Chapitre 10 : étrangement calme

132 12 5
                                    

Point de vue Calum

Après avoir raccompagné Alya chez elle, j'allais dans un petit bar à côté du lycée. Ils y font de merveilleux petits déjeuners. Je ressortis le livre qu'Alya m'a prêté, et replongea dans l'histoire.

Plusieurs fois, je retourna en arrière, convaincu que de tels propos n'ont jamais été dits. Je vous l'ai dit, on devient parano avec ce livre.

- Un café s'il vous plaît.

Je connaissais cette voix. Je me retournais doucement, et vit Maria, le gouvernante de la famille Hood depuis une vingtaine d'années.

- Bonjour, Maria, lui sourais-je.

-: Calum ! Que fais-tu ici ? Je me faisais du soucis pour toi, tu n'es pas rentré depuis la dispute avec ton père, dit-elle, les traits tirés.

- J'en avais pas envie, je suis désolé. Je ne voulais pas te faire peur, dis-je calmement.

- Je te considère comme mon propre fils, Calum. C'est normal que je m'inquiète, tu ne crois pas ?

- Si, excuse moi, dis-je, presque honteux.

- Où étais-tu ? Me demanda-t-elle.

- J'étais chez Manu ce week end et j'ai dormi à la belle étoile avec Alya cette nuit.

- Alya ? La fille dont parle ton père de temps à autre ?

- Oui, sûrement, dis-je.

- Qui est-ce ?

- Une amie.

- Mh...tu m'as l'air bien amoureux pour que ce soit qu'une amie, mon chéri, me dit-elle, amusée.

- Oh Maria je t'en prie, je la connais à peine !

- Mais tu es attachée à elle, je me trompe ?

Le pire dans tout ça, c'est qu'elle a raison, je tiens à Alya.

Point de vue Alya

Mon pressentiment n'était donc pas sans fondements. En rentrant, la maison était étrangement calme. Parce que mon père m'attendait dans ma chambre, sur mon lit, assis, les mains sur les genoux.

Quand je suis arrivée, son regard a changé, il est devenu plus malveillant que jamais. J'ai essayé de faire demi tour pour fuir, mais il m'avait déjà attrapé. Il m'a jeté en arrière, provoquant la rencontre entre l'arrière de mon crâne et le bord de mon lit.

J'étais déjà à moitié dans les vapes quand il a commencé à cogner. Heureusement, autrement j'aurais succombé sous la douleur je pense. Il n'y est pas allé de mains mortes cet enfoiré. Je haïssais Maxime et ce qu'il était devenu.

Plus jeune, alors que j'ignorais ce côté-là de lui, je le trouvais gentil. On s'amusait ensemble, on rigolait. Jusqu'au jour où je l'ai vu frappé ma mère.

Jusqu'au jour où j'ai compris, que c'était le diable incarné.

Point de vue Calum

Après ma discussion avec Maria, je me suis levé et suis parti en cours. Mes potes étaient là, comme d'habitude, sauf Josh.

- Salut les gars, dis-je.

- Yo, dit Jason.

- Tu peux pas arrêter avec tes « yo » Jas', ça devient chiant, déclara Marc.

- Excuse moi si Monsieur n'a pas d'humour, répliqua Jason.

- Oh les gars, calme, dit enfin Manu.

- Il est pas là Josh ? Demandais-je.

- Non, il a été en soirée hier, et tu le connais, il doit avoir la gueule de bois, dit Marc.

- Ouais, ça m'étonne pas, dis-je finalement.

Alors qu'ils continuaient de parler, j'étais de nouveau perdu dans mes pensées. Cela m'arrive bien trop souvent ces temps-ci, ça en devient presque énervant. Je cherchais Alya du regard mais je ne la vis nul part.

- Vous avez pas vu Aly par hasard ? Leur demandais-je.

- Aly ? Depuis quand tu l'appelles comme ça ? Me questionna Manu.

- Vous l'avez vu oui ou non ? Dis-je, un soupçon de colère dans la voix.

- Non, elle est pas là. Faut te calmer Cal, on te reconnaît plus en ce moment, fit remarquer Marc.

- Mh.

Où est-elle ? Elle avait l'air en pleine forme ce matin, non de Dieu. Bon d'accord, je crois pas en Dieu. Rho, et puis merde. J'allumais de nouveau une clope, essayant de me calmer, mais rien n'y fait. J'avais réussi à m'inquiéter.

Et merde, pensais-je.

*Ellipse de deux jours, nous sommes donc le vendredi*

Deux jours, deux putains de jours qu'Alya n'est pas venu en cours. Je suis allé chez elle, j'ai toqué, mais je suis tombé sur son père qui m'a dit qu'elle était malade et que je ne devais pas la déranger.

Putain.

Ma patience a des limites et j'étais bientôt sur le point de péter un câble.

Point de vue Alya

En me réveillant, j'avais mal partout. J'avais l'impression d'être passée sous un tracteur, des dizaines et des dizaines de fois. Je n'ose même pas me regarder dans un miroir. En me levant, j'ai vérifié qu'il était parti. Puis, je suis allée dans la salle de bain. Je pris des antidouleurs et de la crème.

Je m'en mis surtout sur le ventre, les côtes et les reins. Qu'est-ce que ça peut faire mal, non d'un chien.

Après cette douce torture, je n'avais aucune envie de rester ici. Je suis donc partie me doucher, m'habiller, me maquiller un peu pour cacher les marques, et partie. Je savais exactement où je voulais aller, et pour cela, il me fallait une idée, un plan. Je pouvais pas simplement y aller, sans réfléchir.

Point de vue Calum

J'avais fait le tour des bistros, restaurants et centres commerciaux de la ville, et la nuit commençait à tomber, donc je suis rentré chez moi. Cela fait depuis la disparition d'Alya que je suis retourné chez moi. J'évite mon père un maximum, et l'ignore quand il daigne m'adresser la parole.Mon frère lui, toujours aussi arrogant, il me cherche sans arrêt. Mais j'essaie de rester calme, pour ne pas lui montrer à quel point il peut m'énerver.

J'ai vraiment peur pour Alya, j'ai l'impression de la perdre. Et j'ai beau me dire que ce n'est rien, qu'après tout, nous ne nous connaissons pas, je ne cesse de prier pour qu'elle me revienne. Je ne dirais pas que je suis amoureux, puisque je n'ai jamais connu l'amour de ma vie, mais j'imagine que mes sentiments s'en rapprochent fortement.

Alya, Alya, où es-tu ?

N'ayant plus d'idées, je décida d'aller me poser dans mon endroit favori. J'y alla d'un pas décidé, mais je fus obligé de m'arrêter. Elle était là, posée sur un rocher, non loin de moi. Mais elle ne peut pas me voir, elle me tourne le dos. Je sais que c'est elle, mais comment est-elle rentrée ?

Peu importe, elle est là, en vie. Je m'approche d'elle doucement, pour ne pas lui faire peur, ou la faire sursauter. Une fois derrière elle, je me figea. Elle dessinait.

Elle me dessinait.

Don't leave me.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant