~A lire avec " It has begun" de Starset (vidéo).~
"-Les gens font peur. Tu t'attaches à eux sans même t'en rendre compte. Et ils te blessent, volontairement ou non. Et quand ils le font, ça fait encore plus mal que si c'étaient des inconnus. Les gens sont terrifiants. Alors, je vais continuer à sourire, et se sourire sera le mur de pierre qui me protégera des autres, sauf de toi, je te garderais une petite fissure ouverte. Parce que toi, je sais que tu ne me blesseras pas." -Théodora.
***
Depuis qu'il est parti, je ne suis plus tranquille. Même si je reste en classe pendant les poses, rien ne les empêche de m'attraper au début ou à la fin de l'école. Et si j'ai le malheur de les croiser... alors je sais, rien qu'en rencontrant leurs regards, que je ne vais pas rentrer avec toutes mes affaires.
"-T'est sûr que t'est muette ?"
Encore une fois, je dois faire face à ces questions. Pourquoi est-ce que je mentirais sur quelque chose comme ça? Je ne peux pas parler, et ce n'est pas comme si je ne le voulais pas, que je ne savais pas, ou que je faisais semblant, je ne peux juste pas. En ce moment, je suis derrière l'école, et je rentre chez moi, ou du moins, j'essaye.
Je ne sors pas mon cahier, je sais qu'ils ne m'écouteront pas. Je les laisse me prendre mon sac et le vider de ses affaires. Je garde la tête baissé, fixant mes chaussures sans en détourner les regards.
"-Ma maman dit que les muets sont handicapés! "
C'est faux... Je suis comme vous...
"-Ouah... Comme ceux qui ont un problème au cerveau?"
Non...
"-Ouais! C'est ça!"
Leurs voix sont joyeuses. Ils sont en train de déchirer mon cahier de communication.
Je me mort la lèvre. Maman va encore devoir en racheter un.
Ils me bousculent encore un peu, puis partent. Je ramasse mon sac, récupère les quelques affaires miraculeusement intactes, puis rentre chez moi. Quand je passe le pas de la porte, le visage doux de maman me fait craquer. Bientôt, je suis dans ses bras, de l'eau salée couvrant mes joues et des sanglots secouant mon corps.
A partir de ce moment, je me souvins juste d'avoir beaucoup pleuré, n'écoutant pas les paroles de réconfort de maman, me contentant de boire son odeur rassurante. Je crois que je me suis endormi, épuisé d'avoir pleuré.
***
"-Comment pouvez-vous... dire ça... Vous..."
Des mots parvenant difficilement à mes oreilles me réveillèrent de mon sommeil. J'ouvre les yeux sur le noir de ma chambre, et reste un moment allongé dans mon lit, me remémorant ce qu'il c'était passé aujourd'hui. Je referme les yeux, tentant de retourner vers le pays des rêves et par la même occasion d'échapper à la réalité.
Les éclats de voix me parviennent toujours, ils m'empêchent de me dérober devant le monde du réel. Je me lève, parcourt la pièce, passe le pas de la porte, puis me dirige vers la source de la voix.
Je reste sur le balcon des escaliers et avance jusqu'à la rambarde, observant ma mère en bas, qui parlait au téléphone.
"-Vous devez faire quelque chose! Elle ne peut [...] Comment pouvez-vous dire quelque chose comme ça![...] Ce n'est qu'une enfant [...] Comment pourrait-elle se défendre? [...] Non! Ce n'est pas de sa faute![...] Vous êtes ignobles! Elle ne peut pas se défendre seule![...] Je vous interdis de dire ça d'elle! Elle... Vous êtes sont professeur! [...]"
Maman... Elle subit tellement de chose à cause de moi. Depuis que je suis toute petite, elle m'a toujours défendu contre le monde.
Elle m'a consolé, changé d'école, défendu. Encore et toujours.
Elle a toujours tous fait pour moi, et je viens de m'en rendre compte. Je suis si égoïste.
Une larme coule.
"-Monstre!"
Je suis un monstre.
"-Elle me fait peur..."
Je fais peur.
"-T'est vraiment muette?"
Bien sûr que je le suis. Comment je pourrais mentir sur quelque chose comme ça?
J'ai essayé de parler, tellement, tellement de fois. Et j'essaye toujours.
Une autre larme coule.
Je suis un monstre qui fait peur. Parce que je suis muette.
D'autres larmes viennent mouiller mes joues et un sanglot m'échappe.
Alerté, ma mère lève la tête, et je m'enfuis. Je cour m'enfermer dans ma chambre, et reste debout au milieu la pièce. J'observe ce qu'il y a autour de moi: elle m'a... tout donné...
Alors pourquoi suis-je comme ça?
***
Pendant plusieurs jours, je suis resté dans ma chambre. Et quand j'en suis enfin sorti, je n'allai plus à l'école. Je pris à la place des cours par correspondances. Ils ne nécessitent que des mots écrits, et non des mots dits, alors j'en suis contente.
Si maman est triste, donc je lui donne mon sourire.
Mon faux sourire est un masque beau qui fait peur à celui qui le porte.
Celui que je garde m'effraie, parce que je ne sais jamais comment les autres peuvent le voir. Mais maman à l'air d'en être un peu rassuré, alors je continuerais de le porter, encore et encore. Lui offrant le réconfort qu'en vérité je ne peux pas lui donner.
Alors, à force d'effort, peu à peu, elle s'est remise à me sourire. Mais... ses yeux restèrent tristes.
Malgré cela, je continuerais de sourire, pour la réconforter, m'enfermer loin des autres, et pour revoir son sourire, son vrai sourire, celui qui éblouit, qui conforte et qui soutiens. Celui de ma maman.
Donc, je continuerais de sourire, pour toi, maman, et pour eux, pour ne plus leurs faire peur. Pour que tu ne sois plus triste. Même si pour cela, mon cœur doit continuer de pleurer dans l'ombre de mes couvertures.
Et c'est ainsi... que sept années s'écoulèrent.
~Fin du Chapitre 2~
~Écho~
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The Silence Voice
Romance"Dans mes rêves, personne ne me regarde étrangement ou ne m'insulte, je ne suis pas un monstre, je suis juste... Une fille normale. Mais ce sont des rêves. Et à partir du moment où je suis née ainsi, avec ce corps, je sais que la réalité restera te...