Chapitre 5

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Je suis troublée. On se dirige vers la maison, juxtaposée à la mienne, celle de Matt et Théo. On entre et leur père, Bastien, vient me saluer et récupérer ma valise. J'avais presque oubliée à quel point il peut ressembler à Théo. Mais la vérité me rattrape très vite. Ce sont, eux aussi, des anges et des démons. De nature curieuse, je me demande qui est l'ange et le démon. Un jour se défaut me perdra, j'en suis sûre.

"L'ange, c'est moi, Audrey.

Je sursaute, écarquille les yeux et me tourne en direction d'Helena. Bastien et Matt me regarde en souriant. Ils se foutent de moi, merci. Je débarque moi, j'ai pas l'habitude de tout ça encore. Je suis comme un campagnard qui débarque dans une grande ville. Je suis pas habituée.

-M-mais comment tu as su ce que je pensais? Dis-je, incrédule.

-Tu vois, Audrey, mon pouvoir à moi, c'est la télépathie. Et c'est fort pratique pour savoir pour avoir toutes sortes de renseignements.

Elle tourne la tête et pose son regard sur son fils, qui est d'ailleurs toujours derrière moi. Elle le scrute du regard et Matt baisse le regard. Intérieurement, je rigole, il doit peut-être se faire engueuler. C'est assez drôle, je trouve. Elle se retourne vers moi avec un immense sourire et dit:

-Je suis contente que tu es acceptée de venir à la maison. On t'aidera du mieux qu'on peut, tu fais partie de la famille, tu sais. Le conseil mettra du temps à attraper le meurtrier de tes parents. Ta chambre est prête, elle se trouve au premier, tu t'en souviens non?

-Oui. Mais qu'est-ce que le conseil?

-Nous t'expliquerons tout ça plus tard, ne t'en fais pas. Matt accompagne Audrey jusqu'à sa chambre. Ma puce, Bastien t'apportera tes valises, ne t'en fais pas, je dois juste lui parler quelques minutes.

-Ne t'embête pas avec ça, je vais les monter et puis Matt va m'aider hein? Je lui lance un grand sourire et lui me fusille du regard.

-Parfait."

Je donne mes sacs à Matt et je passe devant pour monter dans ma chambre. Je lance à Matt:

-Ça ne devrait pas te déranger grâce à ta super force non? Tu veux peut-être de l'aide? Je ricane toute seule tandis qu'il peste derrière moi.

-Tu devrais pas jouer à ça, Audrey. Lance avec un ton de défi.

J'arrive devant ma chambre et je fais comme chez moi. J'ai l'habitude puisque c'est là où je dormais quand je venais chez eux. J'ouvres les rideaux et la fenêtre. Un courant d'air s'infiltre dans la pièce et j'apprécie cet air pur. Il ne fait pas si froid que ça pour un mois de novembre. Je me décide à répondre au brun qui attend toujours une réponse. Le taquiner me permet d'oublier momentanément les événements récents et ça fait franchement du bien.

-Oh, j'ai si peur.

Un sourire en coin apparaît aux bords de ses lèvres. En une fraction de seconde, il arrive devant moi et attrape mes poignets d'une seule main. Je peste devant son air satisfait et ma respiration se fait irrégulière lorsqu'il s'approche de mon visage. Trop près. Je sens que mes paumes deviennent chaudes mais je ne pense pas que ça soit naturel. Une idée germe dans mon esprit. Je parviens à poser ma paume sur son torse et dans la seconde qui suit il hurle comme une petite fille et ma lâche. J'éclate de rire devant sa mine stupéfaite.

"Alors, on me sous-estime? Dis-je fière de moi avec les mains sur les hanches.

-Non, tu es juste une femme, dit-il en souriant de toutes ses dents.

-Pardon? Si je te suis bien, parce que je suis une femme, tu pense que je ne peux pas te faire peur ou te battre?

Je déteste par-dessus tout les paroles machistes. Penser que la femme est une "race inférieure" me donne de l'urticaire et une envie irrépressible de mettre mon poing dans la gueule du mec. Je m'approche dangereusement de lui, réellement en colère. D'habitude, il n'est pas comme ça, il est comme moi, ces paroles l'insupportent. Mais je suis bien trop énervée pour penser de façon rationnelle. Pourtant, de nature calme, je m'énerve que très rarement, mais cette fois-ci, je sens une énergie furieuse coulée en moi et se déversait tout autour de ma peau. Je ne sors de ma transe que lorsque j'entends un bruit sourd et des cris. J'ouvre immédiatement les yeux et tombent sur les genoux, choquée. La scène qui se déroule devant moi me paraît lointaine. Matt est à terre avec la joue brûlée et des coupures brûlantes sur le bras, Helena est à ces côtés et Théo me retiens les bras. Qu'est-ce que j'ai fais? Je me sens terriblement nauséeuse, tout mes membres tremblent comme des feuilles. Quand j'essaye de me remémorer ce qu'il vient de se passer, un immense vide s'offre à moi. Je n'ai aucuns souvenirs, comme si tout avait été effacé.

"Qu'est-ce qu'il s'est passé? Dis-je d'une voie tremblotante.

-Tes pouvoirs se développent trop vite, Audrey. Il faut vraiment que tu apprenne à les contrôler. Dit Helena, avec inquiétude.

-C'est moi qui t'ai fait ça Matt?

-Non, ce n'est pas de ta faute. J'ai voulu te taquiner, et tes pouvoirs sont tout récents, tu ne les contrôlent pas encore. C'est normal, ne t'inquiète pas.

-Si c'est moi qui ai fait ça, je-je ne veux pas vous faire de mal.

-Il faut juste que tu apprenne à contrôler tes émotions et tes pouvoirs. Nous allons t'apprendre. Me dit Helena.

J'entends ces mots pourtant dans ma tête, ils ne parviennent pas jusqu'à ma raison. Je tremble encore de peur, je me dégoûte. Je ne peux pas rester avec eux, je risque de les blesser. Je peux pas. Je dois partir, je...

Je sors de ma chambre en courant et descends les escaliers quatre à quatre, en évitant de tomber plus d'une fois. J'ouvre la porte d'entrée sans me préoccuper des appels que me lance la maison. Je cours derrière la maison car je sais que plus loin, il y a une forêt où nous avions l'habitude d'aller. Je suis un monstre. Je ressasse sans cesse cette pensée et court. Mes mollets me brûlent. Je crois que je n'ai jamais autant couru de toute ma vie. En l'espace de quelques heures, j'ai plus couru que dans toute ma vie réunie et soit dit en passant, ma vie a complètement basculée. Pourquoi je fuis mes problèmes me diriez-vous? Car je n'en ai tout simplement pas la force. Je suis faible. Je n'ai jamais eu à affronter énormément de problèmes et là maintenant que je dois en gérer beaucoup à la fois, je ne le supporte pas, c'est trop. Cette dure réalité me frappe aussitôt. Non mais vraiment la réalité me frappe. En courant sans regarder où j'allais, je viens de me prendre une branche dans la tête. Boulet.

"Putain, ça fait mal!" Dis-je

Je réalise à ce moment-là que je suis perdue dans une forêt au milieu de nulle part. Génial. J'adore ma vie. Pourquoi je réagis toujours comme ça? Aussi impulsivement? Je devrais réfléchir avant d'agir mais non. Moi, j'agis puis je réfléchis.

"Raaaaaaaaaaah!!!"

Je crie de toute mes forces pour évacuer toutes les émotions qui me submergée il y a quelques minutes. Soulagée de tout ce stress et toutes ces émotions négatives pour un laps de temps, je décide de prendre mon portable. Parfait, pas de réseau. Évidemment, sinon c'est pas drôle. Ben oui, c'est plus marrant quand vous ne pouvais joindre personne. Puis je me rappelle. Qui aurais-je pu appeler. Pas les Dorsan. Et mes parents... Je suis un monstre. Je ne suis pas humaine. Je ne suis pas normale. Pourquoi tout cela m'arrive à moi? Je n'ai pourtant rien demander, à part vivre normalement. Je m'accroupis près d'un arbre et pleure silencieusement. Pleurer me permet d'évacuer. Je ferme les yeux et continue de pleurer.


Ange ou Démon?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant