Chapitre 5 : Vivra, vivra pas...

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Narrateur : MAIS C'EST QUI, BORDEL ?!

Antoine : T'as pas le droit de me lâcher, Math'. Tu m'entends ? Tu n'as pas le droit de mourir !

   Je ne suis pas sûr qu'il l'entende. Il perd connaissance. Quelqu'un s'approche.

Inconnu : Qu'est-ce qu'il se passe ?

Antoine : Il a reçu deux balles.

   L'inconnu appelle alors un groupe de pompier, à la recherche de blessés. Ils s'approchent.

Pompier : Lâchez-le, monsieur. On s'en occupe.

   Mais Antoine n'y arrive pas. Mathieu agonise, il n'a pas le courage de le lâcher une seconde. Allez, Antoine, courage. Fais-le, pour qu'il vive. Bon, c'est finalement le pompier qui lui retire ses mains, doucement, pour ne pas choquer Antoine plus qu'il ne l'est déjà. D'ailleurs, il se remet à tousser, et cracher du sang. Un autre pompier l'allonger, puis le transporte sur un brancard.

Je le vois partir. Il m'a laissé avec Mathieu. Qui, lui aussi est transporté à l'hôpital. Il est dans le même camion qu'Antoine. Ils suivent le même chemin vers la salle d'opération, qui est déjà bien remplie. Ils sont côte à côte, une dizaine de médecins s'agitent autour d'eux. Je suis sur une petite table entre le lit d'Antoine et de Mathieu, je peux voir les deux. Ce dernier a un masque à oxygène, ils lui ont retiré son T-shirt.

   Antoine est encore conscient, il crache encore du sang, de plus en plus. Les docteurs ont commencé par s'occuper de Mathieu, au bord du décès. Ils l'opèrent, l'ouvrent, le trifouillent pour retirer la mort de son corps. Son amoureux le regarde, les larmes aux yeux. Il le regarde lutter contre la mort, lutter pour survivre. La machine qui mesure son rythme cardiaque émet des bips, qui sont trop espacés les uns des autres. Deux fois, ils ne forment plus qu'un seul biiiiip long, avant de reprendre le rythme d'avant, suite au défibrillateur. Moi aussi, je contemple le spectacle macabre et écœurant. Mathieu Sommet, seulement 27 ans, la vie devant lui, presque derrière. L'injustice du monde, qui frappe ses victimes innocentes. Injustice que les super-héros, qu'on appelle médecins, combattent, sans abandonner. J'imagine que comme moi, Antoine les soutient, du moins mentalement.

   Un médecin vient voir Antoine, avec un plateau qui contient du matériel d'opération.

Médecin : Vous avez plusieurs hémorragies internes. Pas le temps d'attendre que vous vous soyez endormi, on doit vous opérer tout de suite.

   Il commence à l'ouvrir pour l'opérer. Antoine hurle. Ça dure deux minutes, peut-être cinq, peut-être dix, à se faire charcuter pour être sauvé, le temps qu'il s'endorme sous les effets de l'anesthésie. Mais pour nous, ça semble durer une éternité.

   Trois heures. Trois heures le temps qu'il soit hors de danger. Le temps que les médecins le sauvent. Ils l'emmènent en salle de réveil sûrement. Je ne sais pas, je reste avec Mathieu. Il n'est toujours pas sorti. Deux heures de plus qu'Antoine, encore, il reste dans le coma. Puis, il est transporté dans une chambre. Je ne sais pas combien de machines autour, qui le relient à la vie. Une chambre lumineuse, blanche. Et moi, à côté de lui. Je passe mon temps à le regarder, à le veiller. Il a des cernes abominables, signe de fatigue, signe qu'il se bat. Il a intérêt, quand même !

   Antoine est guéri. Il vient le voir tous les jours. Il passe son temps à lui tenir la main, à lui parler, l'encourager. D'autres personnes viennent régulièrement le voir. Nyo, Alexis, Linksthesun, les Joueurs du Grenier, Kriss, ses parents, des amis, de la famille. Antoine conduit les parents de Mathieu à l'appartement de leur fils, qu'ils puissent être logés, et près de leur fils.

Matoine : 13, chiffre de la chance ou de la malchance ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant