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« On doit aimer son prochain comme soi-même ; ne pas lui faire ce que nous ne voudrions pas qu'il nous fît. » -Confucius-


Mardi 3 août -soir-

Je me sens si légère, si soulagée, comme si l'on m'avait libérée d'un poids qui m'écrasait.

Je ne regrette absolument pas ce que je lui ai confessé.

Cela a été plus difficile que prévu. J'ai...bloqué. Penser et écrire des mots sont deux choses, les dire en sont une autre.

Comme je n'arrivais pas à m'exprimer, j'ai attrapé une feuille de mon bloc et j'ai écrit. Cela semble peut-être simple, dit comme cela, mais j'ai eu du mal. Je l'ai laissé lire et découvrir ma part sombre. Je n'ai pas regardé son visage pendant qu'il lisait.

Je te disais que je ne voulais pas tout lui dévoiler ; eh bien, finalement, même si je suis restée vague, je l'ai fait. Lis par toi-même :

« La jalousie peut parfois assombrir la raison au point que l'on ne se rend pas compte du mal que l'on fait. J'avais une vie normale, simple, avec des amis et une meilleure amie à qui je disais tout. J'étais heureuse, toujours le sourire aux lèvres, toujours en train de rire, si bien qu'on m'appelait Miss Sourire. Je riais tellement avec ma meilleure amie, que nous passions pour des folles. Je ne voyais pas qu'une des mes amies nous enviait ; j'étais dans mon monde, où tout allait pour le mieux.

Puis, tout a changé. Je ne sais pas pourquoi.

Sans doute à cause de moi.

D'abord, ce n'était rien, seulement quelques sarcasmes auxquels je ne prêtais pas attention. Ma meilleure amie ne faisait aucune remarque. Je crois qu'elle ne l'avait pas vu.

On m'a ensuite reprochée d'être amie avec elle uniquement pour être « populaire ». Je déteste ce mot. Je déteste la popularité. On m'a accusée de prendre ma meilleure amie comme un modèle, ou pire, une idole, alors que ce n'était pas le cas. Cette dernière y a pourtant cru.

Les remarques n'ont cessé de se faire de plus en plus blessantes, cassantes. Mais, étant de nature discrète et timide, et ayant peur de blesser, je me taisais et endurais, pensant que cela s'arrêterait.

Toutes ces paroles sur ma personnalité ont créé une tension entre moi et ma meilleure amie. Elle a commencé à s'éloigner. Et, ils se sont tous éloignés.

Je me suis disputée avec ma meilleure amie. Notre amitié a été brisée. Elle ne m'a pas crue.

Elle aussi, elle s'est mise à me rabaisser plus bas que terre et à me blesser.

« Tu ne sers à rien »

« Va te pendre »

« Tu n'as pas de personnalité »

« Tu m'as dit que tu sentais qu'il te manquait quelque chose, eh bien, j'ai trouvé, une idole »

« Tu n'en vaux pas la peine »

« Pourquoi tu restes là ? »

« Personne n'a besoin de toi »

« Le monde serait meilleur sans toi »

« Pour moi, elle n'existe plus »

« Si seulement elle pouvait disparaître »

Ces deux phrases m'ont brisée, littéralement.

Ma meilleure amie les a prononcées non loin de moi, faisant comme si je n'étais pas là.

Chaque soir, je rentrais à la maison en feignant d'être normale, et une fois dans ma chambre, je pleurais, encore et encore, en m'agrippant à mon oreiller, le mordant et le frappant parfois. Mon coeur saignait, saignait.

Mais un jour, les larmes, le chagrin et les sanglots n'ont plus suffi.

Le jour où ma meilleure amie a prononcé ces mots, j'ai craqué. C'en était trop pour moi.

J'ai voulu soulager ma peine, mais je n'ai fait que de l'augmenter.

Mon âme s'est déchirée ce soir-là.

Je venais de plonger dans un tourbillon infini sans le savoir. Je m'étais jetée dans un labyrinthe sans sortie.

Tout n'a fait qu'empirer. Mais, je restais tout de même avec mes « amis », par peur de rester seule. C'était vraiment stupide.

Je ne voulais pas qu'on remarque ce qu'il se passait.

Devant les autres lycéens, mes amis faisaient comme si tout était normal ; et moi, je suis entrée dans leur jeu.

Il n'y avait que lorsque nous étions seuls, à l'abri des oreilles indiscrètes qu'ils me lançaient des remarques ou m'insultaient. J'aurais dû partir. Mais, avec qui aurais-je trainé ? Personne. La solitude m'effrayait beaucoup trop.

J'essayais d'ignorer leurs railleries. Comme j'étais quelqu'un de sensible, mes émotions se lisaient de suite sur mon visage. Alors, j'ai appris à les contrôler, à me cacher sous un masque, je me suis construit un mur d'impassibilité et je faisais semblant d'aller bien.

Je voulais hurler ma souffrance, mais je ne l'ai pas fait.

Je voulais appeler à l'aide, mais mes cris désespérés restaient silencieux.

Combien de fois ai-je été près de ma fenêtre, avec le vent qui me murmurait que je n'avais que quelques pas à faire ? Je n'ai pas compté. Combien de fois ai-je été assise sur le sol de ma chambre, me disant que je n'avais qu'à laisser sortir toute ma souffrance ? Je n'ai pas compté. Combien de fois me suis-je dis qu'un long sommeil soignerait mon âme et mon coeur dévorés par le supplice ? Cela aussi, je ne l'ai pas compté.

Mais, je ne me suis pas laissée noyer par mes tourments, car les visages de ma famille s'imprimaient dans mon esprit.

Alors, depuis maintenant des mois, je survis. Parfois, j'ai peur que le mince fil qui maintient ma tête hors de l'eau ne se casse. Mais, il est solide malgré tout.

J'ai cessé d'avoir confiance en moi, et me suis remise en question : qui suis-je ? Je n'ai pas trouvé, et ne trouve toujours pas. »

Quand il a lu ma feuille, il m'a regardée, au bord des larmes, et m'a attrapée par la taille. Je sentais son souffle dans mon cou. Je l'ai serré très fort. Je ne voulais pas qu'il me lâche. Nous étions tellement collés l'un à l'autre que c'en était douloureux.

On est restés un long moment comme cela, l'un contre l'autre. Je crois qu'on en avait besoin tous les deux.

Ses lèvres ont effleuré le lobe de mon oreille et m'ont chuchoté :

« Je vais te tirer de cet enfer »

Des frissons ont parcouru mon corps.

On est restés blottis l'un contre l'autre tout le reste de l'après-midi. Juste comme ça. Sans rien dire. Quelquefois, aucun mot n'est nécessaire pour exprimer son ressenti. 

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Hello !

Que pensez-vous de tout ça ? Pour vous, qu'a fait Marie ? J'aimerais bien avoir votre avis :)

-Laetis xxx


Summer Love  ➵ Thomas Brodie-SangsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant