Où Sacha vit le réveil le plus frustrant de toute sa vie.
Lorsque j'ouvre les yeux, je mets un instant à comprendre où je me trouve. J'ai un mal de crâne atroce, sûrement dû à mon trop plein d'alcool d'hier soir. Hier soir. Je me redresse brusquement, et regarde autour de moi. Je suis dans ma chambre. Avec mon pyjama. Je ne me rappelle ni être rentré, ni m'être changé. Je fronce les sourcils. Est-ce que j'ai pu boire à ce point ? Non, ça ne colle pas. Je me souviens très bien de la boîte, d'être rentré, d'avoir suivi Eden, d'avoir rencontré les... Garçons Perdus. Et d'avoir mangé des marshmallows. Mais je ne me souviens pas de mon retour ici. Je me souviens d'avoir parlé avec Eden, qu'il a sourit, puis de m'être allongé près du Frisé. Je secoue la tête. Non, ça ne colle définitivement pas. Je repousse doucement la couverture, ayant peur d'avoir un vertige si je bouge trop vite ou trop brusquement. Je sors prudemment de mon lit, et m'étire longuement. J'ouvre les rideaux - je ne me rappelle pas non plus les avoir fermés - et émet une plainte en plissant des yeux lorsque je suis agressé par la lumière du soleil. Il semble pas mal haut dans le ciel, et je fronce les sourcils en jetant un coup d'œil à mon réveil, constatant qu'il est 12h17. Je soupire longuement en me préparant à me faire tuer par mes parents, qui prêchent tout le temps l'efficacité d'un réveil tôt, même le samedi. Je fais un saut par la salle de bain attenante à ma chambre pour jeter un coup d'œil au miroir, et je suis surpris de constater que je n'ai pas une gueule de déterré, comme après chacun de mes retours de boîte. Je prends un peu de dentifrice sur le bout de mon doigt et l'étale sur ma langue, au cas où. Une fois cela fait, je descends les escaliers et me dirige discrètement vers la cuisine. Ma mère est en train de préparer le repas, avec un fond de musique pour combler le silence.
« - Hey, maman !, je lance d'un air qui se veut joyeux. »
Elle s'essuie les mains sur son tablier et se retourne, les posant aussitôt sur ses hanches. Je la vois froncer les sourcils. J'avais raison. Ma bonne humeur retombe aussitôt.
« - Sacha, tu as vu l'heure qu'il est ? Tu as passé ta nuit à jouer à tes stupides jeux vidéos, ou quoi ?, me réprimande t-elle.
- Pardon, je suis rentré tard du cinéma hier et j'étais fatigué...
- Tard ? Tu te fiches de moi ? Il était à peine 23 heures quand tu es venu nous dire bonsoir dans le salon ! »
23h ? Impossible. Je reste complètement perdu et elle retourne à sa tâche après avoir levé les yeux au ciel.
« - John est à son bureau, va lui dire bonjour. Et préviens le que le repas est bientôt prêt.
- Oui, maman. »
Je me glisse silencieusement à travers les couloirs, en direction du bureau. Je toque quelques coups à la porte et mon beau-père me cri d'entrer.
« - Je peux t'aider ?, il me regarde sans l'ombre d'un sourire.
- Oh, non, je passais juste te dire bonjour... Et ma mère m'a dit de te dire que le repas était presque prêt.
- Parfait, je finis ça et j'arrive. »
Il se remet à travailler comme si je n'étais déjà plus là alors je me dépêche de partir. Je remonte les escaliers quatre à quatre, retournant dans ma chambre. Je fronce les sourcils en remarquant un livre posé sur mon bureau, que je n'avais pas remarqué jusque là. Je m'en approche, et je fronce les sourcils. Peter Pan. C'est quoi, ce bordel ? Déjà, ma mère qui me dit être rentré à 23 heures alors que je me rappelle très bien avoir vu 3h48 quand j'ai regardé mon portable avant de m'allonger près de Jaymi, le fait que je sois à priori rentré seul, et maintenant ça. Je sens un mal de tête commencer à poindre, et me masse doucement les tempes avant d'aller me préparer. Si je redescendais dans mon état actuel, je me ferais sûrement assassiner.
*
Je jette un coup d'œil à mon portable. 2h37. Je me glisse discrètement hors de la maison, et attrape mon skate. Ce sera beaucoup plus rapide. Je glisse ma capuche sur ma tête et prends la route en direction de la forêt. Je mets à peine quinze minutes à arriver là-bas, mais je galère à retrouver le feu de camp. Lorsque j'arrive, il n'y a personne. Je pose mes fesses sur un tronc d'arbre, et j'attends.
J'attends.
4h15. Je décide de rentrer, une part de moi profondément déçue.
*
J'y retourne presque chaque soir, pendant 3 semaines, sans jamais retomber sur eux. Au lycée, Eden réussit à m'éviter constamment ou m'ignore totalement lorsqu'il ne peut pas m'échapper. Je ne peux pas non plus passer trop de temps à lui courir après, ou à courir après les autres, parce qu'on est pas du même rang et que mes amis n'apprécieraient pas de me voir traîner avec eux. C'est idiot, mais je tiens à ma réputation, et j'ai sincèrement peur de ce que les gens peuvent penser de moi. Quant aux autres, les seules fois où je les croise, ils se comportent comme s'ils ne me connaissaient pas. Je commence à croire que j'ai halluciné, que cette soirée n'a pas eue lieu. Et honnêtement, s'il n'y avait pas eu le livre sur mon bureau, j'aurais été convaincu par cette version des faits.
*
Un soir, alors que je rentre des cours à pieds parce que j'ai loupé mon bus, je remarque Eden de l'autre côté de la rue, qui semble attendre Dieu sait quoi. Décidant que c'était le bon moment pour avoir des explications, je le rejoins et me poste devant lui, les bras croisés contre ma poitrine. Il ne lève même pas le regard de son téléphone. Je souffle, et lance d'un ton plutôt froid.
« - Pourquoi tu m'ignores ? Pourquoi vous m'ignorez tous ? On est pas sensés être une « team », ou je sais pas ? Je sais bien que j'ai été là juste un soir, mais merde, quoi. Parfois, je me demande si tout ça s'est vraiment passé. Et en 3 semaines vous vous êtes pas retrouvés une seule fois, sérieusement ? »
Toujours aucune réaction.
« - Eden abruti Wesley, j'te cause. »
De nouveau, aucune réaction. Commençant à m'impatienter, je le bouscule un peu, lui lançant un « hey ! » énervé. Il relève aussitôt la tête vers moi, et ses prunelles vertes pâles semblent me transpercer de part en part. Je lève un sourcil de façon provocante, et il rebaisse la tête vers son téléphone.
« - Putain, Wesley, j'te jure que si tu me réponds pas, j'te frappe.
- J'vois même pas de quoi tu parles. Maintenant, dégage, me lance t-il d'un ton tellement froid que j'ai un petit mouvement de recul. Pourtant, je garde la face.
- Oh si, tu sais très bien. Peter Pan, La Plume, ta flûte. Tu sais parfaitement de quoi je veux parler. »
Sans que j'ai le temps de comprendre le pourquoi du comment, je me retrouve plaqué contre le mur derrière lui, alors qu'il me tient par le col, comme lors de la fin de la soirée.
« - T'oublies ce qu'il s'est passé, Hopkins, t'as compris ? T'oublies cette soirée. Tu nous oublies, et tu fais profil bas. »
Je le regarde, les yeux grands ouverts, surpris. Il est complètement taré. Il me relâche, et je baisse un bref instant la tête. Je la relève et pars sans lui adresser un mot de plus. Bien, j'oublierai tout, si c'est ce qu'il veut. Mais au fond, je me sens mal. J'avais l'impression de faire parti de leur groupe, cette fois là. Même s'ils sont étranges, que je les connais à peine, je pensais que... Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que j'espérais. M'être trouvé une bande d'amis différents des imbéciles superficiels que je fréquente d'habitude, sûrement. Mais au fond, j'en suis un aussi, un imbécile superficiel. Je n'ai pas ma place parmi eux. Je comprends ce que Aaron avait voulu dire par « Il n'est même pas comme nous ». Non, je ne suis pas un pseudo marginal qui me prend pour un garçon perdu. Et je n'en serai jamais un. Je ne fais pas parti des leurs.
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Sacha en média !
Je voulais vous remercier, 152 vues c'est énorme quoi, je suis super contente, je m'attendais pas à ce que ça monte comme ça. Le chapitre 5 sera sûrement posté mercredi. N'hésitez pas à voter et à commenter, ça me fait super plaisir !
- Wendy ✨
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lost boys [bxb]
JugendliteraturIls se plaisaient à s'appeler les Garçons Perdus. Pourtant, lorsqu'ils couraient à toute vitesse à travers la forêt, ils étaient tout sauf perdus. Ils m'ont fait découvrir ce que c'était d'être jeune. Ils m'ont fait découvrir ce que c'était réelleme...