Protégée

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Ethan se réveilla avec un mal de tête horrible. La nuit dernière avait été agitée. Il avait rêvé de son ancienne vie. Une vie au cours de laquelle il avait été le plus puissant des mages. Mais il avait rencontré une jeune femme. Hors un mage comme lui ne devait pas avoir de femme dans sa vie, c'était trop dangereux. Pour elle comme pour lui.

Mais lorsqu'il l'avait vu il n'avait pas pu résister. Il avait traversé le village à cheval avec plusieurs de ses compagnons. Ils avaient du s'arrêter pour la nuit. Dans l'auberge une jeune femme les avait servies. Elle était la fille de l'aubergiste. Ses cheveux brun-noir étaient relevés en un chignon simple. Sa robe était plus sage et décente que celle des autres demoiselles. Les autres laissaient leurs corsages bailler, leurs chemises et leurs camisoles ouvertes dévoilant plus de peau que la bienséance ne l'oblige. Son sourire innocent et sa manière de rougir était tous bonnement exquise. Elle lui avait plus tout de suite. Toute la première semaine il lui avait discrètement fais la cour. Puis la seconde il l'avait fait plus ouvertement. Mais elle était très réservé et ne lui disait rien sur elle. Elle acceptait de lui parler de cuisine, de livre et des légendes du coin mais de rien d'autre.

Lui et ses compagnons étaient venu car il était évidant que d'après les rumeurs une mage vivait dans le coin. Elle était extrêmement puissante. Ils devaient la trouver avant que la population ne prenne peur et ne la tue. Car si elle devait lutter contre eux elle finirait sans doute par devenir une sorcière. La ville n'en avait pas besoin. La mage avait redonné vie au comté et avait fait revenir le petit peuple magique. Mais si jamais elle réveillait sa part obscure, elle réveillerait le peuple maléfique. Le jour du solstice elle devait effectuer la cérémonie du renouveau. Si elle était interrompue la magie serait pervertie ou mourrait dans cette partie du pays. Si la nouvelle Angleterre était privé de sa protectrice une vague de panique s'abattra sur la ville.

Ils avaient réussi à la trouver le jour du solstice. Mais après les villageois. Ce fut cette jeune femme discrète et réservé qu'il aimait qu'ils trainèrent sur la place du village. Elle avait les pieds et poing liés. Ses cheveux étaient lâchés et tombaient sur ses épaules. Elle portait une robe blanche et large de cérémonie, mais le bas de la robe commençait déjà à devenir noir. Ils apprirent que sa défunte mère était la sœur du maire. De ce fait ils descendaient des créateurs de la ville dont la jeune fille portait le nom. Elle se prénommait Salem. Elle serait la première d'une longue série de femmes jugées pour sorcellerie. Mais elle serait là seule à avoir jamais été dotée de pouvoirs magiques.

Lui qui étaient pris pour un esclave, celui de son camarade de voyage ne put s'indigner sous peine d'être puni. Tous pensaient qu'il était encore esclave alors que son maître l'avait affranchi plusieurs années au par avant. Mais un esclave bien habillé, ayant une connaissance pointue des lois comme lui était plus respecté qu'un affranchi.

Ils auraient dut trouver comment la protéger. Mais ils ne pouvaient pas. Son oncle le maire avait lui aussi des pouvoirs et était visiblement un puissant sorcier Et si pour garantir sa sécurité, il devait sacrifier sa propre nièce ; il le ferait sans hésiter. Sur le parvis de la mairie, il regardait dans son costume brun, cette dernière être traitée avec moins d'égard qu'une esclave. Il restait impassible comme l'obligeait sa fonction. Même lorsque son beau frère se jeta à ses pieds il le repoussa d'un geste. Le pauvre aubergiste revint et se vit repoussé par cet homme auprès duquel il cherchait du soutien. L'homme de loi lui balança un grand coup de pied dans les cottes. Le père de la jeune magicienne roula au bas des marches. Et là les autres habitants le rouèrent de coup pour avoir élevé une telle abomination. La jeune femme hurla, s'élança pour tenter de le rejoindre. Mais ses gardes l'en empêchèrent très fermement. Elle se retrouva projetée au sol lorsque les villageois relevèrent son père. Le pauvre homme avait la face ensanglantée, la chemise sale entre ouverte sur un torse musclé. Un de ses meilleurs amis lui donna un violent coup de poing dans l'estomac. Elle hurla. Un cri à vous glacer le sang, il venait des tréfonds de son âme qui en serait à jamais changée. Sa robe changea brutalement de couleur et devint noire. D'un noir profond, tellement qu'Ethan sentait que s'il le fixait trop son âme serait aspirée. La coupe même avait changée. La longue robe blanche, large, longue et fluide avait laissée place à une robe noire moulante, dévoilant un décolleté avantageux.

Salem avait pris la véritable mesure de son pouvoir en devenant une sorcière. Sa fureur fut telle qu'il se mit à pleuvoir, un vent violent s'était levé, les animaux se rebellaient et toutes les vitres du village venaient de voler en éclats. Un garde lui frappa l'arrière de la tête avec la crosse de son fusil de chasse. Cela eu pour effet de lui faire perdre connaissance.

<< Faites la mettre aux fers. Quand à lui, il désigna le père de la jeune femme, une lueur lubrique dans le regard, faites le porter chez moi. Je dois prendre soin de mon beau frère qui après avoir perdu sa femme, perd sa fille. Il est fragile et il faut éviter qu'il fasse quelque chose d'inconsidéré et ne se blesse. Je vais garder un œil sur lui. >>

Ethan fit la grimace :<< Plus qu'un œil, je pense que tout ton corps de sale gros porc sera sur lui. >> pensa-t-il. Le mage était très ouvert d'esprit et ne considérait pas que l'amour entre deux hommes fût une chose contre nature. Non mais c'était son beau-frère, le veuf de sa sœur, de plus il allait faire tuer sa fille le lendemain matin. Il croisa le regard du garde qui emmenait celle qu'il aimait. Il sut qu'il pourrait aisément le soudoyer. Mais grâce à Adrian son compagnon de route ce ne fut pas nécessaire. En tant qu'étranger, riche de surcroit tous lui faisaient étrangement confiance. Il fut donc convenu que la jeune fille passerait sa dernière nuit dans la demeure qu'ils louaient. Cela arrangeait vraiment le mage noir. Jamais son cœur n'avait battu aussi fort que pour elle, jamais son entre jambe ne s'était plus manifesté qu'en sa compagnie. Il s'imaginait mal vivre sans cette jeune sorcière alors que quelques semaines au par avant il était persuadé de ne jamais tomber amoureux. Et là il s'apprêtait à perdre cette femme, Salem, cette sorcière qu'il aimait.


Les protégés de SalemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant