3 : Elser

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   << Qui veut faire quelque chose trouve un moyen ; qui ne veut rien faire trouve une excuse. >>

- Tu comptes réviser l'anglais pour demain ? me demande Gabriel.

- Ça dépend ! Si je ne le fais pas, le prof va me tuer de quelle manière, tu crois ?

Mon ami se met à rire sans retenue. Je souris, contente de voir que, parfois, il m'arrive d'être drôle. Comme quoi !

Au bout d'un court trajet, Gabriel appuie sur un bouton rouge pour demander au bus de s'arrêter au prochain arrêt. Puis il se penche près de mon visage et m'embrasse sur la joue avec délicatesse, pour me dire au-revoir. Il sort une fois le véhicule stoppé et les portes ouvertes. Il me fait un dernier signe de main à travers la vitre envahie par la buée, une fois dans la rue, puis s'en va, ne me laissant que la vue de son dos. Je le regarde s'éloigner. Après un long moment, je décide d'essayer de me frayer un chemin parmi tout ce monde et de m'asseoir pour reposer mes jambes las. Sauf qu'il n'y a que des personnes âgées assises et qu'aucunes d'elles ne me donnerait sa place. Normal !

Par chance, j'aperçois un jeune d'à peu près mon âge au fond, qui a posé son sac à côté de lui, occupant par conséquent deux places à lui seul. Je me dirige, hésitante, vers lui. Oh ! Et puis, après tout, qui ne tente rien n'a rien. Il n'a pas l'air si méchant. De plus, il est plutôt attendrissant à dormir à moitié allongé sur la vitre. Je ne suis plus qu'à quelques mètres de lui. Une fois dressée face à cet inconnu, je me racle la gorge, ce qui l'extirpe de son sommeil. Il se met à me regarder d'un air interrogatif. 

Mon dieu, ce qu'il a de beaux yeux gris.

Calme-toi Elser !

– Excuses-moi ! Lançais-je pour l'interpeller et avoir toute son attention, je peux m'asseoir ?

À ma question, il lève la tête.

– La place est prise ! Me fait-il remarquer.

– Oui, par ton sac !

– C'est bien ce que je dis, affirme-t-il d'un ton accusateur, maintenant dégage !

Il se met à me fixer avec arrogance et suffisance.

Je crois que j'ai des envies de meurtre.

Ne te laisse pas faire Elser !

– C'est hors de question, tu as juste à pousser ton sac ! J'ai eue une longue journée et je veux pouvoir me poser quelques minutes !

– Bien pour ça, va te trouver une place ailleurs !

– Je ne peux pas elles sont toutes prises ! M'énervais-je.

– Celle-là l'est aussi ! Me renvoi-t-il.

Oui, c'est confirmé, j'ai des pulsions meurtrières. Je laisse échapper un grand soupire d'agacement.

– De toute façon je vais bientôt descendre et je ne te ficherai pas la paix tant que tu ne me libéreras pas ce siège ! Assurais-je.

Il râle bruyamment et déplace son sac à dos noir à ses pieds. Je peux enfin me débarrasser de mes trois sacs, dont celui en cuir aux multiples poches qui me sert pour les cours.

– Merci, dis-je en m'asseyant à côté du jeune garçon ; homme ?

Du coin de l'œil, je regarde sa pochette verte d'arts plastiques qu'il a placé entre ses jambes. Un artiste talentueux sans doute. Sauf pour ce qui est de la communication. Pour apaiser les tensions qu'il y a entre nous deux, je prends la parole.

– Tu dessines ? Demandais-je.

– Ça te regardes pas.

Ok ! Il a vraiment mauvais caractère, c'est insupportable.

Frôlement de l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant