Chapitre 7

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Le lendemain, j'étais décidée à en terminer. Si la chasse de l'après midi ne portait pas ses fruits, je reviendrais au village pendant la nuit, le trouverais et le tuerais. Sur cette décision, je me levais du bon pied. Je m'étais levé plus tard, j'avais trainée au lit ; je n'avais pas à aller chez Louisa. Il me faudrait quand même y aller la veille de la fête pour finir les préparatifs mais jusque là je n'avais pas à y retourner.

Je m'habillais comme à chaque fois d'un pantalon, d'un débardeur et de mes bottes. Je pris le temps de me faire un sandwich que j'emmenais avec moi pour le manger sur la route.

Arrivée à destination, je me posais à ma place habituelle et j'attendis. Comme la dernière fois, je n'eu pas à attendre longtemps avant de le voir, il n'était pas avec les enfants, il jardinait. Le village devait sûrement faire un potager, même si la forêt est pleine de richesses, on ne tout y trouver. Et comme la dernière fois, il me repéra. Cela m'énerva ; s'il me voyait, qui d'autre pouvait me voir ? Mais j'avais l'impression qu'en dehors de lui, personne d'autre ne scrutait la forêt. Ils se sentaient donc en sécurité. Cette après-midi là, je fus moins patiente que d'habitude. Je savais que je reviendrais le soir donc cela ne servait à rien que je perde mon temps. J'étais déjà restée un petit moment, quand je décidai de partir. Je le regardais une dernière fois toucher la terre et je marchais pour m'éloigner et ainsi pouvoir courir aussi vite que je le voulais sans qu'on puisse me voir. Soudain, j'entendis une branche craquée derrière moi. Je fis volte face et me retrouvais face à face avec lui. Parfait !


Elle est encore revenue. C'est bizarre, je la trouve encore plus belle que la veille. Peut-être est ce parce que je travaillais la terre ce jour là ? La terre, la forêt... Son élément quoi. Je me remis au travail, je labourai le terrain. Une fois ma tâche finie, je levai la tête, content d'avoir réussi à me concentrer. Mais quand je vis qu'elle partait, ce fut tout sauf de la joie que je ressenti. C'est pourquoi je me mis à courir pour la rattraper.
J'étais presque arrivé à son niveau quand je marchais sur une branche qui craqua son poids. Je la vis se crisper devant moi et se retourner brusquement. Lorsqu'elle m'aperçut, je vis son corps se détendre, pas complètement mais assez pour que je m'en rende compte. Pourquoi était elle plus détendue en ma présence ? Je ne le saurais surement jamais. Nous nous regardions, les yeux dans les yeux depuis un petit moment déjà, quand le silence devint gênant. Je pris donc la parole :

- Je m'appelle Mathieu.

Je lui fis un petit sourire pour l'inciter à dire quelque chose, mais j'eus juste l'impression qu'elle me regardait encore plus intensément. J'ai donc continué à parler car le gêne avait montée d'un cran :

- Il y a la guerre au Sud, c'est pour ça qu'on s'est installé ici. Nous avons fuit et n'avons pas encore eu le temps de nous présenter aux Chefs des villages alentours. Je sais que tu n'as rien dit sinon on serait déjà tous morts au village. Non pas que ça ne m'arrange pas hein ?! Enfin, tu vois... ? Alors merci de ne rien avoir dit. Je me sentais stupide, je ne parlais pour rien dire. Evidemment que je ne voulais pas qu'elle dise qu'on s'était installé là. Alors que j'étais en train de me rabrouer intérieurement d'être aussi bête, un petit sourire en coin se dessina sur son doux visage. Je senti mes épaules se détendre et la gêne qui augmentait en flèche quelques instants auparavant me quitter. La réplique de son sourire apparue sur mon visage. C'était la première fois que je la voyais sourire et le fait que ce fût grâce à moi me fit me sentir joyeusement idiot. Mon sourire s'élargit.

Elle ne disait toujours rien, je me mis donc à la questionner :

-Comment tu t'appelles ?

Au lieu de me répondre, elle regarda autour de nous, quand elle revint à moi, ses lèvres s'étirèrent un peu plus. Elle me tourna le dos et se remit à marcher, elle me jeta un coup d'oeil derrière son épaule comme pour me dire de la suivre. Ce que je fis. Elle s'arrêta près d'un arbre et s'accroupit. Je continuais de marcher pour la rejoindre, me demandant ce qu'il se passait. Quand je fus arrivée à sa hauteur, elle se releva d'un seul coup. Elle posa une de ses fines mains sur ma bouche pour m'empêcher de crier. Je ne m'en inquiéta pas, elle était toute fine et moi j'étais plutôt costaud, je pourrais me dégager en un rien de temps. Elle m'adossa à l'arbre et se colla à moi. Puis, je vis enfin pourquoi elle s'était accroupit ; dans son autre main se tenait un couteau qu'elle colla à ma gorge. Je ne comprenait pas, j'étais troublé et la peur commençait à faire surface. Que voulait elle ? Je croisais
ses yeux mais n'y vis aucune réponse, seulement des émeraudes froides. Ils étaient du même vert que la forêt mais tellement froids ! Elle se pencha doucement vers moi et me glissa à l'oreille :

- Camille. Je m'appelle Camille. Elle avait une belle voie ni aigu ni grave.

Elle se retira. Je pris ma chance. D'une main j'agrippai celle qui tenait le couteau, de l'autre celle qui bloquait ma bouche avec mon pied je la fauchai. Mais comme on dit les apparences sont trompeuses ; je n'avait réussi qu'à dégager légèrement ma gorge et à la déstabiliser. Il fallait absolument que je garde mon calme, mais c'était bien difficile dans ces circonstances. Je continuais de lutter quand j'entendis Louis, mon meilleur ami. On se connaissait depuis toujours. On avait décidé ensemble de partir pour le Nord, on voulait la sécurité. Nous avions immédiatement rejoint le Groupe et le soir même nous en parlions déjà à nos parents respectifs. Nos familles étaient dans le village avec nous. Louis m'appelait, on était en train de faire le potager ensemble quand j'étais parti, il avait dû me trouver trop long et était venu me chercher. Je ne pouvais pas lui répondre avec la main de Camille sur ma bouche. J'étais toujours concentré sur elle, je n'avais pas quitté le Sud pour repousser la mort de quelques semaines seulement !
Camille avait arrêté de lutter, elle était figée, j'en profitais pour me dégager. On était maintenant face à face. Je m'attendais à une nouvelle attaque mais rien ne vint. Louis me rappela une seconde fois et je lui cria :

- Je suis là Louis !

Je jetai une regard derrière moi pour le voir arriver. Je revins à Camille. Elle n'était déjà plus là, elle était partie, comme à chaque fois sans aucune trace.

Louis me sorti de mes pensées :

- Qu'est ce que tu faisais ? Il ne l'avait donc pas vu.

- Je pensais avoir vu un animal, mentis-je.

- Et tu es venu sans arme pour le tuer ? me railla-t-il.

- Oui, je crois que je suis fatigué, répondis-je.

- Allé viens, il ne nous reste plus qu'à planter quelques graines et on en aura fini pour aujourd'hui.

On rentra au village et on termina le travail qui nous avait été confié. Je n'arrivais plus à me concentrer, trop de questions et aucune réponse. Pourquoi avait elle tentée de me tuer ? Comment faisait elle pour à chaque fois partir comme si elle n'était jamais venue ? Pourquoi étais je le seul à la voir ? C'est dans un état second que je rentrais chez moi en fin d'après midi.


Je courais de plus en plus vite. Fuir, voilà ce que je devais faire. Fuir le désastre que j'avais semée. Je ne pensais pas que son ami Louis m'avait vu mais il était moins une. Comment se faisait il que je ne l'avait pas entendu arriver avant qu'il se prononce ? C'était la première fois que j'avais été prise par surprise mais c'était la première fois que je loupais une proie. Pourquoi fallait il que ça  tombe sur lui ? Lui qui connaissait mon secret ? Comment avais je pu ne pas pouvoir le tuer ? Je ne pensais pas que son ami viendrait le chercher. Si j'avais su je n'aurais pas autant pris mon temps. Cependant, c'était aussi la première fois que je me devais de tuer un humain qui n'avait pas une mauvaise aura. Mais que cela pouvait il bien changer ? Et bien tout. Il n'était pas comme ceux qui avait tué ma famille. Je l'avais vu. Il avait dans son regard de l'innocence. Il n'avait pas compris ce qu'il lui arrivait. Je m'étais pendant un temps perdue dans ses yeux particuliers ; noisettes avec des pépites couleurs ambres. Je m'était allée à lui dire mon prénom. Pourquoi ? Parce qu'il m'avait ému ? Parce qu'il avait été gêné ? Parce qu'il était mignon ? Quoi !? Mais qu'est ce qu'il m'arrivait ? Rien n'allait plus aujourd'hui. Ce gars là me rendait complètement malade. Grâce à la force de son désespoir il avait réussi à me désarçonner. C'était encore une fois une première. Il me changeait, je ne me reconnaissais plus et cela me faisait peur. Je devrais pourtant devoir la combattre car je ne pouvais le laisser s'en sortir comme ça. Il connaissait mon secret et c'était inadmissible. Comme je l'avais décidé plus tôt dans la journée, j'attendrais pour aller le tuer quand la nuit serait tomber. Et tout redeviendrait comme avant.

L'aube D'un Jour NouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant