~Chapitre 5~ Théodora

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~À lire avec "Comatose" de Skillet (vidéo)~

"Il ne faut jamais sous-estimer la méchanceté que les enfants peuvent manifester entres eux. Les petits surnoms dit "affectifs", leurs rires et leurs regards, ils ne savent pas à quel point ils peuvent détruire." -Théodora.

***

Depuis que j'ai rencontré Léo sur le chemin de l'école, nous partons et rentrons ensemble. Mais même si nous passons donc plus de temps ensemble, il est toujours autant difficile de le voir au collège.

Cette semaine, Léo ne viendra en cours: sa famille lui a demandé de s'occuper de son petit cousin.

"-Bien, donc aujourd'hui, nous formerons les duos pour les exposés..."

Un exposé...? Mais Léo n'est pas là... Je vais devoir me mettre avec quelqu'un d'autre.

La chaise devant moi est tirée et une personne s'y assoie à califourchon. Puis, elle demande:

"-Toi... La p'tite qui parle jamais... Tu veux bien qu'on s'mette ensemble?"

Me demandant si elle me parlait à moi, je relève un peu la tête et cherche son possible interlocuteur du regard.

"-Oui, c'est à toi que j'parle."

Craintivement, je tourne la tête est observe mon interlocuteur. Devant son look gothique à chaîne, je commence à prendre peur. Puis, mes yeux remontent timidement vers un visage qui ne tarde pas à me rassurer: des yeux vert doux et un sourire apaisant.

"-Alors...? Tu veux ou tu veux pas?"

Au contraire de son style vestimentaire et de sa façon de parler, son sourire et ses yeux sont extrêmement chaleureux et me calment. Les yeux sont les reflets de l'âme...

Je prends mon carnet ouvert, puis lui demande:

*Pourquoi moi?*

Elle lit la question, puis me répond en soupirant que personne ne voulaient jamais se mettre avec elle, à cause de son excentricité.

"-Tu veux bien te mettre avec moi du coup?"

Elle a l'air embarrassé, peut être que ça l'aiderait que j'accepte?

Alors, timidement, j'hoche la tête. Aussitôt après que j'ai accepté, elle pousse un cri de joie et me prend dans ses bras, pour me serrer presque à l'étouffement.

"-Super! Merci merci merci merci..." Répétât-elle, encore et encore.

Puis, elle se détacha de moi.

"-Au fait, tu t'appelles comment? Moi Lucy!"

Je lui montre le nom sur mon cahier, et elle me répond que c'est un très beau nom. Puis, elle frappe dans ses mains avec un grand sourire aux lèvres:

"-Bien! On commence!"

***

Pendant toute la semaine, je restais avec elle. Sans que j'aie besoins de lui dire quoi que ce soit, elle me suivait pendant les pauses. En revanche, je mangeais toujours seule, Lucy étant externe.

Cette semaine, les regards sur moi étaient bien étranges. Différents de d'habitude et beaucoup plus insistant...

***

Pendant la pause déjeunée, dans la cour, des garçons de la classe m'ont abordés et pris mon sac. Alors que je sautais pour tenter d'atteindre ce qui m'appartenait et que l'un d'eux tenait à bout de bras, ils me dirent:

"-Si tu nous suis derrière le bâtiment, on te le rendra."

Sachant pertinemment que je ne pourrais pas leurs reprendre mon sac de force, je les aie donc suivis.

Une fois arrivés près du mur, ils m'encerclèrent pour m'empêcher de partir. Le petit leader du groupe, un grand sourire aux lèvres, ouvrit mon sac et vida son contenu sur le sol. Puis, il prit mon carnet de communication et mon cahier de partitions, et s'amusa à les tremper dans une des flaques d'eau nous entourant. A partir de ce moment-là, je baissai la tête sur mes pieds, sachant que je ne voudrais pas voir leurs visages face à ce qui suivrait.

Une fois qu'il eut terminé de détremper les deux objets auquel je tenais le plus, il s'approcha de moi, les bouts de feuilles dégoulinantes d'encres et d'eau à bout de bras. Une fois devant moi, il me les jeta au visage.

Je ne dis rien, ignore leurs moqueries, leurs photos, le liquide coulant sur mes cheveux et mon visage, et garde la tête baissé. Puis, ils me poussèrent dos contre le mur. Je ferme mes oreilles au monde qui m'entoure, et fait de mon mieux pour ne pas pleurer.

"-Alors, ton gardien t'a laissé tomber?

-Sa devait bien arriver... Il ne pouvait pas rester avec quelqu'un comme toi..."

Bientôt, la barrière qu'ils ont formée autour de moi se brise et une voix familière affolée parvint jusqu'à mes oreilles:

"-Mais qu'est-ce que vous faites?! Théo! Théo!"

La voix qui avait brisé le mur des sourires glaçants et moqueurs... Était celle de Lucy.

***

"-Pourquoi est-ce que tu t'est laissé faire?"

Nous sommes dans le parc à côté du collège, et je suis assise sur un banc, en train de me faire réprimander par la gothique. Elle est debout devant moi, les poings sur les hanches et les yeux me fixant sévèrement. Je garde les miens baissés, et laisse mes cheveux retomber sur mon visage.

Alors qu'elle me disputait depuis quelques minutes déjà, sa voix se radoucit et elle s'assoit sur le banc à mes côtés.

"-Théo... Ce n'est pas normal de vivre des choses comme ça..."

Sur mon téléphone, je lui écris que ce n'est rien, et que j'ai l'habitude.

Lucy réfléchit pendant quelques instants, puis me dit:

"-Je ne peux plus te laisser seule sans qu'tu te fasse harceler... 'Pas le choix, tu n'mangeras plus toute seule! A la place d'aller à la cafét', tu viendras chez moi et on mangera ensemble!"

Devant sa proposition, je relève la tête et la secoue vigoureusement pour montrer mon désaccord.

"-J'te donne pas le choix! A la fin des cour, tu m'emmènera chez toi: je parlerai à tes parents, et je t'assure qu'ils accepterons!"

Toujours sur mon téléphone, je tente inutilement:

[Merci, mais tu n'as pas à...]

Je n'ai pas le temps de terminer d'écrire ma phrase que Lucy, qui lisait par-dessus mon épaule, s'exclama:

"-Pas de discussion! Je suis ton amie, je ne vais pas te laisse comme ça!"

Ses yeux sont déterminés: elle ne renoncera pas. Donc, je céda:

[D'accord... Merci pour tout...Mais tu es sûr que ça ne pose aucun problème?]

Elle balaye la question d'un revers de la main, puis me dit que je n'ai pas à m'en faire et que ce n'est rien. Alors, je réalisai ce que l'on faisait:

[On devrait peut-être retourner en cour...]

"...C'est la première fois que tu sèches?"

Ce jour-là, j'avais très envie de pleurer. Pas à cause du coup que l'on m'avait joué, mais à cause de la gentillesse qu'il m'avait été témoigné.

Je ne veux pas lui causer des ennuis... Mais... Ça fait tellement du bien d'être aimé par une autre personne que ma mère...

Après ça, petit à petit, une autre personne c'est frayée une place vers mon cœur.

~Fin du Chapitre 5~

~Écho~

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