L'EXODUS Tome 1 : La marque

Chapitre 1 : L'éveil

D'abord, il y eut un frémissement dans l'air, presque inaudible. Puis, un crépitement doux et harmonieux, présence fantomatique, un appel à l'attention.

Le son lui arriva par vague. D'abord imperceptible, il se précisa, se renforça, pour se transformer en un souffle puissant et rythmé.

Quelqu'un courait.

Il ne voyait rien, ne percevait rien. Il entendait seulement le souffle saccadé et rapide d'un être invisible.

Les ténèbres l'entouraient de toute part, lui transperçaient l'âme. Il avait beau tourner la tête de tous les côtés pas une once de lumière ne venait perturber ces profondeurs obscures.

Soudain, une douleur fulgurante traversa sa poitrine et quand, grimaçant de douleur, il porta une main à son cœur, il sentit celui-ci  battre à tout rompre sous sa peau. Il s'aperçut alors que l'être à bout de souffle... c'était lui.

Une vague de panique le submergea. Les battements de son cœur résonnaient à ses oreilles tellement fort qu'il en avait mal au crâne. 

Il était effrayé. Quelque chose était en train de se produire à l'intérieur de lui, pourtant il ne savait absolument pas ce qui l'avait amené dans cet endroit si sombre.

Etait-il dans une espèce de grotte ? Une cave peut-être ? Pourquoi était-il si essoufflé ? S'était-il enfuit ? Que s'était-il passé ?

Plus il essayait de se rappeler, plus son corps s'engourdissait, devenant de plus en plus lourd, comme si une immense fatigue s'abattait sur lui, l'empêchant de réfléchir...de se souvenir.

Et alors qu'il fit un pas en avant, une lueur apparût.

D'abord tremblante et faible, elle s'intensifia de plus en plus jusqu'à l'éblouir. Il plissa les yeux pour essayer de discerner une forme à l'intérieur de cette lumière, mais ne vit rien.

D'un blanc pur, elle déferla sur lui comme un énorme tsunami et avant qu'il n'ait pu mettre ses mains en avant pour se protéger, elle pénétra son être, l'assaillant, s'infiltrant dans chaque parcelle de son corps.

Il n'essaya pas de se débattre. Non que la peur ne l'envahisse pas, seulement, il était incapable de bouger. Seul l'organe palpitant sous sa peau se mouvait encore.

Soudain, il sentit quelque chose entourer son cœur. Il n'aurait pu dire si c'était un froid glacé ou une chaleur brûlante mais il se sentit écarquiller les yeux de douleur dans la pénombre, la bouche entrouverte dans un cri de souffrance muet. Son torse se soulevait à intervalle rapide et ses poumons cherchaient de l'air à aspirer, mais il n'absorbait plus aucune particule d'oxygène. Il était en train de suffoquer.

Il n'était plus que spectateur de l'étrange mirage qui se déroulait sous ses yeux impuissants.

Et soudain... il l'entendit.

Un chant.

Une mélodie.

Une âme.

Un son si pur, une voix si cristalline, mêlant puissance et douceur, chantait à l'intérieur de lui.

La langue lui était inconnue, mais elle s'alliait parfaitement avec la mélodie que lui imposait la voix féminine et éblouissante qui entonnait son chant. Car le chant brillait. Cette mélodie était la source de la lumière. Il ne savait pas pourquoi il en était si sûr, mais il le savait, c'est tout.

Son corps tout entier, éveillé à la mélodie mais pourtant immobile, absorbait chaque son, chaque parole chantée dans cette langue si mélodieuse, mais dont le sens lui échappait complètement. Il était à la merci de cette voix immaculée. Tout son être s'était concentré sur elle, incapable du moindre mouvement, sinon la volonté profonde et sans faille de laisser la mélodie infiltrer chaque millimètre carré de son âme toute entière.