To the surface [pause]

CHAPITRE 1

On pourrait se croire dans le tronc d'un arbre à l'intérieur de cette taverne. Tout est fait en bois - que ce soit le sol, les murs ou les meubles -  et on pourrait croire que des feuilles poussent sur les murs. 

Le barman essuie le comptoir tout en discutant avec un ivrogne - unique client de la taverne - affalé sur sa table à l'autre bout de la taverne. 

 _ Rentre chez toi t'es complètement bourré ! lui crie le barman.

 _ Que veux-tu, y a plus que l'alcool qui me donne de l'espoir aujourd'hui !

Le barman se met à rire en jetant le torchon avec lequel il nettoyait le comptoir par dessus son épaule. Quand l'ivrogne se lève pour tituber vers la sortie de la taverne, il lui fait un petit signe de main pour lui dire au revoir et le suit du regard. C'est à se moment que le barman se rend compte de ma présence dans la taverne. 

 _ Je te sers quoi gamin ?

 _ Une bière s'il vous plaît.

 _ Ok, alors premièrement, moi c'est Clay, et ici tout le monde tutoie tout le monde, et deuxièmement, t'es sûr de toi pour la bière ? Parce qu'elle fait pas mal tourner la tête.

 _ Je sûr de moi.

Je m'avance dans la taverne et m'assoie sur un des tabourets qui se trouvent devant le comptoir. Clay me remplis un verre d'un liquide ambré et mousseux puis le pose sur le comptoir en face de moi et je donne à Clay un écu pour payer a boisson.

 _ Besoin de noyer sa peine ? me questionne-t-il.

Je ne sais même pas quoi répondre. Je ne connais même pas la réponse à cette question. Suis-je ici parce que je me sens impuissant face à tout ce qu'il se passe aujourd'hui ? Ou est-ce que je ressens le besoin de boire pour oublier que je m'inquiète de la disparition de Po ? Ou simplement pas que ma famille me manque ? 

 _ Oui, je réponds malgré tout.

 _ Tu t'es fait largué ? 

 _ Non.

Une seule gorgée de ma bière suffit à me donner mal à la tête. J'aurais dû écouter Clay et prendre autre chose mais je dois avouer que malgré cela, cette bière reste délicieuse. C'est la première fois depuis bien longtemps que quelque chose à du goût. Aujourd'hui tout nos légumes et nos fruits sont imbibés d'eau et ainsi perdent tout leur goût. Cette bière, c'est comme une oasis au milieu d'un désert : elle me fait du bien.

Je la bois finalement d'une seule traite sous le regard attentif de Clay.

 _ Respect gamin. C'est la première fois que je vois quelqu'un boire cette bière aussi vite sans s'écrouler par terre. Tu dois être sacrément triste pour picoler comme ça.

 _ Je sais juste pas ce que je fous ici.

 _ Ce que tu fous dans cette taverne ou ce que tu fous sur Terre ?

 _ Les deux j'imagine.

 _ Eh ouais gamin, la vie est sacrément pourrie de nos jours.

Et il a raison. La vie est pourrie. Je suis seul, sans attache. Les seules relations que j'ai sont le guérisseur, Po - qui a disparu - et une ou deux filles avec je passe la soirée quand je me sens trop seul. Et j'en veux à tout le monde pour ça alors que les seuls responsables sont les Bourbons. 

 _ Tu es en colère ? me demande Clay en s'appuyant sur le bar.

 _ Ouais.

 _ Tu voudrais que les choses changent ? 

 _ Qu'est-ce que ça peut faire ce que je veux ? Je suis pas un dieu ou surhomme, j'ai aucun pouvoir sur ce qu'il se passe autour de nous.

 _ Ecoute gamin, je vais pas me lancer dans des discussions métaphysiques avec toi ou je sais pas quoi, mais j'ai besoin que tu répondes à ma question et il faut que tu sois sûr de toi : est-ce que tu as vraiment envie que les choses changent ?

 Evidemment que j'en ai envie. J'en rêve. Mais pourquoi est-ce que ça l'intéresse tant. C'est la première fois que je parle à ce type et on dirait que ma réponse à cette question lui est vitale. 

 _ Oui je veux que ça change.

 _ D'accord gamin. Comment tu t'appelles ?

 _ Aaron.

 _ Alors lève ton cul Aaron parce que j'ai un truc à te montrer.