Journée au pénitencier

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C'est le matin que les rêves se rendorment bercé par la lumière du petit jour.

C'est un rayon de soleil qui en chatouillant le jeune homme, le réveilla. En baillant il se prépara, jeta ses affaires de cours dans son sac, et avant de partir, prit deux tranches de brioches et claqua la porte comme tout les matins.

Rosé. Le ciel avait une couleur légèrement rouge tirant vers le rose. Il aurait voulu immortaliser ce moment, mais aujourd'hui il irait en cours. Le chemin se fit lentement, les yeux tournés vers le ciel.

Il vit le collège de loin. Telle une prison de fer forgé. Un pénitencier où l'on perdait son âme pour quelques heures. Il n'aimait pas cet endroit et ne comprenait pas comment les gens pouvait aimer cet endroit.

Ce qu'il détestait le plus dans le collège, c'était l'entrée. Lorsque tous les élèves entraient, se saluaient en se racontant des idioties passées la veille. Les voir rires pour n'importe quoi, s'affoler et crier comme si les autres n'existaient pas. Il haïssait ça.

A peine entré il chercha Astrée du regard. Ne la voyant pas, il décida d'aller s'asseoir et de lire un peu. "Le Sahara vient des étoiles bleues". Plongé dans sa lecture, le temps devient secondaire, et il ne remarqua même pas les regards étrangers que les personnes lui portaient, ni les regards appuyés de certains proffesseurs étonnés de sa lecture. Plus rien ne comptait. Il était seul avec sa découverte de l'univers. Puis soudain il lève la tête, un éclair d'espoir. Astrée ? Il ne la voit toujours pas. Il replonge dans son livre avec la ferme intention d'y rester.

Seulement quelques minutes avant la sonnerie, les murmures s'intensifièrent, tout le monde regardait dans la même direction. Il ne fallut qu'une fraction de seconde pour qu'il tourne lui aussi la tête et voit une jeune fille. Astrée. Complètement différente de celle qu'il avait vu. Elle semblait totalement elle-même. Comme si enfin elle s'était acceptée. Astrée fit un pas vers ses amies qui la regardaient comme une bête de foire, et qui reculèrent. Il capta l'ombre de tristesse qui voila les yeux de l'étoile filante, avant de crier son nom.

Celle-ci comme si elle aperçevait un phare en pleine mer lui offrit un sourire. Elle s'approcha a vive allure.

La jeune fille au coeur de tout les regards s'était habillé différemment mais bien plus que ça, une nouvelle lumière brillait en elle. Comme si elle a avait trouvé la paix. Enfin peut être pas. Mais c'est comme si quelque chose s'était apaisée. Qu'elle avait fait une trêve avec ses démons.

Elle s'assit à ses côtés et ils parlèrent. Du livre qu'il était en train de lire, du changement qu'elle avait subi, elle s'amusa à lui raconter comment tout s'était passé et lui il l'écouta avec un sourire béat sur ses lèvres. Jamais il n'aurait pensé que cette intrigante jeune fille aurait tenue son pari.

La sonnerie retentit, ils se levèrent pour aller en classe. 55 minutes et 50 secondes de cours précisément. C'est ce que le jeune homme fit remarquer à Astrée qui s'indigna :

-Tu n'a pas écouté le cours ?!

-Quel intérêt, mieux vaux compter les secondes que de perdre mon temps à écouter des stupidité comme ça !

-Tu sais que ces stupidités comme tu dit, sont la base de ce que l'on appelle l'éducation qui forme les futurs adultes que nous serons ?

-On atteindra peut être jamais l'âge adulte !

-Il fait avoir une vision optimiste des choses ! Mieux vaut préparer les futurs adultes que de les laisser faire n'importe quoi et faire sombrer note civilisation dans le chaos !

-Mouais... tu marques un point... mais ce n'est pas fini !


Astrée soupira de découragement face a son ami têtu comme une mule ! Ils continuèrent de se chamailler en s'engageant dans la salle de cours suivantes.

Quelques heures plus tard, ce fût le cour de Français. La seule matière qu'il pouvait accepter d'étudier.

Au menu aujourd'hui, de la poésie de  Victor Hugo, né le 26 février 1802, et mort le 22 mai 1885. Une cinquantaine d'années vécues, et beaucoup d'oeuvres célèbres encore aujourd'hui. Leur professeur de lettres, une jeune femme de la trentaine: Madame Chak aux cheveux aussi noire que sa peau ne cachait pas son admiration pour cet écrivain qui avait sois disant "marqué son époque", bien que le jeune garçon parfois bien énervant préfère penser de son côté que ce sont les écrivains oubliés qui forment une époque et non pas ceux qui en survivent.

Finalement l'heure passa plus rapidement qu'on ne l'aurait cru, et Astrée sortit du cours rayonnante d'avoir pu écouter de la poésie.

-Alors, que penses - tu de lui ma chère amie ?

-La vrai question c'est de savoir ce que tu en penses toi ! Puisque tu sais que la poésie me comble de bonheur !

-Où donc est le bonheur ? disais-je. - Infortuné !
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l'avez donné.

-Que vaut cet extrait de "Où est donc le bonheur" de notre ami Victor  ?

-A cela madame je ne peux point vous répondre, mais je crains qu'il ne soit déjà l'heure de festoyer ! Voudriez-vous joindre votre compagnie à la mienne ?


Astrée éclata de rire, en décoiffant son jeune ami. Ils déjeunèrent en discutant de sujets "banaux" pour une fois. Même les plus grand cerveau ont besoin de parler de banalités.

L'après midi se passa comme le matin. Des cours plus ou moins passionnants, toujours des remarques de la part de élèves, plus ou moins pertinentes.

Puis, comme un cri de libération, la sonnerie retentit signifiant la fin des cours. L'étoile filante et le cratère se mêlèrent à la foule, une fois n'est pas coutume, pour sortir du pénitencier cérébral.

Le ciel bleu, le rire d'Astrée, le cadre était parfait. Pour la première fois il pût dire à haute voix avoir passé une bonne journée.

Mais alors qu'il était sur le point de se quitter. Astrée lui posa la question.

-Alors ton prénom ? 

-Mon prénom ?

-Bah oui ! J'ai gagné mon pari alors tu doit me dire ton prénom ! Un pari est un pari! Si tu ne le respect p...

-Orion.

-Pardon ?

-Orion. Je m'appelle Orion.

-J'aime bien. Ce n'est pas commun.

-Tout comme Astrée.

-Bon il faut que j'y aille ! A demain Orion grand cratère ! 

-A demain ! Astrée étoile filante !


Sur un dernier regard, un dernier geste, ils se séparèrent, seulement pour quelques heures. Le temps de renouer avec leur réalité...

Ce soir là Orion se coucha le sourire aux lèvres. Ils observa les étoiles en se demandant laquelle pourrait correspondre à Astrée.

C'est le soir que les rêves enfouis se réveillent par la souvenir d'une belle journée...

Lulu-coco

Mille et une étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant