Chapitre 11 : Blessures

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Point de vue Alya

J'avais finalement opté pour le jardin de Calum. Je savais que ce ne serait pas évident de m'y rendre, mais une fois décidée, rien ne m'arrête vraiment. Une fois arrivée, je m'étais posée sur un rocher, feuille et crayon à la main.

J'entrepris de dessiner le paysage mais je n'avais pas assez de luminosité pour le faire. Alors je me mis à le dessiner, lui. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. Et j'ai beau me dire que les sentiments n'existent pas, je pense à lui. Et si je pense à lui, cela ne peut pas être anodin.

J'ai horreur quand mon esprit divague à ce point. J'ai l'impression de devenir folle tout en étant consciente de ce changement. C'est assez perturbant. Alors je me concentrais de nouveau sur ce que je sais faire de mieux : noircir une feuille blanche. Je l'imaginais point après point, ses cheveux encadrant son visage, son bonnet délicatement posé, ses lèvres fines, son sourire en coin, ses tatouages dans le cou, et je laissais libre cours à mon imagination.

J'entendais des craquements de branches au loin mais je n'y prêta pas attention, je ne voulais qu'une chose : dessiner encore.

Puis, je sentis une présence derrière moi, quand j'entendis :

«Je n'avais jamais remarqué mon grain de beauté sur la joue.»

Calum.

J'étais d'un côté heureuse qu'il soit là, parce que je voulais le voir, indirectement. Mais j'avais aussi peur, peur qu'il remarque l'état de mon visage.

Il s'assit non loin de moi, sur le côté. Heureusement, il avait choisit le bon, celui où mes bleus sont très peu voyants.

- Pourtant, il existe, dis-je, en faisant référence à son grain de beauté.

- Tu dessines particulièrement bien, Alya.

- Merci, dis-je.

Ne va-t-il donc pas me demander pourquoi j'ai disparu ?

- Si tu as besoin de mes notes, pour les cours, n'hésite pas.

- Je veux bien. Qu'avez-vous étudiés en philosophie ? Demandais-je.

- La mort.

- Intéressant, dis-je calmement.

- Tu trouves ? Me demanda-t-il.

- Bien sûr. Pas toi ?

- Pas vraiment.

- Ce qui se passe après ne t'intéresse pas ? Lui demandais-je, intriguée.

- J'en ai surtout peur.

- Tout le monde en a peur, j'imagine, dis-je, la voix tremblante.

Pitié qu'il ne remarque rien.

- Peut-être, oui.

- De quoi as-tu peur ? Le questionnais-je.

- De ne plus pouvoir penser.

- Justement, ça ne devrait pas t'effrayer. Si tu ne penses plus, tu ne remarques ni que tu es mort, ni si ton corps souffre, lui fis-je remarqué.

- C'est une façon de le concevoir, effectivement.

Après cela, aucun de nous deux ne prit la parole. Il regardait mes mains, dessinés trait pour trait son visage, et je me concentrais sur l'épaisseur de ceux-ci. Pourtant, des dizaines de questions me torturaient l'esprit. Pourquoi ne dit-il rien ? N'en a-t-il que faire que je disparaisse ? Suis-je si invisible ?

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 11, 2016 ⏰

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