Chapitre 9 : Mourir une seconde fois

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[...] "-Tout ça à cause de cette salope..."  

Chapitre 9 : 


La musique envahit mes sens. Elle me transperce, m'enchaîne, m'appelle. Elle coule dans mes veines, pénètre mon être et me fait douter. J'essaye de luter, de trouver une échappatoire, de cacher mes doigts qui pianotent dans le vide. J'essaye de m'en sortir, de ne pas pleurer, de sourire, de ne pas lui montrer. Mais c'est difficile. Trop difficile. Je me tortille sur moi-même, mal à l'aise. J'étouffe. Je suffoque presque. L'air est difficile à trouver dans cette pièce, entouré de tous ces gens. Je veux partir. Je veux rentrer. Mais je n'en ai pas le droit. Je veux que la musique cesse d'entrer dans ma tête, qu'elle me laisse tranquille, qu'elle m'abandonne. J'aimerais fermer mes yeux pour ne pas voir le piano. J'aimerais même le brûler, qu'ils cessent de me narguer. Le pianiste est tellement mauvais...

"- Taekwoon, tu veux boire quelque chose ? m'interrompt Hakyeon un verre de champagne à la main."

Je veux juste rentrer abruti ! Pourquoi devais-je être là, avec lui ? Pourquoi avais-je accepté ? Le pianiste me cassait les oreilles avec ses mauvaises notes et ma légère cicatrice à la cuisse me démangeait.

"- Un truc fort s'il te plaît, grinçais-je en m'accoudant à notre table.

- Je ne suis pas sûr de te trouver ça ici, mais je vais essayer..., me sourit-il en me touchant l'épaule."

Hakyeon, dans son costard de pingouin marcha vers l'espace qui semblait être une sorte de bar, mais pour les riches. Je ne lui prêtais pas vraiment attention, mon esprit se perdait toujours et encore sur ce magnifique piano à queue, d'un blanc pur... Je voulais jouer. Tout mon être le souhaitait. Mais c'était impossible... Est-ce que Taekwoon savait jouer du piano ? Ça serait si bien... De ce que je savais sur lui, c'était certainement le dernier à vouloir toucher un clavier de sa vie. Non, lui, il préférait se tatouer des trucs énormes dans le dos...

Normal.

"- Et voila, chantonna-t-il en revenant, posant un verre plein devant moi. Merci encore d'avoir accepté de venir avec moi. C'est super de ta part.

- Tu te moques de moi ? Tu m'y as obligé...

- Ah ? Ah oui... C'est vrai. Mais c'est quand même sympa qu'au final, tu ne sois pas parti en courant. Je sais que tu n'aimes pas ce genre de chose."

J'attrapais le verre et déversais le liquide dans ma gorge, priant pour que cela apaise mes songes incessants. Si quelqu'un m'avait dit un jour que je participerais à une sorte de bal/dîner de charité, assis sur une chaise, à écouter un idiot faire des fautes sur du Beethoven..., je ne l'aurais certainement jamais cru.

"- Quand est-ce qu'on pourra partir ? demandais-je en lui tendant mon verre.

- Quand j'aurais rencontré la personne que je dois voir, répondit-il en tournant sa tête de droite à gauche.

- Et elle arrive quand ?"

Il haussa les épaules, détaillant plutôt les invités au lieu de me répondre. Je me levais pour me resservir tout seul. J'avais revêtu un costume, moi aussi, pour pouvoir entrer dans cet endroit. Il était aussi noir que les ténèbres qui menaçaient de m'envahir si le son de mon instrument préféré ne cessait pas. Pourquoi avais-je accepté de venir ici si je n'en avais aucune envie? Parce que je voulais des réponses, des vraies, pas des énigmes à résoudre. Quelque chose me disait que, sa rencontre avait un rapport, certain, avec mes questions.

Don't Go ( Ne pars pas ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant