En rentrant dans ma chambre, je vérifie les portes. Fermées. Je me déshabille et jette mes affaires dans la bannette à linge. Je rentre dans ma salle de bain et ferme les trois verrous. Je mets le chauffage électrique et fais couler l'eau du bain. Par hasard, je vois dans le reflet du miroir un bleu au niveau de mon omoplate. Je regarde plus attentivement et aperçois de petites cicatrices. Une énorme entaille couvre le bas de mon dos et va forcément laisser une sale empreinte. Si je ne m'étais pas interposée entre ma mère et le connard, c'est elle qui aurait reçu ce coup de couteau.
J'aperçois à côté du lavabo, un ancien serre-tête que je portais dans mon enfance. Je le mets et détache es cheveux en les posant de part et d'autres de mon visage. Pff, on dirait une sainte...
- Bonjour mes frères, mes sœurs, dis-je en faisant une gueule d'ange. Je suis ravie de vous retrouver en ce jour de prière. Au nom du père, du fils, de la mère et euh... Tenez, tirer la langue, je vais vous mettre une petite chips dessus, elle est SUPER craquante, vous allez ADORER !
Pff, le jour où je me comporte comme ça, tirez-moi une balle !
Je rentre dans le bain et sens aussitôt tous mes muscles se détendre. La chaleur de l'eau me brûle presque la chair, mais ça ne me dérange pas. J'ai l'impression d'être dans un cocon. Un endroit où personne ne peut m'atteindre. Je tends le bras et attrape mes écouteurs. Love The Way You Lie de Rihanna. Doucement, je glisse dans l'eau et commence à chuchoter les paroles :
Just gonna stand there and watch me burn
But that's alright because I like the way it hurts
Just gonna stand there and hear me cry
But that's alright because I love the way you lie
I love the way you...
Tout à coup, des cris fusent. Je me redresse et arrache les écouteurs.
- Non ! Arrête !
Maman ! Je sors du bain à vitesse grand-V et enfile mon peignoir. Pas encore...
J'arrive dans le salon et vois ma mère supplier le connard. Il me dévisage aussitôt. Une telle haine existe entre nous deux. Gros et informe, il me dégoûte, me répugne. Je n'ai pas peur de lui. Tout ce qui compte pour moi c'est de protéger ma mère.
- Il n'y a plus de bière ! Salope, hurle-t-il en levant la main vers ma mère.
Avant qu'il ne finisse son geste, je m'approche de lui et le pousse violemment. Il recule de quelques pas et j'en profite pour amener ma mère dans les escaliers lorsqu'il m'attrape par les cheveux me pousse contre le fauteuil. Il se tourne vers moi le visage rempli de colère, déformé par l'alcool. Des yeux gonflés soulignés de grosses cernes bleues, les joues rouges et des boutons pleins de... Berk ! Je me relève rapidement lorsqu'il me gifle du revers de sa main droite. La force du coup me renverse et je me rattrape à la table en verre.
- Arrête Jean-Louis, je t'en supplie ! Ne lui fais pas de mal !
Ma mère ne sait pas comment l'arrêter lorsqu'il est en colère. Elle s'interpose entre lui et moi et le supplie à genoux. Je sens un goût de sang dans ma bouche et ça suffit pour faire réapparaître la rage en moi. Dans mon élan de colère, je prends le vase de ma grand-mère et le fracasse contre la tête du connard. Il se pète en milliers de morceaux et la douleur de ma main me foudroie aussitôt. Je la tiens de mon autre main et crie. Le sang coule à flot et le temps que le connard reprenne ses esprits, je vois ma mère se relever. Son visage a changé en une expression que je n'avais jamais vue. Elle se tient droite et ne bouge pas face à ma douleur. A aucune moment elle ne m'adresse un regard. Le connard, dans son moment de confusion extrême, attrape le buste et le lève vers ma mère.
- Mamaaaaaan !
Elle lève son bras et un bruit aigu me perce les tympans.
Que se passe-t-il ? Je sens des gouttes chaudes propulsées sur mon visage. Mes oreilles sifflent et ma main me fait souffrir. Autour de moi, le temps semble s'être arrêté. Tout est flou et peu à peu je distingue le corps du connard, allongé sur le sol avec la tête explosée. Son sang souille toute la moquette blanche. Mes yeux se portent sur ma mère. Elle baisse son revolver. Que... Elle...
- Ce n'était pas à toi de le faire Skyler.
- Mais... Mais...
- Pas maintenant.
La porte d'entrée explose. Des hommes habillés en noir et cagoulés entrent dans la maison, armés. Ma mère ne bouge pas et continue à me regarder comme si je n'étais plus sa fille. Je suis en état de choc et ne parvient pas à bouger. Le connard est mort. Sous mes yeux. Des mains de ma mère. Elle semble tellement... impassible. Les étrangers fouillent toute la maison et deux s'approchent de moi. J'ai un mouvement de recul.
- Si tu résistes Skyler, ils vont te faire mal.
- Ne vous approchez pas de moi !
Je prends le buste couvert de sang.
- Arrêtez d'avancer, je crie les mains tremblantes.
Je ne sais plus où regarder. L'un d'eux s'approche de moi. Par réflexe, je lève le buste pour le frapper avec, mais il le bloque avec son bras. De l'autre, il me donne un coup de poing dans le ventre. Sous la douleur, je lâche le buste et m'écroule parterre, le souffle court. L'autre homme s'accroupit à mes côtés. Malgré sa cagoule, je remarque qu'une grande cicatrice sur son œil gauche l'oblige à le laisser fermer. Je tente de me glisser vers le canapé. L'homme m'attrape par le pied et me tire vers lui. Aussitôt, je me tourne sur le dos et lui inflige un coup de pied dans la figure. Je n'arrive pas à me lever. Ma mère reste debout et ne bouge pas. Elle fixe dehors. Je lui demande de l'aide, je hurle son nom de ma voix enrouée par les larmes, mais rien n'y fait. Le soldat me rejoint et me plaque contre le ventre. Il sort une seringue de son sac et enlève le petit capuchon pour planter l'aiguille dans mon cou. Je tente un dernier mouvement pour le repousser mais la force me quitte. Ma tête commence à tourner, ma vision se floute et mes paupières se font plus lourdes. Avant que je sombre dans le néant, j'arrive à discerner la voix de ma mère:
Bien messieurs, je dois avouer que je ne suis pas déçue. Brûlez son corps et jetez-le dans la Seine.
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Sous Tension
AksiSous l'autorité menaçante de son beau-père, Skyler va voir sa vie changer... Elle se retrouve du jour au lendemain, enfermée dans une cellule où elle devra passer plusieurs épreuves pour mériter sa place. Sous tension perpétuelle, elle fera de bon...