Six coups retentirent contre la trappe. Le bruit m'extirpa de mes cauchemars en sursauts. Les yeux brûlants et le dos perlant de sueur, je sortis des couvertures et allai tourner la clé dans la serrure rouillée. Le soleil me brouillai la vue, mais je reconnus le jeune homme accroupi au-dessus des marches au son de sa voix
- Salut, beauté ! Annonça Antoine de son piédestal, souriant.
Je ne répondis point, hors de moi.
– Antoine ! Crièrent les enfants derrière moi, déjà réveillés.
Il descendit les quelques marches et referma la trappe derrière lui. Il me serra contre son torse, enfouissant son nez dans mes cheveux. Je le repoussai avant de demander :
– Où étais-tu passé ? Ça fait deux jours que tu n'as pas donnés signe de vie !
– Je sais, répondit Antoine en baissant la tête.
Il prit Octavie dans ses bras et posa un baiser sur le front de Virgile.
– On y va ? Demanda-t-il.
Nous sortirent tous les quatre dans la rue. Je fermai la trappe à clé et pris la main de mon petit frère. Je rejoignis Antoine et Octavie, déjà loin devant. Nous marchèrent ensemble en direction de la place principale du quartier.
– Je veux une réponse, ordonnai-je en fixant Antoine.
– Écoute Julia, je suis désolé. Je me suis fait prendre par surprise en volant des bijoux à la villa... Ah, j'ai oublié le nom !
– Comment est-elle ?
– Elle a de magnifiques colonnes en marbre bleu et..
.– La Villa Verda ?
– C'est ça ! déclara t-il en claquant des doigts.
– T'est dingue, c'est rempli à craquer de garde, là-bas. Tout le monde le sait !
– À part moi, visiblement. Il n'empêche qu'ils m'ont embarqué sur un bateau miteux rempli de gladiateurs.
Nous devions jouer des coudes pour se frayer un chemin à travers la foule qui inondait les rues de Rome.
– Des gladiateurs ? Il n'y a rien de pire que ça. Se faire exhiber et tuer pour le plaisir des riches, ça me donne la nausée.
– Je sais. Heureusement, un des soldats a détourné son attention avant que le bateau ne s'éloigne trop du port et j'en ai profité pour sauter.
Nous arrivions maintenant à la place principale, celle-là mêmes où j'avais, quelques heures auparavant, pris la vie d'un soldat. La place était immense et formait un cercle parfait. À ses extrémités étaient placés des dizaines de marchands. À droite, un nombre incalculable de mets dont l'odeur enivrante attirait tous les passants. À gauche, de magnifiques aquarelles, sculptures et peinture, aux prix exorbitants, faisaient le bonheur des étrangers. Au fond de la place, l'estrade des châtiments était encore couverte du sang séché de la veille. Je détournai les yeux de cette estrade maudite.
– Attendez-moi, je vais chercher le déjeuner, annonçais-je.
Je tendis la main de Virgile à Antoine, posai un baiser sur la tête de mon petit frère et m'accroupis devant lui.
– Soit sage, je reviens tout de suite, déclarais-je en lui touchant le bout du nez.
Il sourit. Je me relevai et caressai la douce chevelure d'Octavie. Sur ce, je tournai sur ma droite et m'enfonçai dans la foule bruyante.
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ULTIMUM
AdventureJ'avais tout vécu. J'avais fait face à la mort, à la faim, à la pauvreté, mais rien n'aurait pu me préparer à ce qu'il m'attendait dans cette arène remplie d'hommes assoiffés de chair. Seule, ou presque, face à un système tyrannique rongé par la cru...