La Voix de l'Histoire

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Cette histoire s'inspire de faits réels. C'est l'histoire d'un certain Latif Yahia, un soldat des troupes Iranienne à l'époque de Saddam Hussein. Ce soldat a été obligé de supprimer son ancienne identité pour devenir la doublure du fils du dictateur, Uday Hussein. Je ne pourrai jamais transmettre le dégoût et la colère qui m'étouffaient quand je l'entendais raconter son histoire. Aujourd'hui, j'ai le cœur qui se serre quand je vois un arabe, par ignorance certes, présenter Saddam dans l'habit du héros. Et ce n'est pas uniquement le cas de Saddam, on trouve cette réaction absurde suite à chaque chute de dictateur. Quelques années après la chute du Général Kadhafi, un groupe de gens ont commencé à le pleurer comme on pleure un héros populaire mort en martyre entre les mains de l'ennemi. Est-ce simplement un syndrome de Stockholm? Pas vraiment. Il y a aussi de l'ignorance, et s'y rajoute un manque de repère et un trouble d'identité. Le dictateur est puissant, tyrannique, il domine par la peur. Il n'est pas remplacé et n'est pas remplaçable, même s'il y a un système de vote dans le pays. Des générations naissent et grandissent dans son ombre. Et même s'il reste humain, la toute puissance et le règne sans fin envisageable finissent par lui conférer un reflet divin dans les esprits, il finit par devenir le visage du pays et le visage de l'identité de tout un peuple. Sa chute est suivie généralement de plusieurs années de désordre et de décadence puisque le peuple se retrouve soudain avec une liberté qu'il n'a pas appris à gérer avec responsabilité. Le pays plonge dans la crise et commence alors à ressurgir l'image du tyran clément, du bourreau sauveur. Saddam a été tué par les américains un matin d'Eid, transformant cette fête commune à tout le monde arabe en deuil commun. Je suis sûre qu'avant ce jour, chaque arabe, à l'exception des collaborateurs, aurait souhaité tuer ce monstre de ses propres mains. Mais le fait qu'il soit tué au pire moment de l'année et par ce que de nombreux arabes considèrent comme "l'ennemi commun", donne à sa mort une autre dimension, et nourrira son image de héros malgré un passé diabolique et criminel que l'Histoire ne cessera de raconter. Saddam Hussein reste et restera un tyran, un dictateur et un lâche qu'on finit par trouver caché dans un trou avant de lui donner la Mort qui en fera de lui un héros. 

 

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La Cellule - [TERMINÉE]Where stories live. Discover now