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II

LISE

Six heure trente. Le réveil de Lise Chaplin sonna. Elle avait horreur de cette sonnerie stridente, mais il fallait dire qu'elle n'avait pas vraiment le choix. Elle était une grosse dormeuse, alors si elle envisageait simplement de mettre la radio pour se lever, après quelques expériences, elle pouvait certifier que c'était inutile.

Elle bascula ses jambes du côté de son lit. Allez, une nouvelle journée. Mais malgré un réveil douloureux, et cette pensée presque glauque, Lise se souvint. Le casier. La réaction d'Erika allait valoir de l'or, louper ça serait plus que dommage.

« Hey Charlie, couina-t-elle en croisant son chat dans le couloir qui séparait sa chambre de la salle de bain. »

Charlie, pour Charlie Chaplin. Oui, à l'âge de dix ans, Lise avait trouvé ça très astucieux d'appeler cette petite boule de poil noir comme ça.

Contournant son chat, elle s'éloignait vers la salle de bain. Lavée puis habillée rapidement, elle repassa par sa chambre, attrapant son sac au passage et descendit.

« Mh, tu t'es pas levée plus tôt que d'habitude, chérie ?

-Bah, non je crois pas. La concernée, donc Lise haussa les épaules et rajouta. Bonjour quand même maman.

-Oui bonjour, désolée, je suis à cent à l'heure là. »

La mère de Lise était une très belle femme. L'adolescente l'avait toujours beaucoup admiré. Un corps fin malgré quelques grossesses vaines. Des cheveux blonds légèrement bouclés qu'on retrouvait chez la plus jeune des Chaplin, sauf qu'elle les lissait car elle n'aimait pas les bouclettes sur elle. Puis Erika avait les cheveux avec ces ondulations, alors hors de question de lui ressembler.

« Donc je suppose que tu as pas eu le temps de faire mon p'tit dej' ? Lise commençait déjà à attraper un paquet de petits gâteaux à manger en cours de route.

-Oh je suis désolée ! L'adulte se retourna, posant les mains de parts et d'autre de son propre visage.

-Arrêtes maman, c'est rien. En plus, je suis en retard. Allez, à c'soir. »

Lise courut les quelques mètres à peine de sa maternelle, embrassant rapidement sa joue. Ajustant son sac à son épaule ensuite, elle s'éloigna, et alors qu'elle ouvrait la porte pour quitter la demeure, elle entendit quelques paroles provenant encore de la cuisine.

« Et te tartines pas de peinture aujourd'hui s'il te plait ! Et puis, je rachète pas des tubes de peintures tous les jours, fais attention à tes aff-.

-A ce soir ! »

La Chaplin s'éloigna de la maison en ouvrant rapidement le paquet de petits gâteaux, en passant un entre ses lèvres rapidement. Elle était absolument pas en retard, mais pas en avance non plus. La jeune fille préférait seulement ça plutôt que d'inquiéter sa mère pour rien.

Bon après, les mensonges de temps à autres, Lise était humaine, ça arrivait à tous. N'ayant pas fais attention hier pendant son petit crime avec Bradley, elle s'était mise un peu de peinture sur les manches de sa veste, et la donnant à sa mère, elle avait prétexté « Je tenais ma peinture à bout de bras, car j'étais chargé, tu vois ? Oui ? Et du coup, avec ma maladresse légendaire, j'ai trébuché. Heureusement qu'uniquement mes manches ont pris. » Bon, il y avait des mensonges plus simples, sans aucun doute, mais quand on a rien sous la main.

Le vent passa, réveillant un peu la blondinette. Elle scruta autour d'elle, et ce qu'elle vit lui donna un sourire en coin.

A une centaine de mètre d'elle se trouvait Erika. Elles étaient voisines. Alors quand elles étaient encore petites et amies, c'était génial, mais maintenant qu'elle affrontait cette fille chaque jour, c'était déroutant de se dire qu'elles marchaient sur les mêmes surfaces.