Des cris stridents me sortirent de la torpeur. Je quittais les bras de Morphée pour rejoindre ceux de mes mouflets. En effet, ma "nouvelle" vie m'avait légué deux rejetons agités.
-" Papa, réveille toi, tu dois préparer le petit déjeuner. " ordonna l'un des enfants.
A coté de moi était allongé une femme rousse, la trentaine. Le teint pâle, le nez aquilin, la maigreur en évidence, elle n'était pas vraiment belle, comme disait la chanson "J'ai encore rêvé d'elle". Elle se réveilla et me fit un sourire.
-" Bonjour chéri" me dit-elle.
-" Euh... Bonjour. " balbutiai-je.
-" Tu as bien dormi ? " demanda t-elle.
-" Oui, si on veut. " répondis-je, soucieux.
-" Papa, réveille toi ! " exigea l'un des marmots.
-" Les enfants, laisser votre père se réveiller. " conseilla la femme.
Je me frottai les yeux. J'avais encore changé de vie.
- "On est ou, là ? " demandai-je.
-" Ben, à la maison. " répondit-elle.
J'avais déserté une somptueuse chambre à Cannes pour un dortoir miséreux et exigu. Les murs étaient sales, les couleurs fades, l'atmosphère sinistre. Ou étais-je ?
-" On est plus à Cannes ? " demandai-je.
-" A Cannes ??? Qu'est-ce que tu racontes ? "
Je me réveillai difficilement. Mes enfants étaient toujours là.
-" Papa, s'il te plait ! " demanda le petit.
-" Prépare le p'tit déj, je suis trop fatigué. J'ai envie de dormir un peu. " me demanda ma "femme".
Je regardai les chérubins. Leurs sourires étaient joyeux et entraînants. Aventureux et volontaire, je me résolus à la tâche. Je me retrouvai dans la cuisine à préparer un petit déjeuner pour deux enfants que je ne connaissais pas. Et qui étaient pourtant les miens.
-" Dites-moi les enfants, on est dans quel ville ? " demandais-je, curieux.
Les deux petits répondirent "Roubaix". Drôle de destination. J'avais abandonné le sud pour le nord.
-" Et il fait quoi dans la vie, papa ? " demandai-je.
D'après leurs dires, je travaillais comme ouvrier dans une usine de pneu, qui se situait à quelques mètres de la maison. J'étais passé des strass et paillettes aux roues et machines. "Du prince au crapaud" pensai-je. Sans vouloir offenser les ouvriers, la pochade n'était pas idyllique.
Après le petit déjeuner, je dus emmener les chérubins à l'école. Je rejoignais ensuite l'usine ou je travaillais. Il y avait une foule monstre. Des drapeaux rouges et des manifestants en colère garnirent l'entrée du bâtiment. Je sentis un mélange d'effervescence et de fureur. Le militantisme n'était pas mon fort, mais je fus happé par ce cortège.Je sortis du véhicule et m'engagea vers la foule. Un ouvrier s'avançait près de moi.
-" Salut Vincent" me dit le prolo.
Il était grand, barbu, imposant. Un travailleur de prestige.
-" Salut" répondis-je, embarrassé. Je ne connaissais pas le prénom de mon interlocuteur.
-" Ca va ? "
-" Oui, si on veut. Que se passe t-il ? " demandai-je.
-" Le patronat a prévu un plan de licenciement. "
VOUS LISEZ
1000 vies
FantasyVincent Vidal, modeste libraire, n'a pas de chances. Il vient de se faire larguer par sa petite amie et son père vient de mourir. De plus, la librairie qui l'embauche risque de mettre la clé à la porte. Un jour, Vincent se réveille dans un autre mo...