Chapitre 3

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Sur les huit candidates sélectionnées, six lui répondirent positivement et souhaitaient entamer une relation épistolaire afin d'apprendre à se connaître. Et sur ces six filles, une seule lui donna son adresse Skype. Alors Patrick décida avant de correspondre avec toutes ces demoiselles, de répondre à cette Anaïs et lui proposa un rendez-vous sur le réseau le soir même.

La fiche de cette fille était intéressante, 19 ans, blonde, très jolie et des yeux d'un vert à envoûter toute personne qui apprécie la beauté, elle se disait en terminale, elle passait son baccalauréat scientifique en juin et voulait se tourner vers la médecine. Une fille sérieuse et jolie et, de surcroît, intelligente, il ne lui en fallut pas plus pour vouloir discuter avec elle à tout prix. Il était même étonné que ce genre de fille fût toujours célibataire, ce qui prouvait qu'elle recherchait, tout comme lui, une relation durable, basée sur l'amour et non l'envie. Le message fut envoyé avant de partir en cours. Patrick savait que cette journée serait longue.

Arrivé à son université, il ne parla pas de ses recherches sur internet, trop timide et trop pudique, il préférait garder ses jardins secrets et notamment dans le domaine des filles. Beaucoup de ses camarades s'amusaient à raconter leurs aventures, certains y rajoutaient tous les détails afin de se rendre plus intéressants. Patrick n'aimait pas ce genre de comportement, il pensait toujours que ce sont ceux qui en disaient le moins qui en faisaient le plus, même s'il était l'exception qui confirmait la règle. De plus, il trouvait que c'était un manque de respect envers la gent féminine. Non, la femme n'était pas un objet mais une personne avec des sentiments et une vie sociale. À les écouter se pavaner comme des paons, il avait l'impression d'entendre des personnes raconter un film pornographique, bien loin du modèle idéal de l'amour.

Les heures défilaient et fréquemment il regardait l'écran de son téléphone, geste inutile car aucun bip n'avait été émis, mais il ne pouvait s'empêcher de le faire. Le midi, il mangea seul au restaurant universitaire, il avait peu d'appétit et se demandait pourquoi. Impossible qu'il soit tombé amoureux d'une fille contactée la veille sur internet, au contraire, il ne voulait pas tomber dans le piège du gars qui déifie une photo et chute quand la vérité éclate. Après tout, rien ne prouvait que cette photo était la vraie, les canulars ne manquaient pas sur la toile. Et pourtant, il pensait toujours à ce visage idyllique, ce regard vert émeraude, ce sourire aux dents parfaites et ces cheveux, d'un blond vénitien où l'on avait envie de se perdre comme dans une forêt vierge. D'ailleurs, était-elle vierge ? Il se posa la question et l'oublia très vite, avec un peu de chance, il pourrait le découvrir par lui-même. Le temps passait et dès qu'il le pouvait, il regardait la photo puis rêvait.

Vers 15 heures, il entendit le bip caractéristique de son portable, un e-mail venait d'arriver, pourvu que ce ne soit pas un spam ou un ami quelconque. A sa grande satisfaction, Anaïs lui répondait qu'elle acceptait le rendez-vous virtuel pour 22 heures. Idéal pour lui, il aurait le temps de dîner en famille et même de réviser. Rester concentrer le reste de la journée serait une tâche difficile, à tel point que Marc, un de ses camarades lui fit une remarque sur son comportement en lui demandant s'il avait bien dormi la nuit dernière. Comment lui expliquer que cela n'avait rien à voir avec le sommeil ? Il songeait à cette icône de l'amour et n'attendait que le soir. Que les heures semblaient passer lentement, il regardait souvent la pendule et les minutes avaient un mal fou à défiler.

Arrivé enfin chez lui, il prit d'abord une douche et dîna rapidement avec ses parents. Il prétexta un devoir à rendre pour expliquer son empressement à aller dans sa chambre. Il s'enferma vers 20 heures et pour ronger son impatience fit quelques recherches sur la toile, il n'avait pas la tête à réviser et il avait imprimé la photo d'Anaïs ce qui lui permettait de la regarder tout le temps. Il en profita aussi pour envoyer quelques messages aux autres filles qui lui avaient répondu, politesse, galanterie ou tout simplement pour les faire patienter au cas où cela ne marcherait pas avec Anaïs. Puis, il reçut un nouvel e-mail de la belle demoiselle qui lui confirma qu'elle avait bien ajouté son adresse dans ses contacts Skype et qu'elle serait bien en ligne à l'heure prévue. Voilà qui lui mettait du baume au cœur en ce soir d'automne.

L'enfer de FaustOù les histoires vivent. Découvrez maintenant