Prologue

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"Chère personne qui lit ceci,
Je ne sais pas où cette lettre a atterrie, ni qui l'a reçue, et tu dois bien te demander pourquoi ça te tombe dessus, pourquoi cette lettre ? C'est en fait un appel au secours. J'ai besoin d'en parler, mais je n'ai personne pour m'écouter, pour me confier. Alors je n'ai trouvé qu'une solution, celle-ci. Je vais donc te conter à toi, cher inconnu, tout cela. Mon histoire. Bien sûr, je ne te force pas à lire ceci, j'en suis bien incapable là où je suis de toutes manières. Seulement, le fait est que ça me fait du bien que quelqu'un sache combien un homme peut souffrir, que quelqu'un partage ce secret horrible. Voici donc mon histoire :


Je m'appelle Louis, j'ai 19 ans. Cela fait maintenant trois mois, j'ai été pris par ce que l'on appelle "pulsion criminelle". Enfin, c'est ce que tout le monde pense, parce que je n'y crois pas. Je ne peux pas y croire... Je ne veux pas y croire. Oui, j'ai tué mes parents et ma sœur. On m'a arrêté. Je m'en suis tellement voulu, je ne comprends pas mon geste. Et je m'en veux encore. Un poids m'oppresse, m'obsède, une question, sans cesse.

Pourquoi ?

Pourquoi j'ai fais ça ? J'aimais ma sœur plus que tout au monde, et ma mère était si compréhensive. C'est mon père qui m'a donné cette envie de tuer. Oui, j'en suis certain. Ce jour ou il m'a "assassiné". J'étais dans un monde second. Impossible de le décrire. Il ne m'a jamais désiré. Ma sœur non plus d'ailleurs. Si je les ai tuées, les deux femmes de ma vie, c'était pour les protéger du futur... Pas pour souffrir encore plus...

Parce que quand je suis revenu de cet hôpital, il m'a haït encore plus. Il avait fait passé ça pour une tentative de suicide pendant que j'étais comateux : d'une balle dans la tête. Cette balle, je l'ai encore à l'intérieur. Elle réduit mon espérance de vie. Je sais qu'il ne me reste plus que quelques années tout au plus si je ne me fais pas opérer. Quelques années dans la terreur, la colère, la peur, la tristesse.

Le jour du meurtre, on m'a emmené au commissariat. J'y suis resté deux nuits, attendant de passer devant le juge. Celui-ci m'a condamné à une peine maximale : prison et hôpital psychiatrique. Je ne suis pas malade ! J'ai voulu les sauver ! Sauf que je n'étais pas censé tuer mon père, car il avait eu la présence d'esprit de tout monter contre moi. Et quand il a vu ce que je faisais, il s'en est à nouveau prit à moi. Criant une phrase qui résonne dans ma tête à longueur de journée:"

Putain sale gosse, c'est à moi de faire ça ! Et tu y passeras aussi ! Fils de pute !"

Il s'est jeté sur moi, tombant sur le couteau que je tenais, lui coupant la carotide sans que je ne pu dire quoi que ce soit. Quand on est venu me chercher, je baignais alors dans le sang de mon procréateur biologique. Je suis actuellement en fuite dans un petit village perdu, caché dans les ruelles sombres, peu fréquentées, me nourrissant comme je peux avec ce que j'ai emporté quand je me suis échappé. Fuyant les autorités, et par la même occasion la tristesse.

C'est du moins ce que je pensais. Mais trois mois... Trois mois seul, à ressasser cette scène, encore et encore, de nuit comme de jour, ça te rends fou. Personne ne peux comprendre ce déchirement, sauf si on le vit. J'ai tant besoin de parler, mais étant recherché, cela m'est impossible.

Je t'en demande peut-être trop, mais si tu as lu jusqu'ici, je t'en pries réponds moi. Même rien qu'un mot. J'en ai besoin. Pour savoir que mon secret n'en sera plus totalement un.


Tu peux écrire là :

Mervanish, England, Mrs. Dichey.

Je me débrouillerais pour m'approprier la lettre, mais pourrais-tu écrire un signe distinct pour que je puisse la reconnaître ?

Merci si tu as lu, et désolé de te mettre ainsi dans la confiance et la confidence. Une peine d'être seul à supporter tout cela s'est évacuée quelque peu.

Louis."


Le jeune homme lu la lettre, intrigué d'abord, puis y prêtant plus d'attention. On pouvait observer des traces que sans doute des larmes avaient laissées. Allait-il répondre ? Et puis, ce Louis lui avait fait totalement confiance. Enfin, pas à lui personnellement, mais à celui qui lirait la lettre. Il relut le papier, réfléchissant aux possibilités. Si il ne répondait pas, sa vie ne changerais pas, mais tout les espoirs de ce Louis seraient tombés à l'eau, mais si il répondait...

Story Of Lilo - Given A ChanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant