Une raison d'espérer

Chapitre 12 - En planque

En média : Tonio, un peu comme je l'imagine. Il a plutôt l'air cool et sympa, non? ^^

Loïc

La portière côté conducteur s'ouvre et Tonio s'affale sur son siège, un sac en papier à la main qu'il pose sur ses genoux.

- Voilà le ravitaillement ! s'exclame-t-il avec un large sourire en frottant ses mains l'une contre l'autre.

Je suis pris d'éternuements. J'ai chopé la crève hier soir en allant courir sous la pluie. Tonio grimace en ouvrant la fenêtre pour renouveler l'air de l'habitacle et s'asperge du gel antibactérien qu'il a toujours sur lui, avant de faire la distribution des hamburgers et hotdogs achetés au snack-bar deux rues plus loin.

- Alors, tu vas me dire pourquoi on a suivi ce motard jusqu'ici ?

Je me contente de soupirer et de m'enfoncer dans mon siège en bougeant mes jambes qui commencent à s'ankyloser. Nous sommes en planque depuis une heure à proximité d'un immeuble miteux des quartiers nord. L'éclairage de la rue est faiblard, ce qui est idéal.

- Sinon, tu peux aussi me dire pourquoi tu fais cette tête.

Je fixe la porte du bâtiment en pianotant nerveusement sur la portière où repose mon coude.

- C'est à cause d'une fille, commente-t-il, l'air sûr de lui.

Je lui jette un œil assassin.

- Purée, je me gèle depuis une heure à planquer pour je-ne-sais-quoi, dans MA bagnole que TU m'as demandé de prendre et tu me remercies en faisant la gueule !

- T'auras ma reconnaissance éternelle, ça te va ? Et je fais pas la gueule, je réfléchis.

Tonio entame son hamburger avec appétit.

- Tu réf'échis à quoi, alors ? demande-t-il, la bouche pleine.

Je plisse les yeux, attentif à la porte de l'immeuble qui s'ouvre. Une femme sort, mini-jupe ras des fesses, la démarche mal assurée, les cheveux rouges.

- Elle est connue pour usage de stups et racolage, je commente en la désignant du menton.

- Ouais, c'est Nini. Mais c'est tout ce qu'il y a dans cet immeuble, Hutch. Des putes, des alcoolos et des camés. C'est pour elle qu'on est là ?

Cette fille, je l'ai vue avec le mec à la moto volée que je soupçonne fortement être mon frère, lors de ma dernière planque en solitaire. Mes doutes se confirment de jour en jour. Il est loin de s'être rangé des voitures. Je retiens un soupir. Quel merdier. Lorsque la fille disparaît au coin de la rue, je lâche :

- Non. Et je réfléchis à propos d'une...amie.

- T'as une amie, toi ? s'esclaffe-t-il.

Je fronce les sourcils, un brin vexé.

- Quoi ? Ça t'étonne ?

- D'habitude, les filles et toi, c'est plus une histoire de fesses, non?

- On se connaît depuis, quoi, 6 mois ? Tu sais pas tout, répliqué-je en me mouchant.

- Ce serait pas la jolie fille que tu as poursuivie dans la rue la dernière fois ?

Déformation professionnelle ou pas, Tonio est un type très observateur. J'acquiesce d'un bref mouvement de tête.

- Tu veux un plan cul avec elle ?

Je le trucide du regard.

- Lila, c'est plus que ça. C'est...elle était...elle est...tellement...tout.