Plusieurs semaines étaient maintenant passées depuis qu'Évry m'avait quitté et j'avais du mal à reprendre ma vie comme avant. C'est bizarre à quel point il est difficile de vivre normalement lorsqu'on a aimé quelqu'un de tout son cœur et de toute son âme. Quand on s'est habitué à la présence quotidienne d'une personne, on oublie comment on faisait pour vivre avant de la rencontrer, on oublie tout ce qui a pu se passer avant, parce qu'on a tout donné à cette personne, et que tout le reste était devenu insignifiant. J'ai pleuré son départ, j'ai pleuré chaque larme de mon corps, et ce durant des nuits entières. J'avais les yeux rouges du matin au soir, de chaque jour, de chaque semaine, de chaque mois. J'en avais fini par oublier la couleur de mes yeux. J'avais sombré depuis son départ, personne de mon entourage ne me reconnaissait. J'étais devenue pâle, maigre, et sans vie. Le cœur qui se trouvait enfermé dans cette cage, n'était plus le miens. Il ne battait plus. J'avais certainement dû l'égarer, un soir de pleine lune au coin d'une ruelle mal éclairée. On croit qu'on est fort, mais dans le fond c'est quoi être fort? Personne ne le sait réellement, chacun y voit la définition qui l'arrange. Comme tout les soirs, quand l'appartement était devenu sombre et silencieux, j'avais mon rituel. Je me mettait à écrire, tout et n'importe quoi, j'écrivais ce qui me passais par la tête, des mots dénués de sens. Je noyais toute cette tristesse et cette mélancolie qui me rongeait les os dans le fond d'une bouteille. Je me suis mise à me défoncer le crâne avec de la mauvais came en espérant pouvoir la sortir de mes pensées, pouvoir l'oublier. Mais tout ce que j'ai réussi à oublier c'est la sensation qu'on a quand on est heureux.
Et un soir, j'ai recommencé. J'ai recommencé ce que j'avais arrêter depuis plusieurs années. Mais ce soir là, c'était trop. C'était la goutte d'eau qui fait déborder le vase comme on dit. Je n'en pouvais vraiment plus de ne plus vivre, mais de me contenter de survivre. Alors je l'ai saisi. Je l'ai posé sur mon bras et j'en ai eu des frissons. Je me suis rendu compte à quel point cette sensation du métal glacé sur ma peau brûlante m'avait manqué. J'avais besoin de me sentir vivante. De savoir que j'étais encore capable de ressentir quelque chose. Alors j'ai commencé à tracer une ligne, puis deux, puis trois. Et tout est allé si vite. J'ai arrêter de compter. Je voulais juste avoir mal autre part qu'au cœur. Je voulais avoir mal autant physiquement que mentalement. Je voulais juste tracer une ligne de trop. Une ligne un peu trop profonde. Une ligne qui m'aurait fait chavirer de l'autre côté. Une ligne qui m'aurait fait voir une lueur d'espoir en cette nuit si sombre. Puis j'ai fini par la lâcher. Une douleur si profonde m'avait fait lâcher mon emprise que j'avais sur cette lame. Et à ce moment là, je me suis sentie bien, comme libérée. Et mes paupières se sont lentement fermés. Quelques battements de cils et mes plus grandes peurs s'étaient envolées.
À suivre...
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L'envoutante inconnue
RomanceUne adolescente parisienne fait la merveilleuse rencontre d'une personne durant ces vacances d'été. Entre amitié et amour. Joie et colère. Sa vie lui réserve quelques surprises. -Défaillante