Une nuit d'hiver

Chapitre 14

Je viens de rentrer à la maison. Léo est assis sur le canapé, et il me regarde pendant de nombreuses minutes avant de se lever et marcher dans ma direction. Il place ses mains au niveau de mes hanches avant de m'embrasser tendrement, il se détache ensuite de moi pour me regarder droit dans les yeux avec un sourire en coin.

- Je sais tout Charlie, le médecin de l'hôpital m'a prévenu dans l'après-midi, tu as retrouvé presque la totalité de ta mémoire, alors pourquoi tu ne m'as rien dit ?

- J'ai eu peur que tout redevienne comme avant, que tu recommences et que je sois obligé de repartir pour ma santé.

- Tu sais, je suis désolé pour ce qui s'est passé à notre enfant, j'étais bourré et je ne me contrôlais plus...

- Maintenant je ne pourrai plus avoir d'enfant, je le coupe.

- Je sais très bien qu'aucun enfant ne pourra remplacer celui qu'on a perdu mais tu pourras essayer de tourner la page.

- Même si je veux, plus tard, en avoir un autre je ne pourrai pas, je suis devenue stérile, dis-je en larmes.

- Je suis désolé, je ne savais pas...  Mais, comment ça se fait ?

- L'accident qu'on a eu...m'a rendu stérile.

Je ne lui laisse pas le temps de me parler que je pars en courant en direction de ma chambre, je ferme la porte à clef avant de me laisser glisser le long de celle-ci et pleurer. Des coups derrière la porte se font entendre, puis la voix de Léo qui résonne à son tour mais je n'ai pas envie de lui répondre. Au bout d'un moment qui me parait des siècles, il semble se lasser puisque j'entends ses pas s'éloigner de là. Je continue de pleurer, les larmes se succèdent le long de mes joues, j'ai l'impression que je revis ce jour de novembre.

Je me trouve assise devant ma gynécologue, elle n'ose pas me regarder dans les yeux, je ne comprends pas pourquoi. Elle semble hésiter à m'annoncer quelque chose.

- Que se passe t-il ?

- Je ne sais pas comment vous l'annoncer...ça risque d'être dur à accepter.

- Plus dur que le fait que mon enfant soit mort dans mon ventre ?

- Encore plus dur mademoiselle... L'hôpital m'a appelé après votre entrée dans leur service d'urgence, comme vous et votre compagnon étiez dans le bloc. Ils m'ont demandé si vous étiez enceinte pour  voir ce qu'ils devaient faire, je leur ai répondu de façon affirmative. Je pensais que tout se passait bien pour vous mais quelques heures plus tard ils m'ont rappelée pour m'annoncer que vous aviez perdu votre bébé et qu'il fallait que je vous annonce que...

Je patiente du mieux que je peux cette nouvelle qui risque de changer ma vie puisqu'elle ne veut rien me dire depuis tout à l'heure.

- Ne tournez pas autour du pot, je peux tout entendre.

- Je suis désolée, vous ne pourrez jamais plus avoir la chance de la maternité...

- Comment ça ?

- Vous ne pourrez jamais plus avoir d'enfant, l'accident à détruit toutes vos chances.

Mon monde s'effondre autour de moi. Comme est-ce possible ? Comment ne pas se sentir vide et inutile après cette annonce qui  me détruit en une fraction de seconde ?

- Vous êtes sûre ?

- Oui mademoiselle, il ne vous reste presque aucune chance d'avoir un enfant naturellement, je ne peux pas vous dire impossible puisqu'il existe des cas de femmes qui ont réussi à avoir un enfant mais ces cas  sont des exceptions.

Peu de temps après cet accident, j'ai quitté Léo. Je n'avais aucune envie de le voir, surtout que j'avais appris qu'il m'avait trompée. Quand je lui ai dit que j'avais tout découvert, il a commencé à nier puis à devenir violent avec moi. Je me suis enfuie loin de lui dans une ville qui se trouve à plus d'une demi-heure de cette maison remplie de mauvais souvenirs. Je crois que ma perte de mémoire m'a fait du bien puisque la douleur a été effacée. Maintenant, tout revient petit à petit, la douleur et le mauvais souvenir, ces vacances arrivent au bon moment, elles vont pouvoir m'aider à retrouver le sourire. Enfin, je l'espère vraiment.

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