"Toute méchanceté a sa source dans la faiblesse" -Sénèque-
Mardi 1er août
Cher journal, je tombe des nues ! Thomas m'a effectivement parlée... et il faut dire que je ne m'attendais pas à cela... Comment ai-je pu ne pas remarquer ?
Nous étions assis sur la plage, à discuter de tout et de rien. Juste lui et moi.
Brusquement, alors que nous étions restés silencieux pendant quelques minutes, à fixer le large, il a commencé à parler :
« J'étais quelqu'un de sensible. »
Je l'ai regardé, étonnée. Puis, il a repris :
« Alors, forcément, les mots et les insultes me blessaient profondément. » Il a marqué une pause. « Je rentrais souvent à la maison avec des ecchymoses et des blessures. Mes parents pensaient que je me battais; du coup ils me grondaient et me punissaient. Je ne disais rien; j'étais trop effrayé. Leur représailles m'angoissaient. Mais je n'avais pas peur pour moi, pas du tout, mais pour ma Lily. Il m'avaient juré que si j'ouvrais la bouche, ils s'en prendraient à elle. J'ai vraiment été stupide. »
Il a fermé les yeux et a respiré un grand coup, les yeux brillant de larmes qui ne coulaient pas.
« Je ne me suis jamais affligé de la douleur moi-même, mais j'ai bien failli. J'avais arrêté de croire en moi, je me sentais nul, inutile, je pensais que tout serait mieux sans moi.
J'ai hésité à en finir. J'étais là, debout devant mon lit, ma lettre rédigée sur mon bureau, tenant une boîte de médicaments dans ma main. Ma conscience me chuchotait que ce serait rapide, que je ne sentirai rien, que je n'avais qu'à les avaler et qu'après tout serait fini; mon malheur s'arrêterait.
Mais, mon coeur, lui me criait de m'accrocher à ma pauvre vie. Alors, j'ai commencé YouTube, et j'ai tenu bon, je me suis accroché cette ficelle et je l'ai tirée. En m'exprimant dans mes vidéos, je m'évadais, et j'oubliais.
Un jour, j'en ai eu assez. C'était trop. Alors, j'ai pris mon courage à deux mains, et j'ai parlé. Bien-sûr, mes parents m'ont reproché de m'être tu, ils s'en sont voulu de ne pas avoir remarqué que j'allais mal et que je le cachais; mais je ne pouvais pas parler.
J'ai finalement changé de lycée. »
Il s'est tourné vers moi :
« Quand j'ai décousu ma bouche, je me suis senti délivré. Hier, tu me demandais pourquoi je voulais te dire cela, et en quoi cela pourrait t'aider ? »
J'avais simplement acquiescé, les yeux larmoyants.
« Eh bien, parce que je vois en toi celui que j'étais il y a à peine un an. S'enfermer et s'emmurer dans le silence ne sont pas les bonnes solutions, tout comme arrêter de croire en soi et écouter les horreurs que te disent les autres. Il faut parler. Je sais, c'est difficile de briser les murs, mais il le faut. Et, si tu ne veux pas parler à tes parents, tu devrais parler à quelqu'un d'autre, une personne en mesure de t'écouter et de t'aider. »
Au final, il me ressemble beaucoup. La seule différence est qu'il est épanoui et moi pas. La seule différence, c'est que j'ai franchi le pas. J'ai déjà craqué.
Peut-être que je devrais lui en parler, tout lui dire. Mais, je pense qu'il a déjà compris ; sinon, il ne m'aurait pas confié ce qu'il m'a confié. On ne raconte pas ce genre de choses à n'importe qui. Il y a toujours une raison.
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Summer Love ➵ Thomas Brodie-Sangster
FanfictionLorsque Marie, seize ans, débarque à Saint-Raphaël avec sa famille pour un mois de vacances, elle ne se doutait pas qu'elle rencontrerait une personne qui bouleverserait sa vie. Perdue, elle ne sait plus où elle en est. Lui l'est plus qu'il ne le la...