Chapitre 2

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Patrick était un étudiant assez brillant. Après son baccalauréat, il s'était orienté vers une école supérieure de commerce. Il aimait le contact, communiquer et manipuler son prochain pour parvenir à ses fins. Il habitait chez ses parents dans un appartement situé à la porte de Paris et était fils unique. Il venait d'avoir 20 ans, l'âge où l'on croit que le monde nous appartient, et il était ambitieux. Son emploi du temps était somme toute classique, entre les transports en commun, les cours et les soirées souvent passées devant l'écran de son ordinateur. Ses parents acceptaient les sorties le week-end, mais hors de question de sortir durant la semaine. Alors il se contentait souvent de passer ses soirées sur Facebook et autres sites de tchatche.

Il n'avait pas de petite amie, juste quelques flirts qui n'avaient pas abouti vers une relation durable. Il n'était ni moche, ni beau, de taille moyenne, les cheveux bruns et courts, un nez aquilin et des yeux noisette qui vous renvoyaient le reflet de votre âme, le parfait petit étudiant, modèle et sans histoires. Il gérait son argent de poche avec difficulté car, souvent, il était attiré par le dernier jeu à la mode ou autre gadget dont il se lasserait vite. Parfois, il arrivait à décrocher un petit job, durant les vacances scolaires et bien souvent grâce à un contrat d'intérim. Ce salaire irrégulier lui permettait de s'offrir des périphériques pour son ordinateur. Comme la plupart des jeunes de sa génération, il était accro au téléphone mobile et toutes les applications qui allaient avec. Souvent, un bip sortait de la boîte et l'écran tactile vous signalait qu'un ami avait posté une information sur Facebook ou sur Twitter.

Il n'était pas malheureux, il se contentait de vivre sa vie et de suivre ses cours en essayant d'avoir des bonnes notes afin d'assurer son avenir. Au-delà de l'envie de communiquer, il savait qu'en choisissant cette voie, il était pratiquement assuré d'avoir un travail, le monde aura toujours besoin de responsables ou directeurs commerciaux et il se savait capable de remplir un tel poste.

Les vacances, quand il ne travaillait pas, se passaient en famille. Ses parents louaient tous les ans le même gîte, ils étaient tombés amoureux de l'Auvergne et ses montagnes vertes où l'air pur vous nettoyait les poumons pour un an. Il aurait préféré partir à la mer avec des amis mais il ne voulait pas faire de la peine, alors il se disait qu'il aurait bien le temps de patauger dans la mer d'ici quelques années. Ce n'était pas un adolescent difficile, assez docile peut-être et sûrement trop effacé.

Il avait quelques camarades avec lesquels il s'entendait bien. Le vendredi soir, il sortait quelquefois avec eux en prenant soin de ne pas rentrer trop tard, des fois que les parents ne s'inquiètent. Le samedi, quand la météo le permettait, il aimait flâner dans les rues de la capitale, parfois sur la butte Montmartre, d'autres fois sur les Champs Élysées, histoire de faire quelques emplettes et de manger un hamburger, un kebab ou tout autre aliment que l'on ingurgite vite, selon l'envie. Souvent accompagné de copains, il se prenait au jeu de la drague et se laissait parfois entraîner dans ce cache-cache affectif. Les filles l'intéressaient mais sur lui restait une couche de conte de fée, ainsi il espérait toujours rencontrer sa princesse et partager sa vie avec elle. Ses amis lui conseillaient toujours de profiter de l'existence au maximum, de s'amuser car pour eux, la vie et l'amour étaient encore un jeu. Il ne comprenait pas que l'on puisse avoir une relation sans sentiments et son côté fleur bleue petit à petit s'effritait en voyant ses camarades finir une soirée au bras d'une charmante créature. Lui, rentrait seul ou parfois accompagné d'un autre « loser » qui s'était pris un râteau.

Cette idée de profiter de la vie commençait à envahir son esprit. Après tout, il n'était pas si laid que cela, certaines filles l'avaient trouvé assez mignon et doté d'un charme rassurant. Il est vrai qu'il était assez timide et même, poussé par ses amis, il avait toujours du mal à se lancer, maladresse du débutant ou peur de faire de la peine, il ne savait pas trop et cette situation le gênait un peu.

L'enfer de FaustOù les histoires vivent. Découvrez maintenant