Chapitre 5

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« Et de trois, elle s'appelait Angélique, regardez sa photo ! »

Le capitaine Perchon prit la photo et l'examina attentivement. Il vit une jeune fille décédée dont le cou présentait des marques d'étranglement.

— Monsieur le directeur, répondit-il, nous commençons à peine l'enquête et...

— Et quoi ? Dans le premier cas, vous avez affirmé haut et fort que les parents étaient coupables, et maintenant ? Votre avis ?

— Avouez quand même que c'est troublant. Trois meurtres dans les mêmes conditions. Étranglement, dans une chambre, portes et fenêtres fermées, pas de trace d'effraction, toujours le même mode opératoire, pas de trace ADN. Il y a de quoi perdre son latin.

— Et de quoi perdre son job si vous ne trouvez pas le coupable, la presse va nous massacrer si elle apprend tout cela et je n'ai pas envie de m'attirer les foudres du Ministre. Pour l'instant nous avons réussi à étouffer les deux autres meurtres mais jusqu'à quand pourra-t-on cacher cela aux médias ? A vous de jouer Perchon, mettez en œuvre tous les moyens nécessaires mais il me faut ce meurtrier pieds et poings liés avant que les journaux ne parlent d'un tueur en série. Au boulot !

Dépité, Louis Perchon quitta le bureau et se dirigea vers le sien. La cinquantaine, toujours bien habillé, les traits fins, des cheveux bruns légèrement ondulés et un regard d'un noir profond, le capitaine Perchon dirigeait un groupe d'enquêteurs qui s'occupaient des meurtres au sein de la police criminelle à Paris. Il avait débuté comme simple inspecteur dans un commissariat de banlieue. Après avoir réussi le concours de commissaire, il passa quelques années au même endroit avant de se faire remarquer par quelques coups d'éclats. Cela lui valut une promotion sur Paris, mais ce fut au détriment de sa vie familiale, sa femme l'ayant quitté, ne supportant plus les heures qu'il passait loin du foyer. Il avait encaissé le coup et se tournait vers son travail. Célibataire depuis deux ans, il passait des jours et parfois des nuits à faire son job de flic, certains week-ends étaient sacrifiés aussi, il voyait peu sa fille qui grandissait en se disant que son papa était comme le commissaire Moulin qu'elle aimait regarder à la télévision au grand dam de sa mère. En général, les affaires de meurtres étaient assez classiques, un règlement de comptes, un mari jaloux, un vol qui avait mal tourné, une vengeance, les faits presque banals d'une grande ville, pas de quoi faire un roman noir. Cette fois-ci, tout était différent. Un tueur en série sévissait, il en avait la certitude et son directeur venait de lui rappeler le caractère urgent de cette enquête. La presse était friande de ce genre d'histoire surtout quand elle pouvait ridiculiser la police car en général, la politique s'en mêlait. Si son directeur l'avait convoqué pour lui passer cette soufflante c'est que justement il venait de s'en prendre une de la part du préfet. L'effet dominos en quelque sorte. Il n'avait pas pour habitude d'enguirlander ses subalternes, préférant la diplomatie et le dialogue à deux sens, mais il sentait que sa place pouvait être en jeu et il n'avait pas envie de se retrouver muté dans un sombre commissariat perdu dans la brousse où seules les affaires de voisinage étaient le quotidien.

Avant de convoquer ses inspecteurs, il décida de faire le point sur ces meurtres. Trop de mystères entouraient les faits. Le plus grand de tous était la façon dont le tueur s'introduisait chez ses victimes. Pas d'effraction, juste une fenêtre ouverte dans un cas mais cela s'était passé au dixième étage d'un immeuble, le tueur ne volait pas, ce n'était pas Spiderman non plus. Le mode opératoire du meurtrier, toujours le même : agir par étranglement. Et cet homme devait sûrement être doté d'une grande force puisqu'il n'y avait pas de trace de lutte. Il faut une sacrée puissance pour empêcher les victimes de se débattre. Ensuite ? Le tueur était reparti tranquillement, personne dans le foyer n'avait rien entendu, pas de bruits de bagarre, pas de bruit de pas ou de porte, quelqu'un aussi discret qu'un chat ? Cela relevait de l'impossible. Et pourtant, trois personnes gisaient à la morgue. Un des inspecteurs avait soumis l'idée que le tueur devait avoir une clé passe-partout. Logique et sûrement la seule explication plausible, mais chez Patrick, la deuxième victime, il y avait une alarme à la porte d'entrée et toute intrusion aurait déclenché les trompettes de Jéricho. Comme il l'avait dit tout à l'heure à son supérieur, c'était à en perdre son latin.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 28, 2016 ⏰

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