La guerre

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Charles rentrait de plus en plus ivre chaque soir. Je n'avais pas de travail alors je m'occupais tant bien que mal de notre intérieur et me pris de passion pour la décoration. Charles exécrait cela bien entendu et me maltraitait dès qu'un meuble changeait de place. Ce que je fis de moins en moins. Je m'octroyais quelques plaisirs en changeant le papier peint défraichis de certaines chambres. Je me rendis donc pendant plusieurs jours dans des villes voisines pour acheter les meilleurs articles possibles et surtout pour entretenir l'idée qu'il me serait possible de revoir le Docteur Cullen. Il avait déménagé dans une ville assez proche il y a quelques années de cela et je voulais secrètement enquêter pour savoir où il habitait désormais. Je fis chou blanc. Je changeai plusieurs fois de villes et quand je rentrai de mes expéditions, Charles m'attendais à la maison, fouet à la main. Je ne pouvais plus supporter ma vie. Je la voyais dépérir d'heure en heure.

Jusqu'au jour où le 6 avril 1917, le président Wilson annonça que les américain entraient en guerre. Charles se prépara alors à partir en l'Europe pour la Première Guerre Mondiale. Je fus soulagé à un tel point qu'au moment des adieux, des larmes de joie perlèrent à mes yeux, mais mes parents- qui étaient venus pour le soutenir- et Charles crurent que c'était de tristesse.

J'aurais vécu paisiblement pendant au moins deux ans. Je retapai entièrement la maison. Faisait des promenades en forets et en montagnes. Essayait maintes et maintes fois de revoir le Dr Cullen mais sans succès. Il n'était plus qu'un songe à présent, un fantôme. J'espérais toujours l'apercevoir au loin se rendant à son travail, pour voir comment il avait changé. Je priai secrètement chaque soir que Charles ne revienne jamais de la guerre pour que je puisse continuer à vivre aussi paisiblement. Je commençai à donner des cours particulier à quelque élève en ville, puis acceptais un poste d'institutrice en remplacement. La vie m'avait enfin souris. La roue avait tourné et je me sentais bien mieux, malgré la menace de son proche retour. Il m'écrivait des lettres pour me tenir au courant de l'évolution de la guerre. Puis pendant deux mois, je ne reçus plus rien, j'étais folle de joie croyant que cela était un signe et qu'il était mort. Mais non. Charles avait décidé d'arrêter d'écrire puisque la guerre était presque terminée. En effet il fut bientôt là.

Les Cullen Tome II EsméOù les histoires vivent. Découvrez maintenant