Chapitre 7

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J'ai faim. Le soir arrive et nous rentrons assez tard. La nuit est tombée alors que nous passons la porte d'entrée. Je pose mon manteau et je monte directement pour poser mon sac. Je redescends et aide Helena pour le dîner. J'aime bien cuisiner. L'odeur du poulet rôti me met l'eau à la bouche. Je regarde à gauche, Helena est occupée avec les assiettes, et personne à droite. Je prends une fourchette et pique dans le poulet pour y goûter mais un raclement de gorge me stoppe.

"N'y penses même pas, Audrey, me gronde Helena. Vas chercher Théo dans sa chambre, s'il te plaît.

Je soupire et monte le chercher à contre-cœur. J'ouvre la porte de sa chambre violemment et il sursaute. Je prends la voix la plus mielleuse que je peux avoir et lui dit:

-Allez, vient le gros, on va manger. Dis-je tout en souriant.

-Eh, petite effrontée, dit-il en mimant un choc, en plus, je suis pas gros, je te rappelle que je suis un surhumain et que je me dépense.

-Roh, vous me soûlez avec cette histoire. Déjà que vous étiez narcissiques, vous l'êtes encore plus maintenant. Ça va être horrible de vous supporter.

-T'es sûre de toi là?

Oh, oh. Je suis dans la merde, les gars. Je commence à courir et dévale le plus rapidement les escaliers. Je sais très bien ce qu'il veut faire. Mais étant légèrement bête sur les bords et ayant une courte mémoire, je me prends un Théo en pleine face, qui est arrivé avant grâce à sa stupide vitesse. Moi? Mauvaise perdante? Non, vous vous trompez. Il m'attrape et commence sa torture. Je hurle de rire, je n'en peux plus. Je m'écroule par terre et ce sal... méchant continue de me faire des chatouilles, même à terre. Alors que j'essaye de reprendre mon souffle, une seconde masse se jette sur moi. Mais c'est pas vrai! Matt commence lui aussi à me chatouiller. Je commence à ne plus pouvoir respirer tellement ils me chatouillent. Je me dit qu'il faut que j'abdique lorsqu'une toute petite main me prend le bras et essaye de me sortir de là. Mya, la dernière des Dorsan, leur petite sœur, me sourit et me tire de toutes ses forces mais en vain. Dans un souffle, je parviens à dire aux garçons de me laisser faire tirer par celle-ci et ils acquiescent. Je me laisse tirer par Mya, qui est aux anges. Je me redresse et me met à genoux pour la prendre dans mes bras.

-Merci mon cœur.

-De rien, il fallait bien que je t'aide. Tu es de la famille.

Ces mots me touchent énormément. Les larmes me viennent aux yeux mais je ne les laissent pas couler. J'ai dit que je ne pleurerai plus. Mon cœur s'enveloppe d'un voile de douceur et de tendresse infinie envers ce petit être tout simplement mignon à croquer. Plus tard, elle fera tourner des têtes, j'en suis sûre. Ces boucles anglaises blondes et ses yeux bleus océans ne laisserai personne de marbre. Je me demande quand est-ce qu'elle fera sa transformation.

-Je t'aime énormément ma petite chérie.

-Je t'aime aussi beaucoup Audrey.

Je resserre notre étreinte et la porte pour l'amener dans la salle à manger. Théo et Matt, qui ont regarder cette scène attendrissante, me lancent un sourire qui signifie beaucoup pour moi. Je commence à faire clairement partie de la famille Dorsan. Et ça me fait le plus grand bien. Je crois que je n'ai pas autant ris depuis jeudi. Mais ce mercredi cela risque d'être autre chose. Nous mangeons tous ensemble et sans soucis. J'aide Helena à débarrasser la table et à faire la vaisselle. Elle en profite pour me parler et me dit:

-Tu sais, Audrey, on m'a dit un jour que ce que l'on souhaite arrive toujours au moment le plus improbable. Ne cherche pas quelque chose qui est sous tes yeux.

Elle place les derniers couverts et me laisse, seule, dans la cuisine. Je médite sur les mots qu'elle vient de me dire mais ne comprends pas son but. Qu'entendez-t-elle par là? Je place la dernière assiette et vais dans le salon. Ils sont tous installés devant la télé. Bastien et Helena se tiennent la main et Bastien lui fait des bisous par moments. Mya est assisse par terre et rigole face au dessin animé qu'ils regardent. Théo regarde avidement le dessin animé comme sa sœur. Quant à Matt, il regarde sa sœur, tout sourire et il sourit lui aussi. C'est une vision de la famille parfaite. Ça me réchauffe le cœur de voir cette scène. Je les regarde et m'appuie sur l'encadrement de la porte. A ce moment-là, Matt dévie son regard vers le mien. Ces prunelles m'incendient et je lui sourit. J'annonce à la petite famille que je vais me coucher, je souhaite bonne nuit à tout le monde et bien entendu à ma petite Mya. Je vais dans leur salle de bain, et me prépare pour dormir. Je retourne dans ma chambre, met mon pyjama qui se compose d'un short et d'un tee-shirt plus grand que moi. Je prépare toutes mes affaires pour demain et me couche. Les paroles d'Helena tourne en boucle dans mon esprit et je m'endors sur ses mots.

Non... Pas encore ce couloir...

J'avance comme à chaque fois que je fais ce cauchemar. Bizarrement, le couloir est éclairé. La personne est toujours de dos. Cette atmosphère me met extrêmement mal à l'aise. J'ai l'impression de ne plus pouvoir respirer. Ma respiration se fait saccadée et j'ai de plus en plus de mal à avancer.

Soudain, des mains m'attrapent de nulle part et me recule de ce personnage qui est de dos. Les mains m'entraînent toujours, je me débats. Lorsque j'entends de l'eau et des vagues, je panique. Je me débats le plus possible, j'essaye de les mordre ou de les frapper. J'essaye même d'utiliser mes pouvoirs mais rien.

Les mains me plongent dans l'océan et me maintiennent en profondeur. Je commence à manquer d'air et ma vue se trouble. Ça y est, c'est la fin. C'est donc comme ça que je vais mourir? Face à ma plus horrible phobie, la peur de me noyer? Malgré que l'élément eau soit celui qui me procure le plus de force, c'est aussi lui qui peut me détruire. Je n'ai plus de souffle, je ferme mes yeux et me laisse aller...

Je me réveille en sursautant. J'ai des frissons et des sueurs froides dans le dos, sur le front et la nuque. J'aspire plusieurs goulées d'air. C'était si réel... J'avais vraiment l'impression de ne plus pouvoir respirer. J'essaye de me calmer mais je n'y parviens pas. Je commence à paniquer. Il faut que je sorte. Immédiatement. Je dois aller dehors. Il me faut de l'air. Je me lève du lit et court jusqu'à la porte de derrière. Je me précipite dehors. L'air frais de la nuit vient me claquer le visage et fouetter mes jambes nues. J'essaye de calmer ma respiration en mettant ma main sur ma poitrine. J'inspire, j'expire. Inspire. Expire. Je me calme petit à petit même si cette horrible sensation ne me quitte pas. Une main se pose sur mes épaules puis une veste. Je ne me retourne pas, je sais qui c'est. Je m'avance et parcours le jardin, pieds nus. Je lève ma tête vers le ciel. Celui-ci est bien dégagé et laisse apparaître les millions d'étoiles qui le composent. Le froid commence à me geler les pieds mais je l'ignore, j'ai besoin d'air.

-Tu veux me dire ce qu'il se passe dans ton cauchemar?

Je me retourne et réponds négativement à Matt.

-Ça pourrait t'aider, tu sais.

-Je sais.

Je ne veux rien dire pour l'instant. Il ne pourrait pas comprendre et je ne veux pas inquiéter mon entourage. Je respire un peu mieux et plus régulièrement. Je commence à avoir encore plus froid. Le vent vient caresser ma joue et mes cheveux. Je suis bien. Mais je me sens comme prisonnière, mais de quoi? Je n'en ai aucune idée. Deux bras m'enlacent. J'ai déjà un peu plus chaud. J'aimerais que cette histoire s'arrête mais je sens que ce n'est que le début. Et cela ne fera qu'empirer. Je le sens.

-N'aie pas peur, je serais toujours là quoiqu'il arrive."

Ces mots me font du bien et les battements de mon cœur s'accélèrent légèrement quand il colle son torse à mon dos. J'attrape ces mains et me laisse aller dans ces bras. Ces mots résonnent dans ma tête. J'ai si chaud maintenant que je pourrai me liquéfier sur place. Je déglutis et pose ma tête sur son torse. Il me berce doucement alors que je ferme les yeux et que je cale ma respiration sur la sienne. Sa respiration est calme, pourtant, les battements de son cœur sont irréguliers. Je m'assoupis sur cette mélodie.

Ange ou Démon?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant