les livres III

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Un livre,  celui où plonger ma vie,  une vie si triste, autant qu'un grain de sable balayé par le vent,  si seul.

Un livre où je peux lire sans cesse , lire des histoires extraordinaires ,  des contes de fées imaginaires,  la mer et ses vagues tristesses, de l'amour, de plus, en faut il?

Un livre pour s'exprimer,  s'expliquer et même crier sans relâche,  jeter le poids si lourd que mon coeur traîne jusqu'à la chute,  bien que cela prenne du temps,  tellement de temps...

Un livre paisible pour se reposer,  vivre sans survivre,  se faire plaisir avec la moindre parcelle d'une vérité criarde, une larme pour l'océan du passé et un hurlement pour le mensonge de tes trahisons.

Un livre pour écrire,  écrire si longuement que l'on se perd dans ces petites boucles,  si liées,  si tordues selon l'humeur du lecteur,  qu'elles glissent sur la feuille béante du désespoir.
Une histoire pleine de mélancolie,  si intense qu'elle remplie les creux dans ma vie, jusqu'à ce que je me debatte dans un lac de glaçons,  si grand et pénétrant que les montagnes elles même ne sont que des insectes sous leur puissance.

Un livre pour se confier,  se trahir par le moindre son d'une aiguille qui me fait comprendre que le liquide visqueux du bonheur s'écoule à petits pas attendant mon trépas afin que je puisse enfin regarder la vie sous un autre angle.
Là, je me rends compte que mon livre est resté en bas, si bas que même mon bras ne l'attrapera pas.
J'ai beau penser, en rêver, mais j'ai mal, aussi mal que cette île de solitude au milieu d'un lagon impénétrable recouvert de cette brume si épaisse que je n'y vois qu'une chose,  le noir époustouflant.

Un livre accessible,  pour pouvoir le retrouver quand ma tête,  si maladroite,  perd ma conscience dans le coin sinueux d'une enveloppe désignée à ma prochaine vie.
Je pourrais ainsi facilement montrer du doigt ce fameux bouquin accusateur.

Un livre,  tel un secret enfouit,  pour que jamais un intrus ne s'y glisse pour voler mes rares moments de bonheur passés à recopier mes fichus sentiments si inintéressants, qu'ils se sont irrémédiablement effacés sous le poids de mes injures si lourdes.

Un livre où je peux habiter, un endroit d'éternité où me réfugier pour ne plus gêner la chaîne infinie de l'ennui.
Un jour, j'en sortirais des lignes maudites de ce roman puant, endormie par mon futur récit,  et j'y trouverais le monde changé,  où les livres ne sont plus que vermines dans cette vague immense de méchanceté.
Alors ce jour là,  je prendrais mon bien le plus précieux par la main en lui racontant un autre de mes sentiments inexistants au creux de son marque page itinérant.....

Alléchantes les contraintes de cet amant de l'inconscient virevoltant ...

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- Textes par Morgane mimi -

Réflexion quand tu surviensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant