Elle ne tarda pas à se diriger vers la salle audiovisuelle, son regard n'avait plus rien d'impassible mais était plutôt empreint de colère. Quand la jeune femme y arriva enfin, elle remarqua que la plupart des étudiants étaient déjà installés. December s'empressa de gravir les escaliers de l'amphithéâtre, qui avait été construit en un large demi-cercle qui s'étendait sur plusieurs niveaux. Elle alla s'assoir à la dernière rangée de siège, du côté droit, là où elle pouvait-être sûre de passer inaperçue, prenant place au côté d'une grande rousse, qui était seule, tout comme elle. Et le chef d'établissement pris la parole... Il devait avoir la cinquantaine pensa December, il était longiligne, blond et vêtu d'un costume bien trop large pour lui.
- « Bienvenue à vous aujourd'hui, très chers étudiants de première année. Je me présente, Monsieur Smith, votre doyen. Nous – mes collègues et moi-même – vous accueillons aujourd'hui dans un lieu chargé d'histoire, que vous fréquenterez, pour les plus disciplinés d'entre vous, durant trois années. Et ce, que vous soyez internes ou externes. Sachez tout d'abord, que vous avez choisi de venir ici. Vous étiez libres de ne pas poursuivre vos études, pourtant vous avez décidé de les prolonger ».
- « Oui enfin, ce sont mes parents qui l'ont décidé », intervint une voix qui provenait des premières rangées de fauteuil, déclenchant aussitôt l'hilarité générale.
Monsieur Smith garda son calme, esquissant un sourire forcé.
- « Cela arrive mais ce n'est pas pour autant que vous ne devez pas vous donner les moyens de réussir. Vous êtes tous ici dans l'optique de construire votre futur. Dans le cas contraire, je n'ai aucune idée de ce que vous venez faire ici ».
- « Il a déjà dit « vous » une dizaine de fois, et ce n'est que le début du discours, grommela sa jeune voisine.
- « C'est vrai », admit December, elle rit.
Puis elle se tut afin d'écouter, Monsieur Smith et sa secrétaire, Madame Ignatz – une allemande, à en juger par son accent – se relayer dans leur discours. Tous deux employaient sans cesse le pronom personnel « vous ». C'était risible. La jeune fille, qui avait les cheveux roux et les yeux d'un vert limpide dessinait une croix sur son cahier, chaque fois que le mot était prononcé. December la regardait faire en souriant. C'est plus un comportement de collégienne que d'étudiante, pensa-t-elle, mais cette fille en une seule phrase avait égayée sa journée, qui avait pourtant bien mal commencée. Le discours pris fin bien trop vite.
- « Bien, laissez-moi VOUS – elles avaient maintenant l'insupportable impression qu'il insistait sur le mot – projetez un petit film qui VOUS présentera les dangers de l'alcool et de la drogue. Si un jour il VOUS venait à l'esprit d'en consommer illégalement dans l'enceinte de l'établissement, sachez que VOUS risquez l'exclusion définitive ». Elle griffonna encore quelques croix sur la feuille.
Ce fut sa camarade qui osa enfin le demander :
- « A propos, comment t'appelles-tu ? »
December la fixait, un petit sourire admiratif aux lèvres.
- « Laisse-moi deviner... Alexys ? Tu as un visage à t'appeler Alexys. J'aime bien ce prénom. J'aime bien ton visage, aussi ».
- « Raté, December ».
- « Alors là, j'avais aucune chance de trouver, c'est vraiment pas commun. Moi c'est Jude ».
Le film démarra, il mettait en scène une jeune élève – dont les talents d'actrice étaient bien pitoyables – qui était tombée dans un coma éthylique, lors d'une soirée, avec sa confrérie étudiante au cours de laquelle elle avait consommé de nombreuses sortes d'alcool et de drogues. Le lendemain de l'incident elle mourait d'une overdose. Maintenant, c'était au tour de ses « parents » et « amis » de pleurer lors de la cérémonie funéraire.
VOUS LISEZ
Remember December
Teen FictionDecember Brythe a dix huit ans, et pourtant , elle n'a pas l'impression d'avoir vécu. Cette jeune étudiante, passionnée de littérature, vas tout plaquer pour Chersbarry : La prestigieuse université qu'elle à toujours rêvé d'intégrer. Ce sera le lieu...