Chapitre 5

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La jeune fille s'éveilla en même temps que les premiers rayons du soleil. Elle étira son corps tout courbaturé et soupira de mécontentement. La journée s'annonçait d'être éprouvante. Avec lenteur, elle se redressa en position assise et scruta le paysage qui l'entourait à la recherche du moindre danger. Marie ne remarqua rien de suspect, comme elle s'y attendait, et entreprit donc de sortir sa miche de pain de sa sacoche afin de déjeuner, quand le bruit d'un éboulement se fit entendre à quelques mètres d'elle dans son dos. La demoiselle sentit ses cheveux se dresser sur sa tête et n'osa plus esquisser un geste, tétanisée des pieds à la tête. Son souffle s'était bloqué dans sa gorge et ses doigts restaient agrippés à la lanière de sa besace sans oser la lâcher. Un feulement indigné se fit alors entendre et ce dernier dérida la jeune fille. Elle devait absolument prendre ses jambes à son cou. Pourtant, c'était plus facile à dire qu'à faire. Son corps ne lui obéissait plus. Mue par son instinct, Marie se mit debout sur ses jambes et jeta un coup d'œil furtif par delà le muret qui lui servait d'abris. Ce qu'elle vit alors la surprit. Un petit animal d'une espèce inconnue essayait tant bien que mal de dégager sa queue touffue, coincée sous un amas de pierres. Attendrie par la pauvre bête, la sorcière s'approcha à pas feutrés de cette dernière et tendit la main pour l'aider à se dépêtrer mais l'animal se retourna vivement et grogna à son encontre. Marie dirigea un flot de magie apaisante vers ce dernier qui se calma instantanément, laissant le champ libre à la jeune fille pour le délivrer. Avec d'infinies précautions, la demoiselle enleva les pierres qui s'étaient écroulées sur la pauvre bête et la libéra. Marie recula de quelques pas avant de refouler sa magie pour laisser l'animal s'enfuir et le relâcher de son emprise. Contre toute attente, la petite boule de poils tourna ses grands yeux scintillants vers la jeune fille et vint se blottir contre ses jambes en ronronnant. Marie n'osa plus esquisser un geste, de peur de le faire fuir. Elle en profita pour l'observer. Il avait une petite tête ronde et moustachue comme celle d'un chat et ses yeux scintillaient comme deux lampions dans la pénombre du matin. Son corps frêle faisait penser à celui d'une belette, sa queue toute aplatie s'apparentait à celle d'un castor, outre les poils qui l'ornaient et ses pattes, en plus d'être griffues, se composaient de fines palmes. Marie contemplait son premier monstre, qui n'en était pas vraiment un. N'y tenant plus, elle fourra ses doigts dans le pelage duveteux de la créature et ils s'y enfuirent. Tout d'un coup, une idée effleura l'esprit de la jolie brune. Si cet animal avait des palmes, il devait y avoir de l'eau quelque part. Bien décidée à la trouver, elle se redressa et enjamba la créature qui se trouvait toujours collée à sa jambe. Cette dernière la suivie alors qu'elle s'éloignait. La jeune fille sourit à sa vue.

- Pourrais-tu me conduire au point d'eau ? lui demanda-t-elle de sa voix de velours.

La créature émit une adorable plainte et bondit en avant, après s'être assuré que la sorcière ne l'avait pas perdue de vue. Marie courait derrière son guide et tourna dans plusieurs ruelles, toutes aussi dévastées les unes que les autres, jusqu'à se retrouver sur une place gigantesque, au centre de laquelle se dressait une petite fontaine ornée de lierre et de rosiers. La demoiselle s'en approcha et s'attendit à trouver une eau verte et polluée, aussi fut-elle étonnée de voir son reflet se dessiner à la surface miroitante du bassin. Une eau claire et pure s'écoulait de la petite fontaine, pour la plus grande joie de Marie. Sans plus tarder, elle y engouffra sa gourde et la remplie avant de la porter à ses lèvres avec frénésie. Le petit animal sauta prestement sur le rebord en pierre et s'y assit, attendant patiemment que la jeune fille ait terminé de se rafraîchir. La sorcière posa une main sur le crâne du monstre et ébouriffa sa fourrure soyeuse. Elle avait enfin trouvé de la compagnie parmi cette immensité déserte et ce petit animal, connaissant bien Vasirion, pourrait lui être d'une grande aide dans sa quête.

- Il va falloir que je te trouve un nom si tu comptes rester avec moi, dit-elle à l'adresse de son compagnon de fortune. Pourquoi pas Skyoh ?

Le petit animal se pressa contre la main de Marie en entendant ce nom et la jeune fille sut qu'il l'avait adopté. Radieuse, elle caressa encore une fois le dos de la créature avant de se remettre en marche, Skyoh la suivant comme son ombre, pour son plus grand bonheur.


Skiron, la pierre du destin.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant