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Mes yeux étaient cernés, comme jamais. La fatigue des dernières semaines m'a complètement achevé. J'avais l'air d'un mort-vivant sur pattes. L'horloge de ma vie roulait à l'envers. Elle venait totalement de s'écrouler. Je ne voyais plus le futur comme je le voyais auparavant, où il était rempli de bonheur. J'étais heureux. Elle me rendait heureux. Son sourire, ses baisers...  Je m'ennuyais presque de ses farces, lorsqu'elle me réveillait en sursaut à l'aide de glaçons dans le dos.

Sa joie de vivre faisait la mienne. Ses petites manières m'ont influencé. Dès qu'elle est apparue dans ma vie, je savais déjà que plus rien ne serait pareille. C'est vrai que rien n'est jamais tout rose et parfait, hormis dans les films ou les livres d'amour à la con. Mais je trouvais notre relation toute de même parfaite, avec ses qualités et ses défauts. Je n'y aurais absolument rien changé. Sauf la fin, qui n'était pas celle rêvée. Prévisible, mais je ne voulais pas la voir. Je ne pouvais pas imaginer que ça se finirait comme cela, c'était impossible. Comme quoi, la vie est un adversaire implacable, et que personne ne peux la atteindre. On ne s'en sort pas vivant. Mais on se bat, jusqu'au bout de notre force. On m'a toujours prévenu que ça rend l'amour immuable. Que ce dernier fait mal, laissant des cicatrices indélébiles. J'ai tenté avec elle. De me battre avec cette fille, qui représentait tout. Elle m'a appris à profiter de la vie, et ce, jusqu'au bout. De ne pas se laisser abattre, elle m'a enseigné à éviter les obstacles que le destin met sur notre route. Il fallait lutter, pour obtenir ce qu'on voulait. Parfois, rien n'allait comme on voulait. Mais d'autres fois, elle nous montrait des choses les plus merveilleuses qu'on aurait pu laisser passer si on avait abandonné. Je me suis battu avec elle contre la vie, mais on était trop faible. Trop faible pour cet être invisible qui contrôle tout.

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Enfournant une poignée de vêtement au hasard dans ma valise, je me préparais pour l'université de Yale. Une des plus grandes universités des États-Unis, dans l'État du Connecticut. C'était la seule où j'ai envoyé une demande. C'était celle où mon père avait suivi tout son cursus. Il est mort d'un infarctus quand j'avais cinq ans. Je me suis toujours promis, coûte que coûte, que je suivrais ses traces.

Je termine mes dernières boîtes. J'en apporte seulement quatre biens remplis. Remplis de vêtements, d'album photos, de souvenirs et trucs inutiles. Je transporte tout et les range dans le coffre arrière de ma voiture. Je suis prêt à quitter ce petit village de campagne où tout le monde se connaît, et vivre une toute nouvelle vie. Recommencez tout à neuf.

Je rentre chez moi pour dire au revoir à ma mère. Elle pleure à chaudes larmes. En la regardant, une lame transperça mon cœur. Ça me fais mal de la voir dans tous ses états. Je lui promis de l'appeler ou lui écrire chaque jour. De tout lui raconter et que je l'aimais. Je la serrai fort dans mes bras, comme je ne l'ai jamais fait auparavant.

- Tu vas me manquer, tu sais. Fais très attention à toi. Ne vas pas trop à des fêtes et..

- Je te promets, l'Interrompis-je. Tu vas me manquer aussi.

Après la démonstration d'amour impulsive, je tourne les talons pour me rendre à ma voiture, fin prêt pour commencer une nouvelle étape. Quand je franchis la porte, ma mère prit mon bras et me dit ;

- Attends ! J'ai oublié de te donner quelque chose !

Elle se retourne et monte les escaliers. Près d'une minute plus tard, elle redescend avec une boîte de grandeur moyenne dans les mains. Elle me la tend.

- Alice voulait te donner ça... Je n'y avais plus pensé jusqu'à ce jour. S'excusa-t-elle.

Quand elle prononça son nom, mon cœur s'arrêta net. Une boule se formait dans ma gorge. Je la remercie la gorge nouée, et lui donne un bisou sur la joue. En la regardant de plus près, l'âge avait déjà fait son œuvre. Elle a des rides et un air fatigué. Elle a toujours fait son possible pour moi, je ne la remercierai jamais assez. Je me désolais de devoir la laisser seule.

*********

Après plus de sept heures de route, j'arrivais enfin à l'université. Je me sentais fier d'avoir accompli tout ce dont j'ai fait jusqu'à maintenant. Je me promets plus solide pour l'avenir, et de travailler fort pour obtenir ce que je voulais. Je commençais à défaire mes boîtes et rangea à leur place un peu partout. Je laissai ce qui m'était inutile pour l'instant à l'intérieur. Je mets la photo de mon père et moi quand j'avais tout juste deux ans sur la table de nuit à mes côtés, qui me porte chance depuis des lustres.

J'étais dans une chambre universitaire avec un ami d'enfance. Il était parti faire quelques courses, gourmand comme il est. Je me reposai en écoutant de la musique. Je vis la boîte d'Alice du coin de l'œil. Plus fort que moi, je me levai doucement pour l'atteindre. J'ouvris la boîte qui était fermée avec du ruban adhésif de couleur violet, sa préférer. Il y avait des centaines de lettres. Il avait même des timbres sur chacune d'entre elles. Je pris entre mes mains la première qui se situait sur le dessus, et était écrite « Celle-ci en premier. »

Je l'ouvris avec le plus de précautions afin de ne pas l'abîmer. Son écriture avait imprégné les pages blanches. Je la reconnus instinctivement.

Aussitôt, je commençais la lecture.

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corrigé

* Impossible - James Arthur *

Tell them I was happy,And my heart is broken.

All my scars are open,

Tell them what I hoped would be,Impossible, impossible.

I remember years ago,

Someone told me I should take caution when it comes to love

& I did.

You're Always Here [ EnPause ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant