Chaussette

15 1 1
                                    

Maman m'a pas mal grondée. Mais ça ne me dit pas pourquoi les poêles ne transforment personne en écureuil.
À part ça, je voulais vous apprendre d'autres choses sur moi.
Mon animal préféré : l'ornithorynque.
Je rêve d'avoir : un ornithorynque.
Comme animal, j'ai : une fourmi ailée. Lunette est apparue dans ma chambre.
Non, je plaisante ! Je n'ai pas d'animal de compagnie, mais j'en rêve. Fille unique, c'est parfois dur d'être seule. Rien que de voir un petit être à poils ou à plumes, ça me remplirait de joie.
Justement, c'est bientôt Noël. Ma liste est :
- Une poêle
- Une guitare
- Un ballon de basket
- Un animaaaaal !!! S'il te plaît !
Maman a ri à la première proposition avant de comprendre que je ne plaisantais pas, souri à la deuxième et à la troisième, et froncé les sourcils à la dernière, celle qui me ferait le plus plaisir.
C'est mort.

Je chantonne :
- C'est bientôt Noël !
Je décore le sapin. Mamie, Tonton et Tata (celle du zébu), les cousines... on a invité tout le monde. Ils arrivent dans quelques heures.
Ding-Dong !
Déjà ?
Je vais ouvrir... et tombe dans les bras de Tata. Elle m'a maaaanquéeee !
Les cousines me sautent dessus. Camille, Célia, Jenny, Zoé et Garance, toutes sont réunies en ce jour de fête !

Après le dîner, on fait la tradition : on tire un nom au hasard (cette année, c'est Jenny), et il ou elle va chercher un cadeau. Elle le donne à son "propriétaire" et celui-ci va en chercher un autre, etc. Jenny donne à Camille, puis ça va à Zoé, Maman, Tata, Mamie, moi, Tonton, Célia, Maman, Garance... quand tout le monde a ses paquets, on ouvre.
Premier cadeau : de Mamie. Des boucles d'oreille ! Stylé !
Deuxième : Tata et Tonton. Une jolie sacoche pour le collège !
Ouiiii !!!
Troisième : Garance (qui est assez grande pour offrir). Un gros coussin en forme de cœur ! Trop mignon !
Quatrième, cinquième et sixième : Maman. Une poêle (Yes !), une guitare (youpiiii !) et un ballon de basket. Mais Maman va chercher un carton en disant : "Il est très fragile, ma chérie.". Elle le pose devant moi et m'embrasse sur le front. J'ouvre le carton. Deux petites billes me fixent. Une tête sort. Je pousse un hurlement de joie :
- Un furet !!!!!
Je le prend dans mes bras. Il grimpe sur mon épaule. Maman précise :
- C'est une femelle, elle a seulement quelques mois. Comment tu veux l'appeler ?
Je réfléchis, puis je murmure :
- Chaussette.
Ils rient, puis Chaussette monte sur ma tête. Je la pose sur le canapé, et je saute au cou de Maman. Je la remercie mille fois et lui dis que c'est le plus beau cadeau de Noël de ma vie. Quand je me retourne, Chaussette a disparu. Je m'aperçois ensuite qu'elle est remontée sur ma tête.

Les cours reprennent ce matin. Grrr. J'aurais préféré rester avec Chaussette. Je l'adore, et elle kiffe mon odeur. Ce matin, je l'ai trouvée couchée sur ma sacoche.
Je pars pour le collège. Ça m'a fendu le cœur de laisser ma furette seule.
En cours de maths, ma copine Cassandra me demande :
- C'est toi qui couine ?
- Personne ne couine. T'es folle ?
En histoire, le prof nous demande ce qu'on a eu à Noël. Je clame :
- Un furet !
- Et toi, Jean ?
- Des livres.
- J'ai eu un furet !
- Et toi ?
- J'ai- eu- un- fu-ret-eu !
Soudain, un grand sifflement se fait entendre. Seules Cassandra et moi l'entendons (ouf). Elle me souffle :
- Tu vois ?
- Oui...
Je regarde dans mon cartable. Non, non, non, non, elle ne s'est pas cachée là...
Chaussette me regarde de ses yeux noirs.
Si.
Elle monte sur ma manche et entre dans mon pull. Affolée, j'essaie de l'attraper et finis par danser la polka seule. Ce n'est que quand Cassandra pouffe de rire que je m'aperçois que j'ai renversé la table. Rouge pivoine, je la redresse pendant que Chaussette se balade tranquillement dans mon sweat. Soudain, elle me chatouille le dos. Je me cambre et commence à courir partout dans la salle. Jusqu'à être stoppée par... le prof. Je lui fonce dedans.
Mais il faut dire que le prof est particulièrement petit. Donc, bien sûr, lui foncer dedans aurait été trop simple. Il FALLAIT qu'en plus, je l'embrasse accidentellement sur la bouche !!!!!!!!!!
Mais c'est pas possible !

Je sors des cours. Je ne sais pas comment j'ai fais, mais j'ai réussi à cacher Chaussette. Quand j'arrive à la maison, je met Chaussette dans l'aquarium vide et, à l'aide de carton, de bouts de cage de hamsters et de bois, je fabrique un parc à furet. La cage pour les côtés, le carton pour des petits jeux et le bois... en fait, j'ai construit une brosse à furet parce que je ne savais pas quoi faire du bois. J'ai utilisé mon ancienne brosse à cheveux. À quoi sert le bois ? Je vous avoue que je n'en sais pas grand chose. Je l'ai collé sur le dos de la brosse. Chaussette a trouvé ça tellement joli et original qu'elle a jugé bon de s'endormir dessus.

- Voilà qui conclut notre journal de sept heures. Nous passons maintenant à la météo. Chaleur orageuse tout au long de la journée...
Génial ! Je vais pouvoir mettre mon débardeur et mon chapeau de paille !
Hum... Qu'est-ce que je fais dans le parc à furet ?

- Mikayla, tu as fait ton exercice ?
Mon exercice... oups. Je crois que j'ai zappé les devoirs hier.
- J'avais une urgence.
- Quel genre ?
- Heu... je devais construire un lit-brosse à cheveux.
- Un quoi ?
- Un lit brosse à cheveux. Pour Chaussette.
- Chaussette ?
- Oui. Chaussette. Elle a élu domicile sur ma brosse à cheveux. Il faut dire que j'ai mis du bois dessus.
- Hein ???
- Ça change tout.
- MIKAYLA ! UNE HEURE DE COLLE !
- Mais enfin, monsieur, Chaussette est triste sans moi.
Le prof a commencé à pleurer.
- Ouiiiii ! Les chaussettes sont triiiiistes sans nouuuuus !
Je me lève et lui fait un câlin.
- Ça va aller, m'sieur. Vous allez les retrouver ce soir, vos chaussettes.
- Mikayla, qu'est-ce que tu fais ?
Ah ? Je l'ai imaginé, le coup du prof triste ?
Oups.

Le principal : Mikayla...
Moi : Oui. C'est mon nom.
Lui : Mikayla, c'est déjà la cinquième fois que tu viens dans mon bureau depuis septembre. Et on est en janvier.
Moi : Merci, monsieur. J'ai failli croire qu'on était en juillet et qu'il y avait de la neige en été.
- MIKAYLA !
Je me tais. Le principal n'est pas commode quand il est en colère.
- Mikayla Razowsky, je te condamne à une heure de colle.
- Mais, m'sieur, le prof m'en a déjà donné une.
- Et alors ? Tu iras aux deux. Je t'attends dans la salle d'étude jeudi soir de seize à dix-sept heures.
- Bien sûr. Je serai là.
- Bien.
Je sors, toute contente. Il voulait me donner les deux heures de colle ? Eh bien, je n'en aurai qu'une. Le prof m'a mise la sienne à la même heure !
Hi hi.

Mais c'est pas possible !!!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant