Lily et moi ©

V

L'infirmière était une dame âgée d'à peu près 50 ans, ses cheveux étaient blancs et elle avait de petits yeux cachés derrière des lunettes rouges.

Elle avait l'air adorable, douce et possédait un magnifique sourire grand jusqu'aux oreilles.

Mais vous savez, pas un grand sourire « focu » comme dans les grandes boutiques où la vendeuse vous accueille avec un grand sourire et vous disent « bonjour » avec une voix tellement niaise qu'elle en devient agaçante.

Il était 22h.

Cette dame me prit la température, me demandai comment j'allais, comment je m'appelais, quel était mon nom de famille, quel âge j'avais, quels étaient les prénoms de mes parents, mon adresse... elle testait si ma mémoire était intacte.

Elle m'expliqua que mon père en était pour beaucoup si ma mémoire était en aussi bon état car il avait eu le merveilleux réflexe de retenir ma tête afin qu'elle n'heurte point le sol.

Cette gentille femme me laissa avec mon père qui était à mon chevet.

Avant même qu'il puisse me parler je lui demandai de me dire dans quelles circonstances Lily avait perdu la vie, si elle avait souffert ou non, ce que bien évidemment j'espérais.

Il me dit de me reposer et qu'il ne m'expliquera qu'à ce moment-là.

Je lui dis avec un peu d'énervement qui devait se ressentir dans ma voix que je m'étais déjà assez reposée.

En signe de réponse il me prit dans ses bras et me dit : « bonne nuit ».

Je ne voulais pas dormir, je ne voulais pas être dans le doute, je ne voulais pas être seule, je voulais... que Lily soit à mes côtés, qu'elle me fasse rire comme elle savait si bien le faire, qu'elle me raconte les dernières actualités, son avis sur les profs, les élèves de notre classe...

Mais comme l'avait dit mon père de façon la plus explicite possible «Lily ne viendras pas, elle ne viendra plus jamais... ».

Mon paternel quitta la salle et me dit bonne nuit.

Je n'arrivais pas à fermer les yeux.

Je pensais que c'était parce que j'avais assez dormis, mais quelques minutes plus tard j'eus une crampe au ventre, comme si j'allais avoir un contrôle et que je n'avais pas révisé, ou que j'avais fait une bêtise.

En fait, tout simplement, elle me manquait... énormément !

Je me mis à pleurer, toutes les larmes de mon corps, sans pouvoir m'arrêter...