Deux soldats me traînèrent à travers les rues de la capitale en me tenant fermement par les bras. Ils suivaient de près le commandant qui, de son côté, avait beaucoup de mal à avancer.Une traîner de sang - pas assez importante à mon gout - souillai le sol à chaque passage de sa jambe boitillante. Le sol de pierre lacérait mes genoux telles des lames fraîchement aiguisées. Après ce qu'il me parut une éternité, ils s'arrêtèrent tous devant d'immenses portes faites de bois et de fer, munis de grosse et ronde poignées en or massif. Une tête de tigre démesuré ornait l'arc de la porte. Le commandant hurla quelques mots et les deux portes s'ouvrirent. Nous pénétrèrent dans une gigantesque salle remplie de beaux et riches personnages. Je levai la tête et apercevais un dôme jonché de magnifiques peintures colorées. De part et d'autre des mur était placé de haut vitrail en verre. Par ces interstices, une lumière pur et harmonieuse éclairai la salle. Le sol en marbre froid apaisait quelque peu mes plaies. Les gens s'écartèrent et poussèrent des cris. Ils étaient tous magnifiquement habillés. Les femmes portaient de longues robes blanches en satin serties de perles d'orée et d'argent. Les hommes, pour leurs parts, étaient habillés de longues tuniques dorées et de pantalons collant argentés. Au fond se dressait un escalier blanc qui faisait la longueur de la salle. Au-dessus de cet escalier, un trône majestueux surplombait la pièce entière. Un homme était assis sur ce trône d'or. Les jambes croisées et un verre de vin à la main, il fixait le commandant avancé vers lui avec irritation. Deux soldats en armure dorée de part et d'autre de l'escalier dégainèrent leurs immenses épées scintillantes. L'homme sur le trône fit un signe de la main et les soldats replacèrent les deux plus gigantesque épées que j'avais put voir de toute mon existence dans leurs fourreaux. On me jeta au pied de l'escalier. Je me cognai la tête contre une marche.
- Un genou à terre devant l'empereur ! Ordonnèrent les soldats en armure d'or.
Le commandant et ses hommes exécutèrent et déclarèrent :
- Ave Grand Lucius Augustus 1er du nom !
Je me battait contre mon corps pour réussir à me relever.
- Mon commandant, que me vaut le...plaisir de votre visite ? Demanda l'empereur d'une voix agacée.
- Ave, déclara le commandant en levant la main droite. Pardonnez mon audace, votre grandeur, mais c'est un cas de force majeur. Cette femme, ajouta-t-il en me pointant du doigt, a attenter à ma vie et a tuée huit de mes hommes les plus compétents.
Le rire grave de l'empereur se fracassa contre les murs de la salle. Il posa son verre sur l'accoudoir de son trône et joignit les mains.
- Vous me dites que cette femme a tué huit soldats à elle seule ? C'est impossible.
- En quoi cela est-il impossible, votre splendeur ? Demanda le commandant.
- Mais...Ce n'est qu'une simple femme ! Répondit l'empereur en regardant la foule.
Toute la salle se mit à rire aux éclats. Des rires gras et forcés envahissaient mes pauvres oreilles.
- Mes hommes étaient là, ils ont été témoins de la scène ! Insista le commandant par dessus le brouhaha, perdant pied.
Les soldats du commandant acquiescèrent. L'empereur leva la main et la salle se tut de sitôt.
- Imaginons que ce soit vrai, en quoi cela me concerne-t-il ?
Le commandant se racla la gorge et bomba le torse.
- J'ai pris l'initiative de venir ici aujourd'hui car...
- Mauvaise initiative...Coupa l'empereur d'une voix menaçante, bougeant son imposante mâchoire de droite à gauche.
- J'ai besoin de votre autorisation pour envoyer cette criminelle chez les gladiateurs, déclara le commandant de la milice urbaine.
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ULTIMUM
AdventureJ'avais tout vécu. J'avais fait face à la mort, à la faim, à la pauvreté, mais rien n'aurait pu me préparer à ce qu'il m'attendait dans cette arène remplie d'hommes assoiffés de chair. Seule, ou presque, face à un système tyrannique rongé par la cru...