Don't Go ( Ne pars pas )

Prologue : Disparaître

Normalement, je devrais vous dire que je vais bien. Je devrais commencer mon histoire par quelques choses de joyeux, d'amusant, ou même d'intéressant. Mais, je n'ai rien de tout cela. Je ne sais pas ce que je ressens, ce que je pense ou ce que je fais. Peut-être que ces trois choses ont disparu en même temps que moi. Après tout, je n'ai plus rien qui me rattache à la vie, ou même à la mort. Qui suis-je ? Qu'est-ce que je fais ? Pourquoi je suis là ?

Ne me regardez pas comme ça, moi aussi, je ne sais pas. J'essaye d'imaginer ce que j'aurais pu être, ce que j'aurais pu enfin réaliser. Mais, ce qui me vient à l'esprit n'ait rien d'autre qu'une perte de temps. SI je devais finir ainsi, j'aurais préféré mourir beaucoup plus tôt. Non, en faite, il aurait été préférable que je ne vois pas le jour. Fils d'un homme qui m'était inconnu et d'une femme qui s'était enfuie de cette terre depuis longtemps, je ne pense pas mériter une quelconque raison de vivre.

Vivre ? Pourquoi ?

 Pourquoi mon cœur ne n'avait pas lâché plus tôt ? 

Pourquoi, ce lâche, me trahissait maintenant, alors que ma vie me souriait?

Est-ce que vous savez ce que ça fait de vouloir vivre, désespérément, alors que la mort s'immisce en vous, comme l'air dans vos poumons? Moi, je savais. Et, franchement, ce n'était pas si terrible... Si rien ne vous retenait.

Mais, l'abruti que j'étais, avait trouvé une raison à sa misérable existence d'artiste. Cette raison, c'était lui. C'était ce type asiatique. Il me souriait, me parlait, m'écoutait et essayait de comprendre, chaque jour un peu plus, la noirceur de mon esprit. Et moi, le mec le plus stupide de l'univers, je m'étais mis à l'aimer.

J'avais osé, alors que je n'en avais aucun droit, laisser mon cœur courir vers mon meilleur ami. Ce n'était pas le fait que nous soyons tous les deux des hommes qui me rebutait. Non. J'avais une raison beaucoup plus vraisemblable. Deux êtres avaient le droit de s'aimer, peu importe leurs différences. Mais pas moi. Moi, ce type, cet asocial, ce menteur, ce timide, cet idiot, cet homme froid et amoureux...

Pourquoi ?

Pourquoi moi ?

Pourquoi nous ?

Pourquoi la vie ne m'a-t-elle pas laissé une chance ?

Pourquoi n'avais-je pas le droit de faire semblant d'être heureux?

Qu'est-ce qui était si grave pour qu'on ne me laisse pas réussir ? Hein ?!

Si j'avais eu conscience de mon corps, je me serrais mis à pleurer. C'était pourtant impossible, penser semblait déjà incroyable en soi.

J'étais mort après tout.

Comment cela était-ce possible ? C'était arrivé le soir où je pensais enfin réussir ma vie. Je m'étais imaginé depuis tout petit ce jour. Les émotions qui auraient dû me faire planer, le regard de ces hommes d'affaires, le son de ma musique qui s'élèverait dans les airs.

J'aurais pu réveiller en eux des émotions oubliés. Je les ensorcellerais, les ferais aimer mon son et je me serrais enfin aimé, moi, pour ce que j'étais. Au final, il fallait bien que je retrouve la réalité. Je n'étais qu'un rat misérable qui visait toujours plus haut que ce qu'il pouvait atteindre. Jamais je ne vivrais comme je le voulais. Jamais je n'aimerais ce que je suis. Et, pire, jamais je ne pourrais avouer ce que je ressens pour mon adorable Wonsik.

De toute manière, c'était peut-être mieux comme ça. Je revoyais, sans cesse, le moment fatidique et, je ne le regrettais vraiment pas. J'étais mort pour l'amour de ma vie.