Encore

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"Le sommeil est un amour perdu" ~ Roberto Juarroz

Kate POV:

Impossible. Impossible de dormir... Encore.

Comme d'habitude depuis que j'avais quitté le domicile familial, je ne parvins pas à trouver le sommeil, alors comme d'habitude je mis ma veste, mon survêtement, mes baskets et mes écouteurs puis partis courir dans Central Park.

Après une quinzaine de minutes de course, je commençai enfin à me sentir soulagée. C'est drôle de voir à quel point courir peut m'aider à me sentir si libre, si vivante. Pour la plus part l'effort physique est une contrainte qui leur coupe le souffle, moi ça m'aide à respirer, à trouver le sommeil.
La musique à fond, les muscles qui brûlent, le souffle court, le vent dans les cheveux je me sentais plus vivante que jamais. Moi qui ai grandi entre quatre mûrs, ici j'avais l'impression de pouvoir voler.

Tout allait bien !

Tout allait bien jusqu'au moment où je fus brutalement plaquée au sol atterrissant bruyamment à plat ventre sur la pelouse humide du parc. En me relevant douloureusement sur quatre pattes, mes écouteurs tombèrent de mes oreilles et que je relevais enfin la tête. Droit devant, à quelques centimètres de mon front, se trouvait une arme braquée sur moi et cinq hommes dont un étalé sur le sol, immobile.
Oh mon Dieu ! Cet homme était mort, et une arme était braquée sur ma tempe... Je prenais tout juste conscience de mon environnement et de la gravité de la situation. Je me mis à trembler. Qui étaient ces hommes en costume, armés jusqu'aux dents et pourquoi s'en prenaient-ils à moi ?

Je n'eus plus le temps de m'interroger, quand le gros costaux qui pointait son arme sur moi, me prit par la gorge et me fit mettre à genoux.

- Qui es-tu ? demanda-t-il froidement.

Cette fois c'était officielle : j'étais terrorisée, j'essayai de me ressaisir pour lui répondre mais impossible de formuler une réponde cohérente. Visiblement, il s'impatienta et colla son arme contre ma tempe :

- Je ne me répéterai pas.

Je sortis enfin de ma torpeur.

- Kate.

- Ton nom complet.

- Katerina Lorenza Wilson. 

Autour de moi retentirent des ok de stupeur retentirent en entendant mon nom et tous semblaient stupéfaits. 

Un homme jusque là resté à l'écart poussa mon ravisseur sans délicatesse et prit sa place devant moi. Il tira alors sur mes cheveux pour que mon regard rencontre le sien : 

- C'est une blague ! s'exclama-t-il.

Je le fixais sans comprendre toujours tremblante entre ses mains lorsqu'il repris : « Mon héritière reprendra ma fortune, mes hommes, mon business. Elle est très jeune mais elle a été préparé à ce poste depuis son plus jeune âge. Elle se nomme Katerina Lorenza Wilson et s'est la plus sublime des créatures que la terre ait jamais porté. Elle est mon unique enfant. »

Qu'est-ce que tout cela signifiait ? Il semblait citer quelqu'un... Me prenaient-ils pour quelqu'un d'autre ? Si ils croyaient que j'étais la personne qu'ils cherchaient, ils n'étaient pas prêt de me laisser partir... La réalité me frappa, je n'allais pas rentrer chez moi ce soir, du moins pas vivante. Silencieusement, les larmes coulèrent sur mes joues et il se moqua légèrement en me voyant.

- Tu m'as l'air bien docile et bien douce pour quelqu'un formée à devenir le big boss d'une des plus grandes mafias de États-Unis.

Mon Dieu, comment les convaincre qu'il y avait erreur sur la personne... Il reprit. 

- En tout cas une chose est vraie, c'est que tu es sublime... Dis-moi mon agneau, comment s'appellent tes parents, que font-ils dans la vie ?

Sans me lâcher des yeux, il ordonna à celui que j'identifiais désormais comme la personne qui avait collé son arme contre ma tempe un peu plus tôt :

- William appelles Eric, je veux tout ce qu'il sait sur elle et envoies lui sa photo, il faut qu'il l'identifie.

Je regardai William pianoter sur son téléphone mais celui qui semblait donner les ordres ici tira légèrement sur ma tignasse me rappelant silencieusement de répondre à sa question.

- Je suis la fille de Zachary et Eléonor Wilson, mon père est shérif dans une petite ville de l'état de Washington et ma mère est sa secrétaire.

Ses yeux s'agrandir.

- Zachary et Eléonor tu dis. Il semble que tu sois bien celle que tout le monde recherche. Messieurs... Jackpot ! Dit-il à ses acolytes avec un grand sourire aux lèvres.

Non... Alors c'est vraiment moi qu'ils voulaient... Mais pourquoi ? Je sanglotais à présent. Il fallait impérativement que je me calme et que je fasse le point sur la situation. Premièrement : une mafia m'était tombée dessus parce que j'étais au mauvais endroit au mauvais moment. Sûrement un règlement de compte avec l'homme qui est actuellement en train de baigner dans son sang. Ensuite, il m'avait demandé de décliner mon identité comme une simple formalité. Ils s'étaient aperçus que je correspondais à une femme qui devait prendre la place d'un grand big boss de la mafia. Mais c'était... 

Mon monologue intérieur fut coupé quand il me vit sangloter. 

- Soit tu es une sacrée bonne actrice, soit tu es aussi innocente que tu prétends l'être. Dis-moi mon agneau, que sais-tu des activités frauduleuses et peu vertueuses de ton papa ?

Mais bon sang mon père était shérif dans une minuscule ville ! Prise de panique je commençai à supplier. 

- Vous devez vous tromper je vous assure, je viens d'une petite ville où il ne se passe jamais rien. Et je n'ai plus de contact avec mes parents depuis un moi, je ne vis plus là-bas...Bafouillai-je.

J'évitai de préciser que je m'étais enfuie, je ne voulais pas faire l'objet d'un interrogatoire sur mes relations conflictuelles avec ma famille.

Il ne prit même pas la peine de répondre à ma supplique et préféra regarder l'écran de son téléphone avant de reprendre la parole.

- Eric a confirmé qu'elle est bien celle que l'on recherche. On va se faire un paquet d'argent sur son dos messieurs et tout cela par hasard... C'est un peu difficile à avaler mais Eric dit qu'elle n'est au courant de rien. Mon agneau, tu connais Eric, Eric Blake ?

Eric Blake ! Eric ! Bien sur que je le connaissais, il travaillait avec mon père depuis toujours, il était sans arrêt en train de traîner chez moi, il nous adorait ma mère et moi ! Peut-être qu'il pourrait m'aider... Bien qu'honnêtement j'en doute...

Je commençais vraiment à comprendre la réticence de mon père à me laisser sortir. A peine un mois à New York et me voilà déjà entre les griffes d'une mafia, une arme braquée sur moi... Encore.

L'héritière (Sous contrat d'édition chez Lips & Co Editions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant