Allongée confortablement sur la plus large et haute branche de l'arbre, une jambe dans le vide, une jeune fille croqua à pleine dent dans une pomme aussi verte que le feuillage qui l'entourait. Le jus coula le long de son menton et elle l'essuya d'un revers de main, distraite par le spectacle qui se jouait sous ses yeux. Perché en haut d'un arbre à la limite d'une falaise, sa cachette se situait juste au-dessus de ce fourmillement. L'arbre était trop haut pour que quiconque puisse la voir, mais elle avait une vue imprenable sur le tableau.Des dizaines de personnes de tout âge s'affairaient autour d'un énorme rocher plat parfaitement lisse, derrière lequel coulait une longue et silencieuse cascade d'eau claire. A quelque centaines de mètres plus loin, un immense dôme en pierre couleur sable se dressait là. Sa forme symétrique contrastait avec la sauvagerie du reste du paysage.
Les vieilles femmes disposaient délicatement des centaines de fleurs de toutes espèces sur le rocher, tandis que les hommes plantaient dans la terre molle des torches en ligne droite, formant une allée centrale jusqu'à l'estrade naturelle. Sur le côté, des centaines de petites boules jaunes avaient été entassées dans une caisse pour une utilisation ultérieure.
Les rires et l'excitation résonnaient parmi les petites mains. La joie était palpable et les enfants courraient entre les jambes de leur parents, s'amusant à sauter du rocher et se lancer des pétales de fleurs les uns sur les autres.
Le tableau était idyllique. La fête qui s'annonçait promettait d'être sublime.
La jeune fille détourna le regard de ce spectacle et croqua une nouvelle fois dans le fruit pour ravaler la bile coincée dans son larynx.
L'initiation avait toujours été un moment heureux et fêté de manière grandiose. Cette cérémonie représentait le renouveau, l'espoir et le courage. Mais à présent, cela n'avait plus aucun sens.
Son regard se posa sur un homme habillé dans un uniforme vert sombre. Droit comme un I, les bras croisés sur son torse, il fixait intensément les préparatifs du spectacle, les sourcils froncés. Il se dégageait de lui une autorité sévère que ses yeux plissés ne faisaient qu'accentuer. Son regard avait des reflets ambrés comme beaucoup de son espèce et ses cheveux bruns étaient coiffés en brosse. Tout en lui criait son rang de soldat et son aversion pour tout ce qui ne concernait pas le domaine militaire.
La jeune fille dût se retenir de toutes ses forces pour ne pas lui envoyer le reste de sa pomme en pleine face au risque de causer un incident diplomatique. Encore.
Elle soupira et laissa sa tête tomber contre le tronc. Elle ferma les yeux, laissant le soleil réchauffer son visage, et s'efforça de concentrer son esprit sur le bruit délicat de la cascade.
Le bruit de l'eau l'avait toujours apaisée. Et par tous les ancêtres, elle allait devoir faire preuve d'un calme olympien si elle voulait que cette journée se termine sans encombre.
_ Cela fait une heure et demie que Dolorès te cherche partout pour ton cours de Géopolitique. Déclara soudain une voix sortie de nulle part.
La jeune fille sursauta et retint un hoquet de stupeur. Elle chancela et se rattrapa de justesse à une des branches au-dessus de sa tête.
_ Aziel ! Siffla-t-elle entre ses dents en penchant la tête vers le sol. Comment peux-tu être aussi silencieux ?!
Elle le vit croiser les bras en s'adossant contre le tronc de l'arbre. D'ici, on voyait bien son visage contrarié. Ses yeux chocolat étaient à demi fermés, comme ébloui par le soleil. Ses cheveux, de la même couleur que ses yeux, étaient coupés courts et bien coiffés. Il portait un pantalon marron et un t-shirt ajusté beige foncé réglementaire à la garde, et dans son dos, deux sabres courts étaient solidement attachés à un harnais qui venait se fermer grâce à une ceinture sur son torse.
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L'EXODUS Tome 1 : La marque
Novela JuvenilDans chaque être vivant circule une énergie. Un flux circulant dans les tréfonds de la Terre, qui s'est amassée dans des totems. Deux catégories existent alors, ceux qui ont conscience de ce flux, les tribus maîtresses, et les autres, les Aveugles...