouveau compagnon lui enlace la taille plutôt ravie de l'intérêt que lui porte la rouquine. Finalement, c'est elle qui le repousse.

- Désolé mon mignon tu es trop jeune pour moi.

J'ai beau essayer, je ne peux pas m'empêcher de rire. Le garçon se détourne déçu. Mon amie me sert un verre de vodka puis me tire sur la piste de danse improvisée et en quelques secondes nos corps ondulent en rythme.

- Comment tu as su ?

- Les paillettes dans les yeux et son air perdu, je réponds sans cesser de bouger.

Après cinq ou six chansons Evie entreprend de me présenter à ses amis. Elle est en dernière année pour obtenir son diplôme d'infirmière et déteste au moins la moitié de la fac, elle communique avec un cercle restreint d'étudiants de sa promotion. Son exubérance et son attrait pour les ragots ne sont pas aux goûts de tout le monde. Son grain de folie et son innocence sont les raisons pour lesquelles nous sommes devenues amies.

No Love, No Hurt [Collection &H]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant