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Il est vingt et une heures lorsque je me gare devant l'immeuble de Dylan. La musique à fond je prends quelques minutes pour réfléchir. Je ne l'ai pas vu de l'été et je suis un peu stressée de me retrouver seule avec lui. À la fac nous devons jouer le prof et l'élève, d'illustres inconnus, on a pris le pli très vite à New-York mais ici tout est différent pour moi cela ressemble à une autre dimension.

Je me suis persuadée qu'il n'aurait jamais à venir dans le New-Jersey et qu'il pourrait se passer d'en savoir plus sur ma vie d'avant. Lorsqu'il a obtenu sa mutation je l'ai suivi mais aujourd'hui je me demande pourquoi. Très vite je me dis que notre relation ne peut pas perdurer à distance et je ne pourrais pas lui cacher ma vie éternellement, en plus de ça, ici personne ne le connaît donc aucun doute ne plane sur nous pour l'instant.

Je me redresse et sors de la voiture. Je monte les deux étages qui me séparent de mon petit ami et frappe à la porte. Lorsque Dylan apparaît dans l'embrasure je constate qu'il a changé de costume, la chemise n'est plus blanche mais bleue.

- Avery ? Je ne t'attendais pas ce soir.

- Pourtant ça fait deux mois qu'on a convenue de se voir aujourd'hui.

- Oui à la fac, ce matin, je t'ai vu.

Il passe les mains sur les plis de sa veste, c'est son tic nerveux.

- Qu'est-ce qu'il y a Dylan ?

Il me fait entrer et referme la porte.

- Je dois sortir dîner avec un collègue pour entrer dans sa boîte. Il ne faut pas qu'il te trouve ici.

Le problème m'apparaît clairement mais le stress ne vient pas cette situation n'est pas nouvelle.

- Je partirai après toi, aucun risque de se faire prendre.

Il me fait un léger sourire. J'inspecte du regard son appartement et je repère le paquet de copies de l'interro de ce matin.

- Je peux jeter un œil ? Enfin sur celles des trois autres.

- Tu comptes les écraser comme des mouches ?

- En effet mais à la loyale. En réalité c'est celle de Logan qui m'intrigue.

Je lis de la surprise dans ses yeux et mille questions passent dans son esprit. Dylan est un homme jaloux et c'est accentué par nos cinq ans d'écart, il est persuadé que chaque garçon de la promo est prêt à me sauter dessus. Je dois le rassurer.

- Je suis un peu surprise de ton choix c'est tout, je l'ai rencontré vendredi soir et c'est un vrai connard trop sûr de lui.

- C'est lui le deuxième sans faute.

Je prends sa copie sans plus attendre, en effet nous avons les mêmes réponses et sa question rédactionnelle est parfaite. Il aborde le problème de manière peu commune et cela pourrait sortir un homme des mains de la justice.

- Putain, l'enfoiré est un génie.

On frappe à la porte. Les yeux de Dylan se posent sur moi, je me réfugie dans sa chambre en gardant la copie de Logan. Après que la porte d'entrée ait claqué je recommence ma lecture au moins cinq fois. Je prends des photos, pour pouvoir y réfléchir dans ma chambre. Rectification, Logan Holt est la personne à abattre.

Je range sa copie parmi les autres avant de quitter l'appartement de Dylan. Je ne cherche pas à attendre qu'il rentre de toute façon je dois retrouver Evie. Quand je l'ai eu au téléphone elle avait l'air d'aller mieux et c'est rendu d'elle-même au comissariat, mais je voudrais m'assurer qu'elle s'est vraiment remise.

Je passe chercher des plats chinois dans un restaurant qu'elle adore. Ça me fait un bien fou de retrouver mon amie et j'ai décidé d'être là pour elle.

Quand je frappe à sa porte c'est un homme d'une trentaine d'année qui m'ouvre. Il boutonne sa veste de costume en me décrochant un sourire qui doit faire mouiller plus d'une petite culotte.

- J'allais partir mais je me dis que je pourrai revenir après ma réunion.

- Ne vous dérangez pas je pense que vous avez mieux à faire.

J'entre sans plus lui prêter attention. Evie est sur le petit canapé qui meuble son salon, le nez sur son portable pas très intéressé par l'homme qui s'apprête à quitter son appartement. Quand il récupère son attaché-case mon amie lui lance :

- Salut Mike, on remet ça le quatorze ?

C'est donc un plan cul régulier de la rouquine. Il hoche la tête et s'en va sans un mot de plus. Je me laisse tomber à côté de mon amie laissant les plats encore chauds sur la table basse.

- Tu en as beaucoup des comme ça ?

Evie fait semblant de les compter sur ses doigts. Je la bouscule d'un coup d'épaule tout en riant.

- Disons que je me fais plaisir.

- Je vois ça, en plus il n'est pas mal du tout.

- Ouais, c'est vrai, mais je vais rompre avec lui le quatorze.

La mâchoire m'en tombe. Elle vient de lui proposer de s'envoyer en l'air la semaine prochaine et elle compte rompre avec lui. Je sais qu'Evie collectionne les hommes pour rendre sa famille dingue mais je ne pensais pas que ça se passait ainsi avec ses amants.

- Avant ou après avoir couché avec lui ?

- Hmm je verrais bien. Mais je lui rends sa liberté, de toute façon il va demander sa copine en mariage.

Si je n'étais pas assise je suis sûre que je m'écroulerai face à cette révélation.

- Ne fais pas cette tête Av, je ne l'ai pas forcé non plus.

Elle n'a pas tort et, après tout, c'est lui l'enflure.

- Tu penses qu'elle va dire oui ?

- Elle serait vraiment conne dans ce cas, car ce mec couche avec une fille différente chaque jour de la semaine.

Nous rions ensemble devant le comportement de cet homme qui ne doute de rien. C'est le plus gros enfoiré du monde et il compte se marier.

Nous finissons par nous jeter sur les plats chinois, affamées. Pendant le repas nous discutons de ce qu'ont été nos vies pendant ces deux années. Nous ne nous sommes pas revues depuis que j'ai quitté le New-Jersey malgré le fait que New-York est à trente minutes. Pour autant nous avons gardé contact et c'est agréable de pouvoir revenir comme au bon vieux temps.

La conversation dévie malgré moi sur le beau brun de l'appartement d'à côté. J'explique à Evie notre conversation lorsque je lui ai demandé de la ramener et elle s'écroule de rire.

- C'est du Logan tout craché.

- Ouais, enfin un vrai connard si tu veux mon avis.

- Ne le juge pas trop vite Av, c'est vraiment un mec bien. Il se plierait en quatre pour ses amis quitte à s'arracher un bras.

Je ne réponds rien car après tout je ne le connais pas. Je n'ai pas pour habitude de porter un jugement hâtif sur les gens mais depuis mon retour je suis à cran alors je deviens hermétique et ne laisse sa chance à personne.

No Love, No Hurt [Collection &H]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant