Chapitre 1

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"Allez, Loki, dépêche-toi!"

Le loup noir, complètement trempé, se ruait vers la porte fenêtre avant de s'ébrouer, éclaboussant au passage Amelia. Cette dernière, surprise, ne pouvait tout de même s'empêcher d'éclater de rire.

"Il va falloir que je reprenne une douche maintenant!", s'écriait-elle.

"Wouaf!", lui répondait avec enthousiasme l'animal, comme s'il était satisfait de sa bêtise.

Il commençait à suivre la jeune femme qui se dirigeait vers la salle de bain, mais celle-ci se retournait et affichait un air réprobateur, avant de lui mettre une pichenette sur le museau, surprenant la bête.

"Non! Toi tu restes dans la chambre, interdiction de me suivre."

Loki frottait son museau contre la main d'Amelia, puis se mettait à couiner, pensant ainsi la convaincre de l'autoriser à l'accompagner dans sa ballade. L'animal adorait jouer dans la baignoire, à côté de la cabine de douche où Amelia se lavait. Mais cette dernière ne se laissait pas duper.

"Non, je ne veux pas que tu m'accompagnes, je t'ai déjà lavé hier. Tu restes ici, et je laisserais la porte de la chambre ouverte, comme ça tu ne seras plus seul lorsque maman rentrera à la maison."

La mère d'Amelia avait d'abord eu très peur lorsqu'elle avait retrouvé Loki en train de dormir sur le lit de la chambre, juste à côté de sa fille. Elle croyait qu'un animal sauvage s'était introduit dans la maison et avait crié si fort que les voisins avaient menacé d'appeler la police. Menaçant de l'envoyer à la fourrière, elle était finalement touchée par la tendresse de l'animal qui semblait si affectif avec sa fille, et aimait désormais jouer avec lui lorsque cette dernière n'était pas là. Amelia n'osait pas l'admettre ouvertement, mais le caractère de sa mère s'était énormément adouci depuis l'arrivée de l'animal dans la maison.

Loki tentait une dernière fois la technique du regard apitoyant. C'était un échec cuisant. Il se dirigeait d'une allure traînante vers le tapis près du lit et s'y coucha tandis que sa maîtresse se dirigeait vers la salle de bain.

Après s'être déshabillée, Amelia regardait par-dessus son épaule en direction du miroir. Sa tâche de naissance, énormément visible sur sa peau de porcelaine, et présente sur son épaule droite, s'était étendue et commençait à se transformer en un petit "c". La curiosité de la jeune femme commençait à laisser place à l'inquiétude.

"Et si c'était dangereux?", se demandait-elle.

Heureusement, ses cheveux longs et châtains recouvraient facilement la tâche. Elle en parlerait à sa mère lorsque cette dernière sera rentrée. Ses ongles, rongés par le stress ou l'ennui, elle-même l'ignorait, n'avaient rien de féminin et encore moins de sensuel. Pourtant, le visage de la jeune femme faisait bien des jalouses : jamais personne n'avait vu des yeux verts aussi clairs et captivants que les siens, ses lèvres fines et son petit nez sur ce visage légèrement arrondi lui donnaient un air enfantin, innocent malgré ses 18 ans. Amelia avait une morphologie en "huit": ce qui signifiait qu'elle portait du S en haut et du M en bas. Elle n'était pas plate mais n'avait pas non plus une grosse poitrine. En bref, son corps n'était pas dégoutant, mais pas non plus transcendant. Sous la douche, Amelia pensait à tout ce qui s'était passé depuis qu'elle avait fait la rencontre de Loki: Les personnes suspectes ne s'approchaient plus d'elle lorsqu'il était avec elle, ce qui pouvait être considéré comme un avantage. Mais les garçons non plus. En fait, plus personne ne l'approchait. Mais ce n'était pas si mal. Les relations sociales, les amis, ce n'était pas pour elle.

L'eau devait être devenue trop chaude, puisqu' Amelia commençait à sentir sa tête s'alourdir. Elle voulait baisser la température, mais c'était trop tard: elle ne sentait plus ses jambes et s'écroulait, paniquée. Sa vue se brouillait, puis tout devenait blanc. Tout ce qu'elle entendait, c'était un ultrason incessant, faisant vriller ses tympans. La seule chose dont elle était sûre était que des larmes coulaient abondamment le long de ses joues.

Loki s'était endormi pendant que sa maîtresse était partie prendre sa douche. Mais l'animal était rapidement tiré de son sommeil et ses oreilles se dressèrent : quelque chose n'allait pas. Le son de la douche couvrait un autre bruit, et il entendait enfin sa maîtresse pleurer. Se dressant sur ses quatre pattes et galopant à toute vitesse jusque devant la salle de bain, le loup se mettait à hurler et gratter la porte avec ses pattes, sans succès. Loki sentait la panique de sa maîtresse. Elle était en danger. Il se mettait alors à reculer, puis fonçait contre la porte, dans l'espoir de la défoncer. Mais il n'y parvenait pas. Il n'avait plus le choix, et il fallait faire vite.

Soudain, des images se précipitaient à toute vitesse devant les yeux d'Amelia : un village, une forêt, des cris, des visages inconnus, des griffures, des pleurs. Mais la seule chose qu'elle retenait était le sang. Omniprésent. L'ultrason se transformait en grognement, puis en hurlement. C'était celui de Loki, elle aurait pu le reconnaître parmi des milliers d'autres sons. Alors que les images redevenaient blanches, elle entendait un fracas, le bruit d'une porte que l'on défonce. Elle avait la sensation d'être portée, puis reconnaissait la douceur de la couverture recouvrant son lit. Elle n'avait pas la force de parler, et savait qu'elle pleurait encore.

Elle sentait une main serrer la sienne : elle était chaleureuse et forte, ce n'était pas celle de sa mère. Elle tentait de se concentrer pour mieux voir qui était à son chevet, mais la seule chose qu'elle réussissait à distinguer était ce regard vert pénétrant qui lui semblait si familier, et cette voix... si captivante.

"Tout va bien, je suis là..."

Mais, à bout de forces, Amelia perdait connaissance.

Promesse NocturneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant