Chapitre 1

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Anaïs était une charmante jeune fille de 19 ans. Blonde, les yeux bleus, un sourire charmeur et des formes à susciter des réactions d'envie chez les hommes, elle était loin de ce qu'elle semblait représenter. Ce n'était pas une bimbo à proprement parler, simplement une jolie fille qui ne cherchait qu'à rencontrer le prince charmant. Elle avait refusé toutes les propositions de ses camarades de classe, repoussé toutes les avances diverses, à tel point que certains doutaient de son hétérosexualité.

Elle ne prêtait pas attention aux railleries et rumeurs qui circulaient, elle se contentait de suivre ses cours et d'espérer croiser celui qui ferait chavirer son cœur. Elle s'était inscrite sur un nouveau site internet de rencontres. Pas le site payant qui ne vous promettait que monts et merveilles, celui-ci semblait différent. Un questionnaire poussé, des contacts qui correspondaient à vos attentes et la gratuité en faisaient les atouts. Alors elle avait tout rempli et à son grand regret n'avait trouvé aucune personne qui l'intéresse. Au bout de quelques semaines, elle ne pensait plus à ce site jusqu'à ce jour où elle reçut un E-mail.

Un jeune homme de 20 ans venait de lui annoncer que sa fiche avait retenu toute son attention et proposait de faire connaissance via Skype pour commencer. Elle fit le tour du profil de cet inconnu et fut vite charmée. Sur la photo, il semblait un peu timide, à la limite maladroit mais elle voyait surtout que ce n'était pas un garçon comme les autres. Il était honnête et recherchait l'âme sœur, loin des aventures d'un soir. De plus, il n'habitait qu'à quelques kilomètres de chez elle, alors elle se dit qu'elle n'avait rien à perdre à lui répondre. Elle s'attela à la tâche le soir même et lui répondit en quelques phrases qu'elle avait aussi trouvé son profil intéressant et qu'elle aimerait bien discuter. Après quelques hésitations, elle ajouta son adresse Skype.

Ainsi ils discutèrent pendant quelques jours et se trouvèrent des affinités. Si bien qu'un soir, ils décidèrent de mettre la webcam, jusqu'ici ils ne s'étaient envoyé que quelques photos et ils étaient tous les deux impatients de se voir en virtuel, peut-être, mais via la caméra, ils pourraient presque se toucher. Leurs échanges durèrent encore quelques jours et ils s'appréciaient de plus en plus. Ils se retrouvaient ainsi chaque soir après le dîner et le jeune homme commençait toujours la conversation.

— Coucou Anaïs, écrivit-il

— Coucou, tu vas bien ?

— Mets ta cam stp.

Les écrans apparurent et ils pouvaient se voir de nouveau. Comme chacun souhaitait garder une certaine discrétion vis-à-vis de l'entourage proche, ils avaient toujours discuté via le clavier, sans utiliser les microphones et haut-parleurs.

— Oui je vais bien merci et toi ?, demanda le garçon.

— Un peu fatiguée, journée galère au lycée.

— Désolé, si tu es crevée, je peux te laisser tranquille et on discute demain.

— Non, ça va aller, j'ai envie de parler un peu.

— Tu as donc eu une journée pénible ?

— C'est mon prof de math, il nous a encore fait le coup de l'interro surprise.

— Et tu as réussi à t'en sortir ?

— Bof, tu sais les maths et moi cela fait trois !

— Ça fait deux tu veux dire, LOL.

— Ah oui, tu vois comme je suis nulle en math !

— MDR, tu m'as bien eu là... En tout cas, laisse-moi te dire que tu es aussi mignonne que sur les photos que tu m'as envoyées.

— Merci, tu es gentil, toi aussi tu es mimi en tout cas je te trouve plus beau que Shrek et j'espère que tu ne me vois pas comme Fiona.

Cette fille avait de l'humour et de l'autodérision, le garçon adorait.

Ainsi ils passèrent presque une heure à discuter de tout et rien, de leurs lycées respectifs, de leurs professeurs, de leur famille, bref, des mille et un tracas que rencontraient les ados de notre époque. Sans oublier de parler de leurs rêves. Là où certains désirent un bol de soupe pour ne plus avoir faim, eux préféraient songer au prochain Smartphone qui serait entre leurs mains aux doigts agiles qui tapaient au clavier plus rapidement que n'importe quelle dactylo des années 70.

Concentrée sur l'écran, elle ne sentit pas le souffle léger qui venait de la fenêtre. Elle ne vit pas cette ombre se glisser discrètement dans la chambre, pièce plongée dans la pénombre de la nuit avec pour seuls éclairages une lampe de bureau et l'écran de l'ordinateur portable. Dans la pièce, on entendait le bruit caractéristique des doigts tapant sur les touches du clavier. Derrière elle se dressait l'ombre, sans un bruit, sans un souffle, les bras se détachèrent du corps et une main passa devant les yeux d'Anaïs. Elle n'eut pas le temps de réagir et déjà elle sentait les doigts se serrer autour de sa gorge. Elle essaya de crier, aucun son ne sortait de sa bouche, elle essaya de se débattre mais l'ombre la tenait fermement. Au bord du désespoir, elle donna un coup de pied sur son bureau pour faire du bruit, pour faire tomber la lampe et alerter ses parents qui devaient dormir dans la chambre à côté, seul l'ordinateur portable tomba sur la moquette, sans bruit. Elle ne pouvait plus respirer, ses forces l'abandonnaient et elle commença à voir un voile noir devant ses yeux. Ses dernières pensées furent pour ses parents. Dans sa tête elle criait papa, maman, au secours ; seuls les anges l'entendaient désormais. La vie quitta la jeune Anaïs à l'aube de son existence. Allongée sur le dos, des marques violettes autour du coup, les yeux ouverts et vitreux, une demoiselle gisait tandis que l'ombre avait disparu au moment où elle perdit la vie.

Avant la déconnexion, un message apparut sur l'écran de Patrick :

« L'enfer de Faust. »


L'enfer de FaustOù les histoires vivent. Découvrez maintenant