Chapitre 4

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-"Ah, j'ai compris ! " dit il.

-" Vous avez compris quoi ? " répondis-je, interloqué.

-" Vous travaillez votre jeu d'acteur ! Vous jouez la comédie pour pouvoir me duper !" affirma t-il.

Je n'en revenais pas. Il m'avait pris pour un histrion.

-" Je ne joue pas la comédie, je vous dis que je ne suis pas acteur et que je travaille dans le 19e !". braillai-je.

-" Bon, si vous le dites. " répondit-il.

Le groom refusa la chicane. La joute ne faisait pas parti de son patrimoine.

-" De toute façon, vous aurez bien du mal à retrouver votre travail. On est très loin de Paris. " affirma t-il.

-" On est ou ? " demandai-je.

-" A Cannes. C'est le festival. "

-" Je suis à Cannes ? "

-" Oui. "

- "Pour le festival ?"

-" Oui. Vous avez un film à présenter. Votre agent ne vous a pas appelé ? "

-" Non.." bredouillai-je.

Quelqu'un entra dans la chambre. La quarantaine, taille moyenne, cheveux et barbe grisonnants. Il semblait me connaitre.

-" Vincent ? Qu'est-ce que tu fais ? Tout le monde t'attend en bas. "

Je le regardai, circonspect.

-" Vous êtes qui ? " demandai-je.

-" Toi, t'as encore bu hier soir ! "répondit-il,amer et désappointé.

-" C'est votre agent. " me répondit le groom.

Je m'avançai vers mon agent, sérieux et obstiné. Je devais savoir.

-" Vous devez m'aider !" demandai-je.

-" Pourquoi tu me vouvoies ?" questionna t-il.

-" Ecoute... je ne suis pas celui que tu croies. Je m'appelle bien Vincent Vidal mais je ne suis pas comédien. Je suis libraire dans le 19e. Je dois absolument aller sur Paris. "

L'agent me dévisagea, avec un mélange de goguenardise et de dédain. Il me prit pour un fou, un aliéné.

-" Tu as pris quel drogue ? " demanda t-il.

Je le pris par le col, furieux et menaçant.

-" Ecoute moi bien, abruti, tu vas arrêter cette comédie et me conduire à la capitale. T'as compris ! " annonçai-je, excédé.

L'agent était toujours enfermé dans sa morgue et son arrogance. Il n'avait pas gouté à mon numéro de baroudeur.

-" Tu travailles ton jeu d'acteur ?" me demanda t-il.

-" C'est exactement ce que je lui demandais. " répondis le groom, victorieux.

Je lâchai l'agent et pris un couteau qui était posé sur le plateau du groom. Je menaçai de me trancher la gorge si on ne m'aidait pas. Mes interlocuteurs crurent encore à une blague, mais capitulèrent, curieusement.

Je me retrouvai au commissariat de Cannes. J'expliquai ma situation à un policier taciturne et peu avenant. Il me prit pour un fou et m'envoya dans une cellule, en guise de représailles.

Le local comprenait un sexagénaire hirsute, un drogué en mal de sensations fortes, un malabar black et une jeune anarchiste en manque de révolutions. Je complétais la distribution, désabusé et peu à l'aise.

Je taillai la bavette avec le jeune drogué. La sobriété n'était pas de mise, mais il accrédita mes dires. Il crut à mes bonnes paroles. La jeune punkette anar me dévisagea d'un air hautain. Les doigts d'honneurs et les gros mots étaient ses seules armes de prédilection. Je vis un cauchemar. Mon agent arrivait à ce moment là. Il me libéra pour que j'assiste à l'avant première du film.

Celle-ci fut luxueuse et discordante. Les crépitements des flashs se mêlaient sans harmonie aux brouhahas incessants. Les photographes hurlèrent mon nom. Je leur souriais et jouais le jeu, même si je n'étais pas dupe de ce manège.

J'assistai à la projection du film sans broncher. Le sujet du film était inintéressant au possible mais je rangeai mes défiances au placard. Je savourai mon jeu d'acteur que je trouvais juste et efficace. Je n'avais pas le talent de Marlon Brando mais un oscar n'était pas de refus.

Après la projection, une fête fut donnée dans une boite branchée. Même si je ne comprenais guère ma situation, je profitai largement de cette soirée. L'alcool et la drogue défilèrent. Une jeune femme m'accosta et se montra intéressée. Je buvais son sourire et savourais son parfum.

Nous prolongeâmes la soirée dans ma chambre d'hôtel. Nous dégustions une coupe de champagne. J'en profitai pour dévorer ses lèvres et découvrir son corps de reine. L'envie de transgresser l'un des sept péchés capitaux était plus fort que tout. Ce fut une nuit torride et sensuelle.

Mais le lendemain matin, je n'étais plus dans ma chambre. Encore.

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