2 : L'inconnu

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<< La vie est vraiment simple mais nous insistons à la rendre compliquée. >>

Je marche seul, dans cette rue vide. Inhabitée. Cet endroit où tout signe de vie a disparu. honnêtement, je ne sais pas ce que je fous ici. Je fourre mes mains dans les poches de mon jeans et engouffre mon cou et mon menton dans le col de ma veste, pas assez chaude pour un hiver aussi froid. Je sors des écouteurs de ma poches et enfonce leurs extrémités dans mes oreilles. Je lance ensuite une musique dont je monte le son jusqu'à la plus haute sonorité qu'il m'est possible de mettre et me laisse bercer par les vibrations qu'elle me procure. Tout en rêvant la mélodie. 

Jusqu'à ce qu'une main blanche vienne se poser sur mon épaule et me refroidisse tout le bras d'une vague de frissons. Je sursaute sans réaction extérieurement visible de la part de mon corps et me retourne.

- Mec ça fait trois plombes que j'essaye de t'appeler ! s'exclame le jeune en face de moi.

- Clayton, t'es fou ! dis-je tout en reprenant mon souffle.

Il rigole à ma vue, tel le garçon paniqué comme une petite vieille. Pas du tout viril ! je retire mes écouteurs pour mieux me concentrer sur ses paroles.

- Désolé ! pronnonce-t-il entre deux rires ce qui me fait rouler des yeux, mais c'est pas souvent qu'on arrive à se voir et comme je t'ai vu de loin bah... j'ai sauté sur l'occasion.

Accompagné de ses paroles, il me fait une tape dans le dos.

- Ouai c'est vrai, répondis-je, mais j'évite un peut le lycée en ce moment.

- Je sais. Mais tiens ! J'ai de quoi te le faire rattraper ! Y a une petite fête mardi soir, la semaine prochaine. Je pense que ça te ferait vraiment du bien d'y aller.

- J'sais pas trop...

- Je te laisse pas le choix ! me coupe-t-il.

Je laisse s'échapper un petit rire de ma bouche et hoche la tête pour lui donner confirmation de ma présence. Il me sourit.

- Ce serait vraiment cool si notre bande se retrouvait ! Et puis, ça nous ferait du bien à tous. Tu manques beaucoup, tu sais.

Je lis sur ses lèvres la sincérité de ses dires et vois dans son regard la réjouissance à nous imaginer de nouveau réunis ; mes meilleurs amis et moi. Nous trois à partager de nouveau nos pensées et nos souvenirs sans jamais s'en lasser. Il est vrai que ce sentiment de bien être durant ces longues soirées de discutions me manquent bien plus que je n'ose l'admettre.

- Je viendrais !

- Super ! s'exclame-t-il.

- Je dois te laisser, j'ai mon bus. Mais on se reparle pas messages !

- ça marche.

Je lui souris à nouveau, puis tourne les talons et m'en vais à l'opposé de sa direction. Je remet, en même temps d'avancer, la musique qui m'accompagne dans mon élan jusqu'à l'arrêt de bus. Sous l'abris qui permet d'attendre sans être trop exposé au vent, il n'y a encore personne. Je crois être le seul à monter à cet endroit aujourd'hui.

 Encore.

 Ce n'est pas plus mal.

 Le bus, phares allumés, arrive et m'aveugle de ses lumières éblouissantes. Je monte dedans une fois que le chauffeur a ouvert les portes et montre ma carte à ce dernier. Son visage est inexpressif et mollasson. Je ris intérieurement. Quelle pitié ! Le sourire ça existe !

J'avance dans la rangé centrale du véhicule. toutes les places sont vides. L'heure de pointe n'a pas encore sonnée, mais elle ne va pas tarder à arriver. Je m'assois tout au fond et pose mon sac, lourd, sur le siège d'à côté, n'ayant pas envie de partager ces places.

Le ciel s'obscurcit peu à peu et la pluie menace. Durant les interminables minutes de voyage, mes paupières lourdes viennent à se fermer. Je déteste dormir dans les bus, parce que j'ai toujours peur de rater mon arrêt. De plus, il y a le bruit.

Au bout de plusieurs minutes, la foule de gens commence à s'entasser et bientôt, il n'y a plus aucune place de libre, obligeant des gens à se tenir debout. Finalement, je suis bien content que mon arrêt soit toujours désert, comme ça j'ai toute la place qu'il me faut pour m'installer. 

Frôlement de l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant